23/11/2014

Notre guide interactif pour ne pas avoir à passer sous le bureau du juge...

La carte du monde des législations sur le porno

Par Nima Kargar ,
Par Mylène Bertaux

Rééducation, prison à vie ou peine capitale. 91 pays interdisent purement et simplement le X, tandis que dans 46 autres il est totalement légal. Retrouvez la législation des 193 Etats du monde, dans notre guide interactif du porn-addict.

Porno sur gramophone

C’est l’histoire d’un pays qui ne trouve rien de mieux à faire, en pleine guerre d’indépendance, que d’interdire la pornographie. Bienvenue au Soudan du Sud, dont le Code pénal de 2008 promet trois ans de prison à quiconque produirait, diffuserait ou distribuerait des contenus « obscènes », qu’il s’agisse de revues, de films, ou même… de « disques gramophone ». Être le plus jeune État au monde, ça oblige à donner dans la hype du vinyle. Largement acceptée en Occident, la pornographie n’a pas franchement bonne presse dans le reste du monde.

(img) Vintage

En Allemagne, le porno est parfaitement légal. Mais faites un tour sur un Tube pompant des vidéos déposées, et vous pourriez être poursuivi pour violation du Copyright. Le genre de petites attentions vis-à-vis des ayants droits qui ne se fait pas trop en Iran, où les producteurs sont bons pour une séance de bondage, tendance… pendaison. Clairement pas halal, le porno est d’ailleurs interdit dans la quasi totalité des pays à majorité musulmane. Ce qui n’empêche pas le Pakistan d’être le premier pays au monde pour la requête Google « man fucking man », devant le Kenya et l’Ouganda. Soit trois pays qui se battent pour savoir qui a le plus gros arsenal juridique contre la pornographie et l’homosexualité, toutes deux criminalisées.

Made in Canada

Autre contest, celui que se livrent les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, à coups d’amendes se montant à plusieurs centaines de fois le SMIC local – avec option goulag, pour production ou diffusion de contenus pornos. Avantage : Tadjikistan, avec ses 500 à 800 fois le salaire minimum. Dire qu’à des milliers de kilomètres de là, en Colombie, acheter un porno est une BA qui grâce à une taxe de 5% financera la lutte contre la pédopornographie…

(img) Porn-art

C’est que le porno, c’est aussi une affaire de réglementations. Comme au Canada, où les chaînes pour adultes peuvent se voir rappelées à l’ordre pour ne pas avoir diffusé leur quota de productions locales. Avis aux chronométreurs du CSA qui seraient fatigués de compter le temps de parole des politiques… ou aux Japonais blasés de pixeliser le sexe des acteurs porno. Car oui, au Japon, les films pornos sont acceptés à la condition que n’apparaissent pas les parties génitales des acteurs – un type a bien essayé de créer une machine à dépixeliser, mais il paraît qu’elle n’est pas très pratique quand on n’a qu’une seule main de libre… Reste que côté réglementation absurde, les nippons sont bien obligés de s’incliner face à l’interdiction de jouer dans un film faite aux actrices à bonnet A (on vous laissez trouver quel pays a inventé un truc pareil…).

Girl power

Mais le porno, c’est aussi une question de fond posée à nos sociétés, et la carte de son statut légal rappelle sérieusement celle de la censure du Net et de la liberté d’expression. Toutes deux dessinent à grands traits une division entre un Occident libéral et le reste du monde, plus austère. Une division qui n’est pas immuable, comme le montre le cas de l’Islande, pourtant connue pour être en pointe sur les questions de libertés en ligne, de transparence et de neutralité du Web. L’île, qui occupe le premier rang de l’indice d’égalité hommes/femmes, a pris en 2013 la direction de l’interdiction du porno, au nom de la lutte contre les dégradations faites aux femmes. Et au Royaume-Uni, David Cameron a établi la même année le filtrage par défaut des contenus pornographiques par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), obligeant les ménages rejetant ce filtrage à se manifester auprès de leur FAI.