19/01/2016

Certaines de leurs vidéos de buzz afro dépassent le million de vues

Niggaz With Enjaillement ambiance le web

Par Matthieu Bidan

Lancées il y a 1 an, les pages Facebook et Instagram de Niggaz With Enjaillement totalisent déjà plus de 500.000 fans. Chaque jour ils balancent une dizaine de vidéos de danse et d’humour afro au montage punchy.

Elle se déhanche sur des rythmes afro, enchaîne avec une choré en groupe et termine avec un petit mouvement fessier que Nicki Minaj n’aurait pas renié. En commentaire de la dernière publication Facebook de la page Niggaz With Enjaillement : « Ayyyyye!!! White Girl ». La vidéo a été vue 370.000 fois et 9.000 personnes ont liké le post. Un score classique pour cette page qui publie chaque jour un condensé de culture afro. Toujours dans « l’enjaillance ». Hugo, le fondateur du concept, résume l’esprit :

« L’enjaillement, c’est de l’argot ivoirien. Ca veut dire s’ambiancer, s’amuser. On publie des vidéos de danse, des trucs pour délirer. »

La Story


Vidéo – Compilation by Niggaz With Enjaillement
L’aventure Niggaz With Enjaillement a commencé sur le parking d’un McDo, à Khel, une petite ville d’Allemagne. À la sortie du Kiss Club, une boite, Hugo dégaine sa cam pour filmer la team Soco, un crew de danseurs. La machine est lancée. « À partir de là, on s’est dit, pourquoi ne pas poster des vidéos d’enjaillement ? ». Il créé une page Facebook puis un compte Instagram. Après seulement un an, les deux pages attirent respectivement plus de 200.000 et 300.000 personnes.

La petite équipe qui gère le site tient attablée dans un fast-food du côté de Porte Dorée. Il y a Hugo, 32 ans, qui rêvait d’être cameraman, et gère ses pages en parallèle de son taffe à l’usine Peugeot de Mulhouse. En face de lui, Alex, même âge, épaules carrées et crâne rasé. C’est celui qu’on entend le plus. Plus loin, il y a Auréléa, une étudiante en droit bien apprêtée de 21 ans qui a rejoint l’équipe plus tard.

À eux trois, ils publient sur leurs différentes pages jusqu’à 9 vidéos par jour repérés sur le net. Un vrai boulot en parallèle. À l’unisson :

« On fait ça tous les jours, avant, après le boulot. Parfois, on se parle à 2h du mat pour régler des trucs. »

Et Alex d’embrayer :

« Parfois, même sur le Fenwick on bosse ! Genre “attends négro, passe-moi ta connexion !” »

Tous les jours, ils reçoivent plus d’une centaine de vidéos du monde entier. Hugo sort son portable. « Regarde, là il y en a plein que je n’ai pas vu. Ca n’arrête jamais. On a reçu des vidéos d’Angleterre, des Pays-Bas et même de Corée. »

La recette de l’équipe est bien rodée. Chaque jour, ils balancent des vidéos courtes au montage punchy estampillé Niggaz With Enjaillement. Du contenu facile à partager et qui leur assure d’être bien identifiés. Leur « plus gros buzz » :https://www.facebook.com/737283373028294/videos/868004853289478/ : un petit montage dont Hugo a le secret. Une comparaison entre le foot européen et africain.

Plus de 350.000 abonnés sur Instagram. /

Le boom de la culture afro

Si leur page a tant de succès, c’est que la culture afro est en plein boom. Il n’y a qu’à voir les grosses têtes d’affiche du rap français qui revendiquent fièrement les sonorités africaines. Niggaz With Enjaillement prend aussi sa part. Ils sont les premiers à avoir relayé les freestyles Afro Trap de MHD, un rappeur du XIXe arrondissement, sensation de la fin d’année 2015. Auréala a sa petite explication sur cette hype :

« Le milieu afro monte, c’est la nouvelle génération. Avec les réseaux sociaux, le milieu africain est plus exposé. Il y a moins de frontières. »

Malgré leur blaze, ils assurent ne pas s’adresser qu’à la communauté noire. Alex démine en donnant sa définition de « niggaz » :

« Aujourd’hui tout le monde s’appelle Niggaz, ce n’est pas un truc racial. »

Ensemble, ils disent que les gens qui les suivent sont très divers, « white, noirs, chinois, il y a tout ».

Après cette année en trombe, l’équipe ne compte pas lever le pied. Ils ont un tas de rêves. Hugo, petite boucle à l’oreille, s’enflamme :

« Niggaz With Enjaillement ça peut devenir un parfum, une chaîne de télé, même mieux qu’MTV Base »

S’ils rêvent en grand, le fonctionnement reste artisanal. Hugo est le seul à avoir un ordinateur. Auréléa repère des vidéos sur son téléphone puis envoie ses choix à Hugo qui publie de chez lui. Une galère qui n’entame pas la détermination du trio, pour l’instant bénévole : ils ont sorti 5.000 euros de leur poche, sans retour sur investissement. Ils espèrent attirer des financeurs et approcher bientôt le million d’abonnés. En attendant de détrôner MTV.