07/01/2011

La police n'a pas tardé à appliquer la Loppsi 2 qui sanctionne "les habitats hors-normes"

Jeudi Noir: La police bombe le torse à l'inauguration du nouveau squat

Par Anaïs K.

Jeudi Noir présentait en grande pompe à la presse vendredi 7 décembre son nouveau squat dont l'adresse était tenu secrète. La police, elle, la connaissait déjà et a transformé la nouvelle prise des squatteurs en bunker.

Les membres de Jeudi Noir avaient promis une surprise pour leur conférence de presse. C’est chose faite. Les forces de police ont bloqué la porte de leur nouveau squat, 22 avenue Matignon, et contraint squatteurs et journalistes à rester à l’intérieur une fois qu’ils y avaient pénétré.

Des policiers encerclent les bâtiments et empêchent les entrées et les sorties

A 9h, après avoir montré patte blanche et réussi à passer la porte, les équipes de journalistes ont été accueillis dans ce qui était le hall d’accueil de la société qui jusqu’en 2006, occupait ces 2500m² de bureaux. Plusieurs membres du collectif se sont relayés pour prendre la parole. La conférence battait son plein …jusqu’à ce que les policiers tentent de rentrer dans le bâtiment. Une bonne vingtaine d’hommes en uniforme, la mine renfrognée et le regard vide, faisait front devant la porte, empêchant toute entrée mais aussi toute sortie.


Afficher Jeudi Noir – Squat sur une carte plus grande

Jeudi Noir joue les GO pour les journalistes

Enfermés dans ce qui ressemblait de plus en plus à un bunker, les captifs de quelques heures commençaient à perdre patience. Heureusement, les membres de Jeudi Noir se sont improvisés GO d’un jour. Au programme: chant de leur slogan « Abdication, la loi de réquisition », prise de parole de certains membres et visite de leur nouvelle demeure. Chez StreetPress, on n’est pas du genre à faire des vocalises en public. Alors à défaut de pousser la chansonnette, on en a profité pour visiter les lieux.

StreetPress claustrophobe dans le bunker du 22 avenue Matignon

Une trentaine de personnes dans 2.500m² répartis sur 8 étages, ça peut paraître sympa. Dans la réalité, ça l’est un peu moins. Même si le dernier étage offre une vue imprenable sur les jardins de l’Élysée, les chambres et appartements improvisés ont toujours une âme de bureaux: une mini cuisine pour tout le monde, une salle de bain et seulement quelques matelas. Autrement dit, c’est pas le grand luxe, ni le grand confort mais ça dépanne toujours.

Au bout de quelques minutes, l’envie de sortir se fait quand même très pressante. C’est pas qu’on est claustro, mais ici ce n’est pas l’hôtel Golf d’Alassane Ouattare non plus. Heureusement, les membres du collectif ont instauré une sorte de dialogue avec la police. De l’autre côté d’une vitre, grâce à un langage des signes improvisé, ils ont réussi à laisser certains journalistes s’échapper par petits groupes de 6 à 10 personnes. On n’a pas laissé passer notre tour.

Jeudi Noir continue le combat après son expulsion de la Marquise

« Pourquoi on est là? Parce que c’est le parcours du combattant pour trouver un logement »,
Dans la ligne de mire de Jeudi Noir: la flambée des prix de l’immobilier à Paris et en province qui ne permet pas aux petits salaires de trouver un logement. Mais aussi l’État qui affiche un « silence radio » à ce sujet. Une situation qu’ils jugent anormale. « Il y a 5 millions de m² de bureaux vacants en IDF et 16 000 logements vides à Paris », ont répété les différents intervenants lors de la conférence.

L’association s’est faite expulsée du squat « La Marquise » le 23 octobre dernier qu’ils occupaient en 2009-2010. Depuis des travaux devaient être faits. Margaux, une ex-squatteuse de l’hôtel particulier, ironise sur le sujet: « Ils ont soudé des plaques de fer sur les portes. C’est pas le meilleur moyen de laisser rentrer les ouvriers ».