23/12/2025

Sans-abris à Paris

« Ma fille peut faire trois jours sans se laver » : ils racontent leur vie de SDF | REPORTAGE

Par Samuel Alerte

En France, au moins 350.000 personnes sont sans domicile fixe. StreetPress a arpenté les rues de Paris pour rencontrer celles et ceux qui dorment dans la rue mais aussi les associations, qui leur viennent en aide.

Tatiana attend sur le parvis de l’Hôtel de Ville, emmitouflée dans sa doudoune un soir de décembre. Depuis deux ans, elle est à la rue et chaque jour, elle craint de passer une nouvelle nuit dehors. Quand cela arrive, elle reste éveillée « au cas où ». Moussa, lui, amputé au niveau des pieds suite à des engelures, est à la rue depuis plusieurs années :

« Je n’avais pas de couverture pendant un an, deux ans, trois ans. Je n’avais même pas de tente. »

En France, 350.000 personnes vivent à la rue selon la Fondation pour le logement. À Paris, depuis le Covid, il n’y a jamais eu autant d’individus sans domicile fixe. « Plus de 1.700 personnes », selon un coordinateur de l’association Utopia 56.

Cet organisme les aide quotidiennement en leur offrant une solution d’hébergement dans leur centre à Bagnolet (93) ou en distribuant « des tentes, des couvertures et des produits d’hygiène ». Et pour manger, certains se tournent vers La Chorba qui distribue des repas chauds dans la cantine de la mairie de Paris. Au menu : « Des pâtes, des champignons, et puis du fromage », liste Jacques, qui vient depuis cinq ans, avant d’ajouter :

« C’est un bon repas pour nous donner un peu de force, un peu de dynamite. »

Ce sont près de 250 personnes qui sont accueillies par l’association subventionnée par la Ville de Paris. Sans eux, déplore Chloé de La Chorba, « il y aurait un vrai souci d’accès à une alimentation suffisante et de sécurité publique ». Il en va de même si Médecins du Monde arrêtait ses maraudes pour panser les plaies et les maux, comme ceux de Moussa où ses pieds lui font mal en ce moment. Il est évident, pour Loris, bénévole, que « tu ne peux pas guérir si tu n’es pas déjà dans un endroit au chaud, au sec ».

À LIRE AUSSI : À Rennes, le combat sans fin des jeunes exilés pour obtenir un logement digne et aller à l’école