09/10/2012

Sextapes, pornhub et culture porn

Born in Porn : Le dossier StreetPress

Par Le Tag Parfait

Parce qu'en 2012 mater un film intitulé «rough fuck in the mountain» est aussi mainstream que de regarder Le Juste Prix, StreetPress fait son dossier porno. Un édito signé Stephen des Aulnois, fondateur du Tag Parfait, le webzine de la culture porn.

Un dossier sur le porn, vous vous dites sûrement « quoi encore un ? », toujours ces 4 ou 5 petites lettres qui donnent du clic facile, le marronnier de la presse qui ne sait plus quoi raconter pour faire sauter son Google Analytics ? Vous avez tort, en temps normal, on sort ce mot magique puis on se contente de balancer quelques vagues bêtises glanées sur Internet entre deux clopes et un café chaud.

Pour ce dossier, StreetPress est allé sur le terrain, pour rapporter l’info qui parle, celle des consommateurs, des vrais, ceux qui en consomment quasi quotidiennement, sans complexe, comme un produit culturel ou de divertissement comme un autre. Ceux par qui le porno est devenu un mot étonnant : une culture, ou disons pour ne pas trop réveiller les bien-pensants : une sub-culture, pour culture alternative.

Le porno est devenu un mot étonnant: une culture

Tag parfait Je me présente, je m’appelle “Stephen des Aulnois”, j’ai monté un peu par hasard un blog en mars 2010 qui s’appelle “Le Tag Parfait”:http://www.letagparfait.com/, qui a grandi depuis et est devenu un « vrai » site, avec des rubriques diverses, des projets et des ambitions. Un truc sérieux. Le sujet ? La culture pornographique, raccourci en accroche sous « culture porn ». Quand j’ai monté ce projet, j’étais loin de m’imaginer que le sujet allait être aussi vaste et riche, n’étant qu’un consommateur lambda (mais curieux) de pornographie. Et pourtant, deux ans et demi plus tard, on continue à défricher et explorer quotidiennement les terrains vierges de cette culture porn, sans en apercevoir les frontières.

La richesse du porno, au-delà de sa production en elle-même, se trouve dans sa consommation, dans ce rapport personnel qu’on entretient avec l’image pornographique. Que le porno soit un simple support masturbatoire, une matière brute, un objet fascinant ou culte ; un spectacle ou un cinéma parallèle, il rencontre autant de consommateurs différents. Ainsi chaque expérience est unique même si elle se répète un nombre incalculable de fois. Il y a dans chaque branlette (car c’est bien de ça qu’il s’agit), une histoire, derrière des mots-clés tapés un peu machinalement dans des sextubes ou sur Google, l’expression de fantasmes et d’envies plus ou moins libérés.

Cool et détendu Le porno est catégorisé jusque dans les moindres détails : cette catégorisation s’intègre dans le langage courant ; les actrices et acteurs sont des rock stars : ils deviennent des références ; le porno est consommé quotidiennement ; on l’étudie à l’université (pas en France, ceci dit) ; il inspire la publicité, en somme il est partout et pourtant il continue à être traité comme s’il était enfermé dans un ghetto. Un sacré grand ghetto qui regrouperait une bonne partie de la population ? Malgré le caractère mainstream et banale que lui a donné internet par son hyper-accessibilité, le porn reste un sujet encore tabou, traité uniquement par l’industrie pour ses fans (qui ne représentent qu’une petite partie des consommateurs) et avec mépris, ou trop de sérieux par le reste.

Difficile pour le moment de lui conférer publiquement un caractère cool et détendu, et c’est pourtant ainsi qu’il doit être vu. La masturbation n’est pourtant ni un moment de torture, ni une phase d’intense réflexion, c’est un moment agréable et divertissant, où on se laisse aller à ses fantasmes pour jouir. Rien de bien méchant.

Le porno est ainsi, un support dont l’influence ne s’étend rarement plus loin qu’au niveau de nos sexes mais sa richesse et sa profondeur sont réelles. Nous avons grandi avec, nous évoluons avec, il est présent dans nos vies au même titre que ses confrères de l’entertainment ; il est là, partout, il nous appartient. La culture pornographique est née de cette libération de sa consommation avec l’avènement d’Internet ; elle est la petite soeur de la culture web, elle est le produit de nous-même.

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