01/12/2015

« J’aimerais dessiner des fœtus dans les déserts »

Sébastien dessine des fœtus sur les trottoirs de Paris

Par Charles Amenyah

Aux quatre coins de Panam’, Seb dessine des fœtus à la peinture blanche. Dans son atelier au 59 rue de Rivoli, il peint, sculpte, dessine et crée même des bijoux, « mais toujours en jouant sur le symbole du nourrisson ».

Le mec

59 rue de Rivoli, Paris 1 – Sur le trottoir, un fœtus de près de 3 mètres dessiné à la peinture blanche. Sébastien, barbe de trois jours et blouson de cuir a décoré ce coin de goudron au pied de son immeuble.

6 piges que ce plasticien a ses quartiers dans ce squat parisien. Au deuxième étage, il partage une grande pièce avec un autre artiste. Assis sur un canapé, son colloc’ peint un autoportrait. Le long des murs, un fatra d’œuvres d’art en court de réalisation. Dans un coin trône un disque de métal percé de partout. Tout près, un mannequin avec une tirelire calée à l’entre-jambe.

Le concept

Le truc de Sébastien, c’est le fœtus sous toutes ses formes :

« Je peins, je sculpte, je dessine et je crée même des bijoux, mais toujours en jouant sur le symbole du nourrisson. »

Sébastien a déjà dessiné des foetus en Angleterre et en Suisse / Crédits : Charles Amenyah

D’abord intitulé « Super Fœtus », le projet est rebaptisé « Éveille-le monde ». Et Seb’ ne se cantonne pas à son atelier. Aux quatre coins de Paname, il couvre les trottoirs de ses bébés. Pendant ses virées Street-Art, Sébastien a déjà eu affaire aux policiers :

« Généralement, cela se passe quand même assez bien ; je ne dégrade pas les murs des pharmacies ou des épiceries. Et les forces de l’ordre se rendent vite compte que ce n’est pas de la dégradation de voie publique mais qu’il y a un vrai propos d’artiste derrière. »

Sébastien aime braver l’interdit, d’autant qu’un tag placé à un endroit inatteignable tient plus longtemps. Son rêve, couvrir le monde de bébés :

« J’aimerais dessiner des fœtus dans les déserts ou en mode crop circle dans les champs de blés. Je dispose même d’un petit canoë pour aller sur le canal de l’Ourcq et atteindre les endroits les plus inaccessibles. »

Les fœtus de Sébastien squattent également des villes anglaises et suisses.

La Story

Sébastien Lecca débarque du Pérou à cinq ans quand ses parents posent leurs valises en Haute-Savoie. Dans le civil, il est assistant social.

(img) Foetus aérien

2004, il lance un projet un peu barré : sur la Place des Fêtes de Paris, 40 jeunes handicapés mentaux, encadrés par des membres de la marine nationale, emballent 120 troncs d’arbres de textiles colorés. Cette première opé, parrainée par le sociologue Alain Touraine, cartonne. Il remet le dans les jardins de la Villette, du Luxembourg et sur le parvis du centre Pompidou.

En 2007, Sébastien Lecca y va au culot et demande à un Sarkozy tout récemment élu d’accueillir l’installation dans les jardins de l’Élysée pour le 14 juillet. Le président accepte.

La thune

Son salaire d’assistant social lui permet de bouffer. « C’est un métier que j’aime beaucoup et qui me permet de rencontrer du monde. » Sébastien Lecca a aussi monté sa petite boîte pour commercialiser « La tour est folle », un sextoy « made in France » en forme de Tour Eiffel. Selon Seb, le côté « décoratif » décoince les timides :

« Les grand amateurs de sextoys préféreront toujours les objets fonctionnant à moteur, la tour est folle est un objet d’expérimentation vers lequel vont aller les néophytes. »

Il déroule son argumentaire commercial :

« Entre pornographie d’un côté, et culpabilité de l’autre, c’est une invitation à une sexualité plus joyeuse ».

Selon Sébastien, les tours double-usage partent comme des petits pains.