En ce moment

    10/03/2011

    Ouverture du procès de l'incendie du boulevard Auriol

    Par Samba Doucouré

    Mercredi 9 mars s'ouvrait la première journée du procès de l'incendie du boulevard Auriol, qui avait fait 17 morts, dont 14 enfants en août 2005. La Freha, organisme chargé de la rénovation, était sur le banc des accusés.

    L’audience démarre à 9h15 à la 14e chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris. Vingt minutes avant le début les journalistes sont déjà nombreux. Les caméras de TF1, France Television, BFMtv et iTélé sont braquées sur Tapa Kanouté, porte-parole des familles. Il sera libéré par l’arrivée d’une dizaine de membres de la Brigade Anti Négrophobie sur qui les journalistes se ruent. Les familles victimes de l’incendie ne sont pas encore là et l’on recherche des témoignages.

    Briquet et feuille de papier

    Durant 2h, le juge va rappeler dans les détails les éléments du dossier et notamment le rapport de l’enquête qui sera lu à deux reprises. Les résultats sont formels: l’incendie est d’origine humaine, volontaire et criminelle. Selon les enquêteurs, le foyer initial du feu était sous la cage d’escalier où six poussettes pour enfant ont pris feu probablement à l’aide d’un briquet et d’une feuille de papier. L’escalier en colimaçon a fait office de cheminée pour l’ascension de gaz chauds. Les portes de palier ouvertes aux 3e et 5e étages ont conduit à l’embrasement total de l’escalier en une poignée de minutes. L’un des appartements du 5e étage était exclusivement habité par des enfants. On avait accordé deux logements à cette famille nombreuse, l’un au 3e, le second au 5e.

    div(border). h4>Tapa Kanouté, porte-parole « Plutôt qu’une relecture des rapports que l’on connaissaient déjà, nous aurions préféré pouvoir prendre la parole et poser nos questions. Pourquoi une personne qui a été cité à plusieurs reprises et qui pourrait s’apparenter à l’auteur de l’incendie n’a même pas été prévenue ? Pourquoi la Préfecture de Paris n’est pas présente à l’audience ? Elle avait estimé que l’état de l’immeuble était préoccupant mais n’a pas émis d’arrêt de mise en péril. Pourtant après l’incendie elle a émis ce même arrêt. C’est du je m’en foutisme ! Je n’attends plus grand-chose de ce procès mais cela ne devrait pas se terminer par une relaxe. »

    Peinture au plomb

    Le rapport démontre que l’immeuble avait de nombreuses non-conformités, la principale étant le revêtement des murs en contreplaqué. Installé par la Freha – une association membre de la fédération Emmaüs chargée de la gestion de l’immeuble – afin d’empêcher les enfants d’ingérer de la peinture au plomb, ce revêtement mural a été le principal conducteur de l’incendie. Les experts estiment que sans ce contreplaqué, le feu se serait cantonné à son foyer initial, c’est-à-dire sous la cage d’escalier. Ils ont écarté les hypothèses d’un accident domestique, d’une installation électrique qui aurait pris feu ou d’un mégot mal éteint après différentes simulations.

    D’autres éléments viennent corroborer la thèse de l’incendie criminel, notamment le témoignage d’un des jeunes venus au secours des habitants de l’immeuble. L’unique porte d’entrée du bâtiment a été bloquée alors qu’elle était d’habitude constamment ouverte. L’audience a repris aujourd’hui à 14h30 pour entendre les plaidoiries des avocats.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER