07/09/2014

Le projet crowdfunding à faire tourner

Pour quelques dollars de plus : sauvez la gare Lisch

Par Mathieu Molard

La gare Lisch, construite en 1878 pour l’expo universelle, puis déplacée à Asnières, tombe en ruine. Une bande de voisins bien motivés tente de la sauver. Et pour attirer l’attention ils veulent coller des photos des gens mobilisés sur les murs alentours.

1 Que veulent-ils financer?

Une campagne de pub pour coller des photos d’anonymes et de riverains, façon JR (le street-artiste, pas le mec de la série Dallas), à Asnières.

2 Combien ça coûte?

1.400 euros d’impression + 600 euros pour l’affichage et l’organisation d’événements

3 A quoi ça sert?

La gare Lisch a été construite en 1878, à l’occasion de l’expo universelle de Paris. Comme elle gênait, ils l’ont déplacé jusqu’à Asnières-sur-Seine. Aujourd’hui elle tombe en ruine, mais une bande bien motivée aimerait la transformer en un truc cool qui profiterait aux riverains. D’où l’idée des photos pour faire un peu de com’ et attirer des investisseurs.

4 Notre contrepartie préférée

Pour 10 euros, ta gueule affichée en grand sur les grilles de la gare.

5 L’un des papas c’est :

Nicolas Sirot, 39 ans, est un « professionnel d’internet » et habite accessoirement juste en face de la gare. Après un tour du monde à vélo, il a monté la boite de communication digital Shiva com’.

Allô Nico ? Ça vient d’où cette cyber-mobilisation ?

Nico en pleine mobilisation

Au départ avec quelques voisins, on s’est dit qu’il fallait sortir de l’anonymat ce magnifique bâtiment, en passe de tomber en ruine. On a créé une page Facebook et progressivement le nombre de fan est monté jusqu’à plus de 8.000 personnes. Ça nous a permis d’attirer l’attention et donné une légitimité pour discuter avec les pouvoirs publics. C’est un bon début, mais les fans Facebook, ça ne parle pas à tout le monde : certaines personnes pensent qu’ils ne sont pas réels. Ils ne voient pas l’engagement. Du coup, il fallait faire autre chose.

Et donc vous avez décidé d’accrocher des photos sur les murs alentours. Ça sert à quelque chose ?

Comme on n’est pas propriétaire du lieu, on ne peut pas rentrer dans une campagne de crowdfunding qui s’associe à la future réhabilitation du lieu. Mais il faut bousculer les choses. Les photos, c’est un moyen de rendre les fans Facebook plus réels. Parmi les gens qui se mobilisent, il y a pas mal de personnes branchés par la scène artistique. Très vite le nom de JR et son projet Inside Out est arrivé sur le tapis. En gros, JR soutient, via un dispositif, toutes les personnes qui veulent changer le monde en affichant juste leur visage.

Donc JR soutien votre projet ?

Pour le moment, pas vraiment, même si on aimerait bien l’embarquer personnellement. Mais son équipe a validé la démarche, et il y a toute une charte très précise à suivre pour participer à « Inside Out Project » : Ça doit être un projet citoyen, ne pas avoir de volonté mercantile, etc…

Pourquoi cette gare est laissée à l’abandon ?

C’est un véritable nœud administratif. Le bâtiment est à cheval sur les communes d’Asnières-sur-Seine et Bois-Colombes, sur un terrain appartenant à Réseau Ferré de France, qui n’est pas connu pour toujours bien gérer son patrimoine. Et pour compliquer encore un peu les choses, en 1985 pour empêcher sa démolition, des passionnés d’histoire la font inscrire à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ce qui l’a sans doute sauvée, mais verrouille pas mal de trucs en matière de travaux.

Vous avez bien une petite idée de ce qu’on pourrait en faire ?

C’était une gare de l’Exposition Universelle que les gens empruntaient pour découvrir le monde en quelque sorte. On s’est dit qu’on pourrait en faire une cité du voyage. Ce serait un lieu culturel susceptible d’accueillir des conférences, des expos, mais aussi un restau, une pépinière d’entreprise et un espace de co-working lié à ce sujet-là.