24/08/2010

Olivia Chouquet chargée de communication de l'ONG nous répond

Le Secours Islamique a-t-il aussi du mal à mobiliser pour le Pakistan ?

Par StreetPress

Pour le Pakistan les ONG manquent de dons à cause de la mauvaise image du pays. Le Secours Islamique France n'a pas ce problème. Parce qu'ils sont présents dans le pays depuis longtemps plus que grâce à la solidarité religieuse expliquent-ils.

Les ONG en France se sont plaintes du manque d’engagement pour le Pakistan. Est-ce quelque chose que vous avez aussi ressenti ?

On s’étonne que la communauté internationale ne se mobilise pas plus mais nous avons eu le même engouement de la part de nos donateurs aussi bien pour Haïti que pour le Pakistan. On agit dans plus d’une trentaine de pays dans le monde dont le Pakistan, où nous sommes basés depuis un certain nombre d’années à travers des partenaires locaux. C’est donc un terrain que nous connaissons bien.

Pensez-vous que la solidarité religieuse joue ?

On ne la fait pas jouer. Nous sommes une ONG non-confessionnelle et notre communication n’est pas axée sur la religion. Nous avons des encarts publicitaires dans des médias majoritairement communautaires comme SalamNews par exemple qui ont une oreille attentive vis-à-vis de nous, mais également dans Le Monde Diplomatique. Nous sommes certes basés sur les valeurs de l’Islam mais nous ne sommes pas du tout dans une démarche ni de prosélytisme ni de communautarisme. Cette campagne – la première en son genre – nous donne la possibilité de toucher un public plus large. On œuvre depuis plus de vingt ans en France, mais on s’est rendu compte que les gens ne nous connaissent pas ou peu.

Cette campagne de pub, vous l’avez lancée au même moment que les inondations. Il y a un lien ?

Pas du tout. Elle a été prévue bien avant que la catastrophe ne se déclare au Pakistan. C’est une campagne institutionnelle, de visibilité, pour mieux se faire connaître du grand public. C’est la régie publicitaire de la RATP qui nous a proposé cette période. Mais à aucun moment cela n’a été lié au Pakistan. C’est juste le fruit d’un hasard. Il n’y a pas eu de volonté de notre part de s’en servir pour récolter des dons.

Quelle a été le bilan de cette campagne ?

C’est majoritairement la communauté musulmane qui agit par des dons financiers, matériels… Mais c’est un public déjà acquis. La campagne n’a donc pas entraîné une augmentation des dons. L’objectif n’était vraiment pas dans la rentabilité mais de se faire connaître.

Allez-vous renouveler l’expérience ?

On espère pouvoir la réitérer de manière plus ponctuelle et plus ciblée avec une thématique de campagne donnée ou sur un appel au don.

Secours Islamique France – Ze Story

Fondé en 1991 en France, Secours Islamique France est une ONG de solidarité internationale à vocation sociale et humanitaire s’inspirant des valeurs de l’Islam. Elle est présente dans près de 30 pays et ses principales missions touchent la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène et l’enfance.
Elle est membre de l’Islamic Relief Worldwide, fondée en 1984 au Royaume Uni et membre consultatif au conseil économique et social des Nations Unies.

Le Pakistan mobilise peu

Les inondations survenues à la suite des pluies diluviennes au Pakistan dépassent par leur ampleur le tsunami de 2004 en Asie. Avec près de 20 millions de personnes et un cinquième du territoire touchés, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré qu’il s’agissait « du pire désastre naturel » qu’il ait jamais vu.

Cependant les agences d’aide ont peiné à rassembler l’argent nécessaire. Le pape Benoît XVI a prié la communauté internationale d’apporter un « soutien concret » au pays.

La mauvaise image du Pakistan dans l’opinion publique occidentale explique la tiédeur des dons qui avaient pourtant été très importants lors du tremblement de terre à Haïti. «Les sinistrés sont des mères, des enfants, mais dans le passé, les informations relatives au Pakistan étaient toujours liées aux talibans ou au terrorisme», a déclaré Mélanie Brooks, porte-parole de l’ONG CARE International à Genève.

Source: Leila Yaker | StreetPress