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    06/09/2010

    24 heures avec Samir, son petit frère, son imam LOL et un tajine au poulet

    Samir: « ma nuit du destin »

    Par Samir Badour

    Samir est un lecteur de StreetPress. Il nous raconte « sa » nuit du destin, à Bordeaux (33). La nuit du destin se déroulait entre samedi et dimanche pour les musulmans de France, le lendemain dans d'autres pays.

    15:00 La famille se regroupe (oncle, tante, cousins, cousines). On se souhaite une bonne fête. 
    Le petit frère demande pourquoi la famille vient alors qu’on ne peut pas manger. Ma mère lui explique que c’est la nuit du destin, une nuit importante dans le mois du ramadan : « Le ciel s’ouvre et les anges descendent du ciel pour pardonner tous les pêchés des musulmans ». 
    « Les anges descendent vraiment du ciel maman? ». Non lui rétorque ma mère, « c’est surtout spirituel, on ne voit pas les anges, mais eux nous voient ». Durant la journée, « il est interdit de faire le ménage » afin de respecter le « don » (« sadaqa ») – le fait de nettoyer correspond à faire un don…C’est un peu compliqué à expliquer.

    20:34 Fin du jeûne. Toute la famille se regroupe pour manger le couscous et boire du thé à la menthe. Sous un fond de chants coraniques d’une chaîne saoudienne. 

    21:30 Les motivés pourront aller a la mosquée et les autres peuvent rester à la maison, regarder la télévision, Facebook, etc. 

    22:45 Mon meilleur ami Sofiane  m’appelle pour me demander de venir a la mosquée de Mérignac, encore en travaux mais ouverte pour le mois du ramadan. Lorsque j’arrive, le parking est déjà plein. Des jeunes des cités tiennes les murs du parking mais la majorité est à l’intérieur pour prier.

    23:00 Petit SMS à Sofiane pour lui dire que je suis au deuxième étage. J’entends l’imam commencer les remerciements aux gens qui lui apportent de l’argent. Durant la nuit du destin, chaque famille doit faire l’aumône (5€ par personne est le montant estimé le CFCM). L’imam enchaine les boutades sur les gens qui donnent : « Merci à Ahmed le garagiste pour ses 1000€. Qu’Allah le bénisse pour que l’année prochaine il nous en donne 2000€ »… A Mérignac, on a un imam LOL

    23:30 La prière commence. L’imam range l’argent et commence son appel la prière. Peu après, je rejoins mon ami pour descendre sur le parking et revoir des amis d’enfance que je n’avais pas vus depuis des années. Cette nuit permet également des rencontres.

    00:00 Certaines personnes commencent à avoir faim et la mosquée n’a pas lésiné sur les moyens. Plusieurs plats de couscous, tajines au poulet et aux olives. Des assiettes de fruits, boissons, etc. C’est un peu « notre université d’été » à nous… commente l’imam. 
    D’autres personnes se demandent quand les anges vont descendre…

    1:00 La soirée se termine pour ceux qui travaillent le lendemain. Les autres restent, jusqu’à l’aube (5:45, au levé du soleil) où un petit-déjeuner sera distribué. Ce sont les religieux qui passeront la nuit ici. Pour mon pote et moi, c’est direction Bordeaux pour passer la soirée sur les quais avant de rentrer.

    Voilà. Et pour les plus pressés, la nuit du destin est là pour rappeler qu’il ne reste plus que deux ou trois jours de jeûne du Ramadan. Et pour les autres, c’est l’approche de l’Aïd, la confection de gâteaux, les célébrations en famille.

    La mosquée de Mérignac, toujours en travaux


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    Source: Samir badour | StreetPress

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