Critique ciné : Black Diamond de Pascale Lamche

Du Ghana jusqu’au Qatar

Black Diamond nous conduit à travers le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Tunisie et même jusqu’au Qatar pays qui serait également lié au trafic de « diamant noir ». L’enquête réalisée en collaboration avec des journalistes africains dévoile des aspects encore très largement méconnus de ce phénomène comme l’utilisation des jeunes footballeurs comme relais du trafic de drogue. L’espérance de connaître le destin de Drogba pousse des familles vivant dans la pauvreté à sacrifier l’enfant béni paré de toutes leurs économies. Un enfant qui se retrouvera malgré cela dans l’enfer de la clandestinité dans des contrées éloignées dont on a plus aucun moyen de le faire revenir sans avoir mis une seule fois le crampon dans le sanctuaire qu’est un stade de football.

Une mise en scène habile et originale

Pour ponctuer et mieux illustrer leur propos, les réalisateurs ont eu l’habile inspiration de raconter aux spectateurs un conte africain.
Cette fable, qui ponctue le documentaire pour mieux l’expliciter, met en scène Anansé l’Araignée personnage fourbe de la littérature ouest-africaine qui prendra forme humaine au travers des agents crapuleux.
Ce personnage est au service du diable Footbizz en Afrique là où le culte du dieu football vénère les Saint Didier (Drogba), Saint Samuel (Eto’o) et Saint Michael (Essien).
On ressort effaré et écoeuré par tant de cynisme et si ce documentaire répond à de nombreuses questions, il en laisse encore quelques unes en suspens, notamment sur les ramifications internationales de ce trafic.

Source: Samba Doucouré | StreetPress