02/12/2015

Pas de match à l’extérieur jusqu’au 14 décembre

État d’urgence : les supporters acceptent l’interdiction de déplacement

Par Inès Belgacem

Un arrêté ministériel interdit aux supporters de foot de suivre leur équipe en déplacement. A Lille, Paris ou Sainté on est Charlie : « Les policiers ont autre chose à faire ». Quelques filous prévoient tout de même de braver l’interdit.

L’état d’urgence s’invite dans les stades de foot : exit les déplacements de supporteurs. A la suite des attentats, un arrêté ministériel en date du 27 novembre interdit aux fans de foot de suivre leur équipe fétiche en match à l’extérieur, jusqu’au 14 décembre. Il pourrait toutefois être prolongé jusqu’à la fin de l’état d’urgence.

Ultras ou pas, tous les supporters sont concernés. Et s’ils bravent l’interdit, c’est à leurs risques et périls. D’après Pierre Berthélemy, l’avocat des ultras de Paris :

« S’ils décidaient de s’y rendre malgré l’arrêté, ils risqueraient de se faire interpeller. »

Les supporters sont Charlie

Du côté des assos’ de supporters, l’interdiction passe plutôt bien. Joint par StreetPress, Hélène, secrétaire de l’Union des supporters Stéphanois est « triste de ne pas pouvoir supporter [son] équipe », mais ajoute, compréhensive :

« Les policiers ont autre chose à faire que de surveiller des stades depuis les attentats. Ils n’ont pas le don de démultiplication ! »

Même son de cloche du côté des supporters du Losc. Bernard fait partie des Dogues du Vieux Lille, et assure que tous les déplacements planifiés ont été annulés. « On comprend bien que la situation est légitime. » Le Lillois espère simplement que l’interdiction va rapidement être levée :

« En janvier, ce serait sympa que ça saute quand même. »

Même Pierre Barthélémy, virulent défenseur des droits des supporters, refuse de monter au créneau :

« L’interdiction pure et simple peut être perçue comme une solution de facilité, mais il y a des problèmes plus urgents à régler. »

Les filous sont de sortie

Pour chaque match à l’extérieur, les assos’ de supporters organisent le déplacement en bus. Le car a le plus souvent rencart avec les autorités à une sortie d’autoroute proche de la ville d’arrivée. Et c’est sous escorte policière qu’ils font les derniers kilomètres qui les séparent du stade. « Ça requiert énormément de service d’ordre », reconnaît Hélène, la supportrice de Saint-Etienne.

A Lille comme à Sainté, ces voyages organisés sont donc annulés en raison de l’état d’urgence. Mais certains supporters devraient tout de même tenter leur chance en effectif réduit. « On peut essayer d’y aller à quelques-uns en voiture », explique Bernard sans préciser s’il tentera lui-même le coup. A ceux qui voudraient s’y aventurer, le Lillois leur conseille de se rendre au stade adverse sans écharpe nordiste, sans maillot du Losc et d’acheter son billet sur place :

« Mieux vaut ne pas aller au centre avec sa voiture aussi. On est vite reconnaissable avec nos plaques d’immatriculation différentes de celle de la région… »