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    26/02/2014

    « L'extrême droite est tellement nulle qu'elle n'existe pas »

    Le pire de la presse d'extrême droite en février

    Par Robin D'Angelo

    « Sommes-nous des idiots utiles ? » s'interroge l'Action Française Universitaire après les débordements du « Jour de colère » pendant que Rivarol crie au complot suite à la garde à vue de Serge Ayoub. Février a été chaud.

    L’article le plus Reporters Sans Frontières est à lire dans le Rivarol du 13 février. Jérôme Bourbon, le rédacteur en chef du canard pétainiste signe en couverture un édito assassin dans lequel il se réjouit de la faillite du journal Libération. Mais pourquoi tant de haine ?

    « Libé, qui fut en son temps le propagateur du minitel rose, est aujourd’hui le promoteur de la Gay Pride, du mariage inverti et de toutes les folies de notre monde apostat. »

    Puis Bourbon livre son analyse de la crise que traverse la presse en général : elle serait due au « conformisme » des journaux, et à la « médiocrité » de leurs rédacteurs « interchangeables » et « incapables d’esprit critique ». Explication de Rivarol :

    « On n’achète pas des journaux qui disent tous la même chose, ont la même opinion, utilisent les même mots, font les mêmes analyses sur l’affaire Dieudonné, sur la Shoah, sur l’Union européenne, sur la peine de mort, sur l’avortement… »

    Bourbon de terminer sur une belle comparaison avec l’Allemagne nazie, où il y avait plus de pluralisme et de liberté que dans la presse d’aujourd’hui :

    « Même sous le IIIe Reich (…) il y avait des théâtres de chansonniers où le chancelier Hitler en prenait pour son grade (…) Mais dans la France d’aujourd’hui l’on ne peut plus rire des juifs et de la Shoah. »

    Le coup de gueule du mois est à lire dans L’Action Française du 6 février où, une fois n’est pas coutume, les royalistes sont scandalisés par le comportement… des organisateurs de la dernière Manif pour tous ! En cause : « l’exclusion » de Farida Belghoul, désignée comme « persona non grata », lors la manifestation du 2 février. « On est quand même en droit de s’étonner d’apprendre la mise à l’écart de Farida Belghoul », regrette Olivier Perceval, le secrétaire général de l’AF, qui demande des réponses :

    « Lui reprochent-ils d’être de confession musulmane ? Ou au contraire de s’être battue pour le droit des femmes de banlieue ? »

    Farida Belghoul, c’est cette militante proche d’Alain Soral à l’origine de la Journée de Retrait de l’Ecole. Souvenez-vous, le 10 février, plusieurs parents d’élèves avaient retiré leurs enfants de l’école pour protester contre le prétendu enseignement de « la théorie du genre ».

    Pour l’AF, Farida est « une femme courageuse et intelligente ». Mais elle aurait surtout constitué une belle prise à cause de son passé militant à la gauche de la gauche. Perceval rappelle son engagement chez les communistes et lors la marche des beurs : « [Elle était] adulée par toute la presse de gauche pendant des années. »

    L’article le plus antifa du mois est à lire dans L’Action Française Universitaire (à ne pas confondre avec L’Action Française tout court) qui dézingue à tout va dans les rangs nationalistes. Les Identitaires ? « Ils ont toujours un nom de mouvement débile, et peu en raccord avec les vêtements américains qu’ils portent tous », écrit Charlotte de Kermenguy. Les Veilleurs ? « Ils poussent la stupidité politique à rester debout sans rien dire ». Les Hommen ? « Une autre débilité. » L’Action Française ? « Des actions débiles et des slogans d’un autre âge » … En fait, c’est toute la mouvance, de Marine Le Pen à Béatrice Bourges, qui en prend pour son grade. L’AFU, laconique :

    « L’extrême droite n’est pas un danger en France : elle est tellement nulle qu’elle n’existe pas »

    Les raisons de cette amertume : le récent succès du Jour de colère – où « 20.000 militants d’extrême droite », selon l’AFU, ont défilé dans les rues de Paris le 29 janvier. « Sommes-nous des idiots utiles ? » fait mine de s’interroger l’éditorialiste pour qui « manifester avec ces gens-là, même de loin, est effondrant de connerie ». Charlotte de Kermenguy précise sa pensée :

    « On va vous faire une confidence : nous aussi on est d’extrême droite. Mais s’il vous plait, ne le répétez-pas … on ne veut pas être assimilés aux fous et aux neuneus qui la composent actuellement »

    Avant de racoler pour son mouvement :

    « Vous comprendrez pourquoi il faut que vous nous rejoigniez rapidement et ne surtout plus vous approcher des ados boutonneux avec des bonnets rouges made in China qui crient mort aux juifs en compagnie de racailles de banlieue. »

    Des ados aux bonnets rouges made in China qui crient mort aux juifs en compagnie de racailles de banlieue

    Couv’ Les trois dernières unes de Minute

    L’article le plus SOS Femmes battues est à lire dans le numéro 3.128 de Rivarol. « Et voici que Serge Ayoub est accusé de tabasser sa femme ! », s’offusque Rivarol en page 2 du canard. Le 4 février dernier, l’ancien leader de 3e Voie – groupuscule impliqué dans la mort de Clément Méric, était interpellé à son domicile. Une femme, présentée comme sa compagne, avait appelé la police après avoir reçu une gifle de « Batskin », mais sans avoir déposé plainte.

    « Du pur délire » pour Rivarol qui défend le skinhead et crie au complot : « Serge Ayoub n’a ni femme, ni compagne. » La jeune fille à l’origine des accusations serait « une folle » qui « avait été ramassée quelques heures auparavant sur la voie publique en état d’ébriété avancée. »

    Pour Rivarol, il s’agit en fait d’un coup de « la police politique de Valls » :

    « Voilà comment ça se passe dans ce monde digne de George Orwell. »

    Ayoub avait été mis en garde à vue pendant 24 heures pour « rébellion ».

    L’article le plus MLF est à lire dans Minute du 12 février. « Pour un féminisme de droite », voilà le titre de l’édito signé Joël Prieur à l’occasion de la sortie du livre « Cessez de nous libérer ! » d’Anne Brassié, journaliste à Radio Courtoisie. « Ce féminisme n’a pas peur de la concurrence masculine, parce que, ces dames en sont convaincues, la compétition des sexes n’existe pas », se réjouit le journaliste de Minute.

    La thèse avancée par les auteurs : la femme n’a pas à être l’égal de l’homme puisqu’il y a « un éternel féminin », qui repose entre autre sur « la maternité ». « Elles sont simplement fières de la différence féminine, tellement essentielle à la santé des sociétés » s’enflamme Joël Prieur qui s’en prend à « la pensée unisexe ». Avant de paraphraser les auteurs du bouquin :

    « Si la femme occupe sa place au foyer, la société de consommation n’a plus tous les pouvoirs. »

    Mesdames à vos fourneaux !

    Les articles dont StreetPress aurait pu vous parler :

    > « Shoah par-ci, Shoah par-là : le nouveau visage de l’antiracisme », Robert Faurisson in Rivarol
    > « Les Jeux, c’est la fête du sport, pas la fête du string ! », Minute du 12 février 2014
    > « 6 février : 1934 – 2014, sur les pavés, la rage », L’Action Française du 6 février.

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