29/07/2010

« Ton article tu peux te le foutre dans le cul et aller te faire foutre »

Drapeau de Villeneuve Saint-Georges: un prévenu en lunettes de soleil et un avocat tout émoustillé

Par Samba Doucouré

Reportage vidéo au tribunal de Créteil pour l'audience de Farid, Moustapha et José accusés d'avoir brûlé le drapeau de Villeneuve Saint-Georges après un match de l'Algérie. Timides dans le box, le show a commencé dans les couloirs du tribunal.

Lunettes de soleil à la Sean Paul, t-shirt jaune et un goût certain pour les gros mots, c’est Farid, un des trois prévenus dans l’affaire des incendiaires du drapeau de Villeneuve Saint-Georges.

Il commence par insulter une journaliste de StreetPress qui lui demandait une interview : « J’parle pas aux putain de journalistes. Ton article tu peux te le foutre dans le cul et aller te faire foutre. Sale pute ». Mais Farid fait le beau quand les caméras et les micros de BFM, RTL et L’Express se ruent sur lui. « Désolé si j’ai été grossier tout à l’heure hein ? », finira-t-il par s’excuser, une fois la horde de journaleux partie. C’est toujours ça de pris.

De l’autre côté du ring, Maître Péru, représente la Mairie de Villeneuve Saint-Georges. Il parle de « connerie » devant les caméras, juste après s’être disputé avec un journaliste qui lui reprochait d’avoir tiré sur les médias dans sa plaidoirie.

« J’parle pas aux putain de journalistes. Ton article tu peux te le foutre dans le cul et aller te faire foutre. Sale pute »Farid, 24 ans

A part ça, il y avait aussi Moustapha, 24 ans et intérimaire, qui nie avoir remplacé le drapeau de la ville par celui de l’équipe d’Algérie. Et José, un chômeur de 24 ans, qui aurait détérioré le drapeau de la commune en urinant dessus, selon la police. Mais il n’a rien vu, rien entendu, conteste-t-il pendant l’audience. Quant à Farid, c’est bien son drapeau algérien qui a atterri sur le fronton de la mairie. Mais pour le reste, si sa déposition mettait en cause José et Moustapha, il accuse les enquêteurs d’avoir modifié ses propos et ne sait pas comment son drapeau s’est retrouvé sur l’hôtel de ville.

Un euro symbolique de dédommagement

L’avocat de la ville de Villeneuve Saint-Georges a mis en avant dans sa plaidoirie le préjudice moral porté par l’emballement médiatique et la récupération politique. Il réclame donc un dédommagement matériel évalué à environ 300€ (le coût d’un drapeau) et 1€ symbolique au nom de la mauvaise image que cette affaire a porté sur la ville. 

Pour le procureur, la culpabilité des trois prévenus est évidente. Selon lui, « c’est une gaminerie (…) liée sans doute au shit et à l’alcool ». Il demande une sanction de réparation ou un an d’emprisonnement dans le cas où les prévenus refuseraient d’accomplir la sanction. Le verdict sera rendu le 6 septembre prochain.

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> Pourquoi MAM est-elle passée par un décret pour punir l’outrage au drapeau ?

Le drapeau de Villeneuve Saint-Georges, si vous avez raté la story

Hier comparaissaient devant le Tribunal correctionnel de Créteil les trois prévenus dans l’affaire du drapeau de Villeneuve Saint-Georges. Le 14 juin dernier, au soir de la défaite de l’Algérie face à la Slovénie, un drapeau algérien était hissé devant la mairie de Villeneuve en lieu et place du drapeau portant les couleurs et armoiries de la ville.

Le lendemain, l’AFP relayait d’après une source policière que le drapeau français a été brûlé puis remplacé par le drapeau algérien. Cette information a été relayée dans les médias en très peu de temps et suscité de vives réactions d’indignations dans la classe politique. Il s’est ensuite avéré que le drapeau brûlé était celui de la commune et ne comportait aucun symbole de la République. Par ailleurs, le drapeau algérien en question portait l’inscription « One, two, three! Viva l’Algérie!! », ce qui réduit sensiblement la portée politique du geste, selon l’avocat de la ville de Villeneuve Saint-Georges. 

Source: Marine Selles et Samba Doucouré | StreetPress