03/11/2016

3.000 réfugiés campent autour de la station de métro

A Stalingrad, les réfugiés manifestent contre le « harcèlement policier »

Par Lucas Chedeville ,
Par Pierre Gautheron

Avenue de Flandres, dans le 19e, une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel d’un collectif de migrants et d’associations pour dénoncer les interventions policières à répétition et les conditions de vie des réfugiés.

Stalingrad (19e) – Plusieurs centaines de personnes attendent au croisement des avenues de Flandres et de la Villette. En tête de cortège, deux réfugiés tiennent une banderole à bout de bras. Dessus l’article 13 de la déclaration des droits de l’homme écrit en grosse lettre noire :

« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. »

Il est 18h ce mercredi 2 novembre et la manif des réfugiés est prête à partir. Afghans, soudanais, militants associatifs ou élus… Tous dénoncent les conditions de vie des 3.000 réfugiés qui ont échoué dans le 19e ces dernières semaines. Ils répondent à un appel à lancée 3 jours plus tôt par un collectif de migrant soutenu par plusieurs assos.

Chacun sa banderole / Crédits : Pierre Gautheron

Harcélement policier

« Ce n’est plus possible ! La semaine dernière encore, la police m’a arrêté pour prendre mes empreintes », s’insurge Yakob, bonnet bien enfoncé sur la tête par ce froid hivernal. Voilà plus d’un mois que le jeune soudanais de 25 piges a posé ses valises à Stalingrad, sous le métro aérien. Quand on l’interroge sur la maréchaussée, il est intarissable :

« Ça fait un mois et deux semaines que je suis là. On voit la police tout le temps. »

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette / Crédits : Pierre Gautheron

Même son de cloche du côté des autres migrants rencontrés qui racontent les « rafles » du début de semaine et la pression policière incessante. Andreas, membre du parti EELV du 19ème, souvent présent sur le campement, craint que la situation ne pourrisse. Surtout avec l’arrivée de l’hiver et l’évacuation récente de la jungle de Calais :

« On ne peut pas laisser les choses comme ça. La situation ne fait qu’empirer, surtout depuis le démantèlement de Calais et l’arrivée de beaucoup de nouveaux migrants. »

Une femme à la rue / Crédits : Pierre Gautheron

La manif tourne court

Sur les bords de l’avenue de Flandres, la manif peine à rassembler. De nombreux migrants suivent le rassemblement de loin, dans leurs tentes ou sur les contreforts de la place Stalingrad. Après l’arrivée tonitruante d’un groupe de réfugiés afghans installés sur les bords du canal Saint Martin, le cortège avance bers Riquet aux cris de « refugees welcome » et « we want freedom ». Avant de faire demi-tour et de revenir au point de départ. Peu avant 20h, les gendarmes mobiles débarquent et ceinturent la petite place. Avant d’escorter les migrants par petit groupe jusqu’à leur tente.

La cavalerie / Crédits : Pierre Gautheron

La prise de Stalingrad n’aura pas lieu. Une manifestante assez âgée se risque à un « police partout, justice nulle part » avant de déguerpir rapidos sous les gros yeux des hommes en bleus. Pendant ce temps-là, un guitariste improvise un concert sauvage. Quelques réfugiés continuent à tenir le pavé tant bien que mal alors que la manifestation se disperse. Selon l’AFP, plus tard dans la soirée, des affrontements entre migrants ont éclaté sur le camp de Stalingrad.

Plusieurs réfugiés regardent la manifestation de loin / Crédits : Pierre Gautheron