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    11/05/2012

    La direction veut leur imposer un avenant à leur contrat de travail

    MK2 : les projectionnistes en grève aujourd'hui

    Par Rozenn Le Carboulec

    Vous aviez prévu un après-m' ciné aujourd'hui ? Oubliez les salles MK2 : sur les 12 cinés de Paris, 9 sont touchés par une grève des projectionnistes. Sur StreetPress, ils expliquent qu'ils n'ont pas été embauchés « pour l'accueil

    Depuis des semaines, vous prévoyez d’aller voir le nouveau Tim Burton au ciné ? Votre seul jour de dispo, c’est aujourd’hui ? Prudence : si vous avez choisi un MK2, votre séance pourrait bien ne jamais avoir lieu. Parce qu’aujourd’hui, c’est certes le jour où vous rêvez d’embrasser Johnny Depp mais c’est aussi (et surtout) jour de grève des projectionnistes à MK2, jusqu’à minuit et demi.

    Couteau sous la gorge Pourquoi ? Les employés des MK2 expliquent en colère que la direction veut faire passer en force un avenant à leur contrat de travail. « Ils veulent nous rendre multi polyvalents. Ce contrat stipule qu’on peut faire 35 h d’accueil et qu’on peut être viré si on ne signe pas », dénonce Antonin, employé à Nation. « Alors qu’on a la programmation à faire, le choix des premières parties, les distributeurs à rappeler… »

    La mutation de la profession de projectionniste n’est pas nouvelle. Depuis le passage à la numérisation, leurs fonctions ont été largement modifiées : ils s’occupent désormais de l’accueil, de la vente et passent de moins en moins de temps en cabine. Mécontents, ils avaient négocié il y a six mois un accord tacite avec la direction qui leur avait permis de conserver leur présence en cabine. Mais il y a trois semaines, celle-ci a fait marche arrière et demande aux salariés de signer un avenant à leur contrat, les obligeant à passer encore davantage de temps à l’accueil.

    « On nous a mis le couteau sous la gorge, et en plus dans des conditions illégales », fustige à son tour Tristan, employé du MK2 Quai de Loire. Pour Antonin, « ils sont passés outre le comité d’entreprise. » Ce dernier, consulté une première fois, estimait de pas avoir tous les documents nécessaires pour se prononcer.

    Salaire trop bas Cette grève, c’est aussi l’occasion pour Antonin de protester contre l’ensemble de leurs conditions de travail. En premier lieu, les réductions de postes et le salaire à l’embauche, qui serait bien inférieur à celui pratiqué par la concurrence. Récemment revalorisé à hauteur de 10 euros de l’heure, « il est l’un des plus bas dans les gros groupes », dénonce Tristan. Ce dernier craint pour le statut des salariés : « à terme, le but des exploitants c’est de se retrouver avec seulement un employé et un agent de sécurité. »

    Pour éviter d’en arriver là, les opérateurs veulent un statut clair, négocié dans les règles. « Il faut engager un plan d’études par rapport aux mutations dans notre boulot, ça ne peut pas se faire à l’appréciation de l’employeur », demande Boubakar.

    Licenciements Pour se faire entendre, les projectionnistes appellent donc à se mobiliser aujourd’hui depuis 10 h, Quai de Loire. Hier, le directeur du ciné ignorait encore ce qui se préparait sous son nez.

    « Je sais uniquement qu’ils ont prévu de faire grève, mais je ne sais pas pour quelles raisons. J’imagine que c’est comme d’habitude par rapport à l’emploi, mais je ne comprends pas, car il n’y a aucun licenciement de prévu. »

    Et pour éviter de se faire licencier, justement, une dizaine d’opérateurs prévoient d’envoyer lundi leur refus de l’avenant. Et ce n’est pas un hasard s’ils choisissent de le faire en même temps : « légalement, à partir de dix refus, l’entreprise est obligée d’engager un plan social. Ils ne pourront plus se contenter de licenciements isolés, comme ils comptaient le faire. »

    Si leurs revendications ne sont pas prises en considération, les employés des MK2 prévoient déjà une prochaine opération coup de poing. Faire grève le jour de la sortie en salles de Sur la Route, un film produit et distribué par MK2. Date qui tombe le 23 mai, en plein Festival de Cannes.

    Les prénoms des grévistes ont été modifiés

    légalement, à partir de dix refus, l’entreprise est obligée d’engager un plan social.

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