En ce moment

    05/10/2010

    L'histoire du jour : La fondation franco-japonaise Sasakawa perd un procès mais crie victoire

    Par Johan Weisz

    L'histoire débute en décembre 2008 quand 60 universitaires s'alarment d'un colloque parrainé par la Fondation Sasakawa, du nom d'un "criminel de guerre" japonais, écrivent-ils.

    Le casting

    A ma droite : la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa. A ma gauche, Karoline Postel-Vinay, directrice de recherche au Ceri, spécialiste de l’épistémologie des relations internationales et du contentieux Japon-Chine.

    Le genre

    Un bon film de Yakuzas

    Le décor

    La 17e chambre de la presse du tribunal de Paris

    L’intrigue

    Scène 1 Décembre 2008 : le coup de gueule de KPV et de 60 universitaires

    Karoline Postel-Vinay alerte ses collègues à quelques jours d’un colloque sur l’histoire des relations franco-japonaises parrainné par la Fondation Sasakawa. Elle envoie un mail « Sasakawa, un criminel de guerre pour célébrer 150 ans de diplomatie franco-japonaise ? » . Avec une soixantaine d’autres universitaires japonologues et sinologues, elle demande au ministère français des affaires étrangères de retirer son parrainage du colloque. Il est vrai que la biographie de Ryoichi Sasakawa est sans appel : entre mafia et extrême droite nipponne celui qui aimait se faire appeler « le fasciste le plus riche du monde », selon le magazine américain Time , pèsent aussi sur l’homme de lourds soupçons de crimes de guerre.

    Scène 2 Mars 2009 : la plainte de la Fondation Sasakawa

    Karine Postel-Vinay est assignée, à la demande de la Fondation franco-japonaise Sasakawa, pour diffamation. La fondation réclame 15.000 euros à la chercheuse. Le procès se tiendra en juin 2010.

    Scène 3 22 septembre 2010 : la fondation condamnée

    Verdict : la Fondation Sasakawa, qui avait porté plainte, est condamnée aux dépens à verser 5.000 euros à Karoline Postel-Vinay.

    Scène 4 22 septembre : coup de théâtre, la fondation crie victoire

    Dans un communiqué de presse qui paraît le même jour, la Fondation Sasakawa se félicite : « les allégations de Mme Karoline Postel-Vinay jugées diffamatoires », titre le communiqué, qui poursuit : « Le Tribunal a reconnu le caractère diffamatoire de trois des cinq allégations de Madame Karoline Postel-Vinay ».

    Karoline Postel-Vinay réplique à la Fondation qui publie son courrier sur son site, mais maintient ses positions dans un courrier mis en ligne 2 jours plus tard.

    Secrets de tournage

    Dans son jugement, la 17e chambre a estimé que les auteurs des propos
    litigieux « avaient suffisament d’éléments pour évoquer “le nom d’un criminel
    de guerre de rang A“ »
     :

    Source: Johan Weisz | StreetPress
    Crédit photo: Pnuao Wikicommons

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER