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    04/03/2011

    Tu préfères le Mrap ou SOS Racisme ?

    Cheveux gris, blondes liftées et réformateurs libéraux: On était au débat de l'UMP organisé pour Eric Zemmour

    Par Maud de Bourqueney

    Loi Gayssot, Mai 68, associations anti-racistes … Zemmour a sorti son flingue au débat « Les normes vont-elles tuer les libertés des Français ? De l'air ! » organisé par l'UMP. Devant une salle acquise, le Z a exposé ses contradictions.

    Mercredi 17h30 – Salle Victor Hugo de l’Assemblée Nationale. Cris, explosion d’applaudissements, flashs … Eric Zemmour est accueilli comme une superstar chez les costards-cravates de l’UMP, option Réformateurs libéraux. Fraîchement condamné pour incitation à la haine raciale, il est l’invité d’honneur d’Hervé Novelli, chef de fil des libéraux, dans un débat qui n’en est pas un : « Les normes vont-elles tuer les libertés des Français ? De l’air ! ». Vous ne rêvez pas, la réponse bel et bien est bien accolée à question.

    Tribune politique Les clones figés aux cheveux gris et leurs blondes liftées en fourrure Hermès jubilent. Zemmour, devenu pourfendeur du politiquement-correct et de la bien-pensance, va confirmer ce qu’ils sont venus entendre: il y a trop de normes – normes fiscales autant que normes morales. Trop de lois et trop de tabous…

    Enfin non, pas tout de suite, il faudra attendre. Jean-François Copé s’incruste à la place de Zemmour et fait la promo du parti présidentiel. Tout le monde s’en fout mais on est poli à l’UMP. Jusqu’à la bonne tranche de rigolade et d’applaudissement quand Copé dit se réjouir qu‘« Eric » le journaliste si acerbe, passe pour une fois de l’autre côté du miroir: Celui de la tribune politique et des justifications.

    Mai 68 Les justifications attendront: Une fois installé à la tribune, Zemmour est assailli par les photographes. L’assemblée s’énerve : « C’est inadmissible, tout ça ! » peste un homme dégarni au manteau marron, assis devant moi. La popularité de Zemmour ne les gêne pas quand il s’agit de ramener du monde – au moins 300 personnes n’ont pas pu entrer dans la salle.

    Silence… ça y est, la bête est lancée. Dans un style étudié, Zemmour défend la liberté d’expression absolue dans ce qui sonne comme un plaidoyer personnel. Il en appelle aux plus grands : Gambetta, Ferry, De Gaulle, symboles de « la République française qui a très bien vécu sans normes ». Le grand coupable du  trop-plein de normes actuel ? L’extrême-gauche qui aurait compensé son échec de mai 68 « en endoctrinant l’école et les médias »  et en imposant une « religion » de valeurs dont toutes « déviance signifie sacrilège ».

    - Tu connais la blague du parti politique qui invite un homme condamné pour injures raciales?

    Loi Gayssot Le point de départ selon lui: la loi Gayssot de 1990 qui fait du négationnisme un délit. Depuis on aurait assisté à une « pénalisation croissante des opinions » et les magistrats seraient « inféodés au politiquement correct ». Selon lui, toutes les lois mémorielles, antiracistes ou contre les discriminations sont à jeter.

    Cibles de Zemmour : les associations antiracistes, féministes, d’handicapés. « Aujourd’hui, tout le monde se sent victime » s’impatiente-t-il. Selon lui, il faudrait leur supprimer « le droit de porter des actions au pénal » (Pour rappel: Zemmour s’est fait poursuivre en justice par SOS racisme, la LICRA et le MRAP), et pourquoi pas supprimer leurs subventions: « Cela ferait faire des économies considérables à l’Etat » se gaussent Zemmour et la salle de cheveux gris.

    La norme c’est l’autre Faire taire les associations : pas très démocratique non, M. Zemmour ? Autre paradoxe, le chroniqueur du Figaro se définit comme la victime d’une « une corrida médiatique et judiciaire » mais s’agace en même temps de cette société qui se victimise en permanence. Comme l’a si bien expliqué Eric Albert, modérateur du débat et psychiatre : « La norme, c’est l’autre. (…) C’est les autres qu’il faut normer pour se protéger soi ».

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