18/06/2015

On a retrouvé le street artiste qui agite Instagram

#Backtothestreet : des photos cimentées sur les murs, et Paris devient une galerie géante

Par Juliette Surcouf

Depuis 6 mois, 500 tirages de street photographie sont cimentés sur les murs de Paris, signés avec le hashtag #Backtothestreet. Des clichés volés, que le street photographe réinstalle dans la rue… et que des petits malins s’amusent parfois à voler.

« Là, l’homme en tenue juive traditionnelle, ou alors le chinois qui vient de passer avec sa raie plaquée, ils ont des gueules ! »

Le quarantenaire désigne du menton les passants qu’il pourrait photographier à la volée. Il scrute autour de lui, casquette sur la tête, tout en racontant son histoire. Il est celui qui se cache derrière le hashtag #Backtothestreet. Depuis novembre dernier, il cimente sur les murs de Paris ses photos encadrées : il a créé une véritable expo à ciel ouvert.

#backtothestreet. #75001

Une photo publiée par d sg (@kakiloon) le

Street art addict

Celui qui signe #Backtothestreet et tient à garder son anonymat dégaine de sa besace kaki son Nikon et le pose sur la table. Il est devenu complètement accro au street art :

« Je suis accro. Je cimente et je place ma photo sous une plaque de verre, avec une feuille blanche par-dessus. Au début c’était pour rendre le truc discret le temps que [le ciment] sèche. Maintenant ça m’amuse de laisser les gens découvrir la photo. Elles finissent toujours par être ouvertes. »

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Une photo publiée par zut_ (@zut_) le

Ensuite la magie des smartphones fait que très vite, tout cela se retrouve sur Twitter ou Instagram où plus d’un millier de clichés recensent ses photos. Depuis janvier, les internautes relaient avec le hashtag #Backtothestreet les photos qu’ils voient dans la rue. Le 4 février, il apparaît même dans les trending topics. Il faut dire que l’artiste est plutôt prolifique avec 500 à 600 photos collées depuis novembre :

« La moitié des photos ne sont plus affichées. Certains se pointent avec un marteau et les décrochent. Une, je peux comprendre. Mais quand c’est tout un quartier pillé… Ça me demande du temps de les mettre mais c’est la règle du jeu avec le street art. »

Heureusement pour lui, un fan prend soin d’immortaliser une grande partie de ses œuvres sauvages, sept ou huit photos par jour, en promenant son chien. C’est à ce jour l’un des rares à avoir rencontré l’artiste. Le photographe cultive le mystère autour de lui :

« Au début c’était pour éviter d’avoir une amende. Puis maintenant ça m’amuse. Ça fait monter la sauce. La reconnaissance, c’est le truc que beaucoup d’artistes recherchent. Ça prendra le temps qu’il faudra. »

« Les photos volées c’est compliqué »

Après une formation de deux ans, #Backtothestreet bosse en tant que photographe pro pour des magazines de décoration, un peu par hasard. Mais il préfère prendre en photos des passants, sur le vif, sans que ceux-ci ne le remarquent :

« Il y a de l’adrénaline, il faut être discret et rapide. Je me fais de moins en moins gauler par les gens. En France, les photos volées c’est compliqué, les gens n’aiment pas trop ça. Par contre en Inde c’est le pied. »

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Une photo publiée par alexandre bugnon (@mfbubs) le

New York, Cameroun, Haïti… Le photographe a multiplié les voyages en sac à dos et avec pas grand chose, même s’il avoue « s’embourgeoiser » avec l’âge et prendre « une valise à roulettes ».
C’est après avoir vu un film sur Banksy qu’exposer ses photos urbaines dans la rue lui a paru évident :

« Je prends les photos à la volée sans prêter attention aux lois. Si j’exposais dans une galerie ou avec la municipalité je devrais rendre des comptes. Et ça je ne veux pas. Finalement c’est logique, les photos que je prends dans la rue, retournent dans la rue. D’où le #Backtothestreet»

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Une photo publiée par marmotterocks (@marmotterocks) le

Good news, les Parisiens ne sont plus les seuls à pouvoir chasser ses photos dans leurs rues. Après Nîmes mi-mai, c’est Arles, Perpignan, Lille ou encore Bruxelles qui sont dans l’objectif de #Backtothestreet :

« Je reviens de Nîmes, j’ai collé 90 photos en deux nuits dans le centre-ville. Je partais discrètement à deux heures du matin. Ma famille ne s’apercevait de rien alors que j’avais une énorme valise de 30 kilos de faïence ! »

Pour finir, on demande à #Backtothestreet si on peut inverser le truc et lui voler un cliché de lui. Il s’exécute après nous avoir prêté un objectif pour notre boitier :

On a retrouvé le photgraphe qui se cache derrière le hashtag #Backtothestreet / Crédits : Juliette Surcouf