05/07/2013

Brigade Anti-Négrophobie : le procès de « Mam » annulé pour vice de procédure

Par Mathieu Molard

StreetPress était à l'audience, et en est revenu avec le document montrant qu'Almamy Kanouté était persona non grata à la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le 10 mai dernier au jardin du Luxembourg.

Le procès d’Almamy Kanouté est annulé pour vice de procédure. Ce matin au tribunal de grande instance de Paris, devait se dérouler le procès du militant – également conseiller municipal de Fresnes – accusé d’avoir blessé un policier à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Coup de théâtre. A peine arrivé dans la salle, maître Maati, l’avocat du militant de la Brigade Anti-Négrophobie demande l’annulation du procès pour vice de procédure : les forces de l’ordre n’ont pas notifié à l’accusé son droit à garder le silence.

Fait plutôt rare, le parquet se range du côté de la défense. Le juge décide donc d’annuler la procédure. En cinq minutes à peine, l’affaire est pliée. « Il ne faut pas tout de suite fanfaronner », tempère l’avocat. « Ils ont dix jours pour faire appel ».

Ze story  Les faits remontent au 10 mai dernier. Pour la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le président de la République réunissait au jardin du Luxembourg tout le gratin noir de France. A cette occasion Franco Lollia, Joël Ardes et Almamy Kanouté, tous trois membres de la Brigade Anti-Négrophobie tentent de s’y rendre munis d’invitations. Pourtant, malgré le document envoyé par le ministère des Outre-mer, impossible pour les trois militants de passer le premier cordon de police. Le ton monte, ils sont plaqués au sol et embarqués, direction le commissariat du 5e. Dans la bousculade, « Mam » aurait « bousculé un policier, entraînant sa chute. » Ce dernier s’est vu signifier quatre jours d’ITT.

CONSIGNES  Joint par StreetPress au moment des faits, le ministère des Outre-mer affirmait « qu’aucune consigne n’a été donnée pour interdire une quelconque association. » Pourtant, un document présent dans le dossier de procédure laisse à penser le contraire : les policiers ont été au moins incités par leur hiérarchie à empêcher l’accès aux membres de La Brigade Anti Négrophobie. La note datée du 9 mai et rédigée par « l’état-major » de la préfecture de police détaille la procédure d’encadrement de la visite de François Hollande. A l’intérieur on peut y lire :

«  NOTE IMPORTANTE – Risque d’actions de militants du mouvement Le Printemps français (30 à 50 personnes), de l’Association Alliance Noire Citoyenne (ANC) et de la Brigade Anti-Négrophobie (BAN) (20 à 30 personnes). »

Pas de consignes, alors ?