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    30/09/2010

    Critique : Les amours imaginaires de Xavier Dolan

    Par Emilie Kestler

    Après avoir impressionné par son premier long-métrage (J'ai tué ma mère) le « control freak » Xavier Dolan confirme la maîtrise parfaite de son projet artistique.

    Un film piquant et drôle nappé d’un casting savoureux

    Deux beaux gosses, Francis et sa meilleure amie Marie, s’enflamment et rivalisent pour un troisième, Nicolas. Longs préparatifs devant la glace, traques dans les rues, déclarations maladroites, cadeaux ruineux… Les personnages se plaisent à tomber amoureux et à s’obnubiler dans leur passion. Peu importe que l’objet de leur désir possède finalement bien peu d’intérêt. Il est assez mystérieux (creux ?) pour que Francis et Marie y plaquent tous leurs fantasmes. Monia Chokri, Marie, avec ses grands airs de dame BCBG et ses erreurs de pensionnaire de collège privé, est autant exaspérante dans ses comportements que désirable dans ses gestes. Xavier Dolan himself, aka Francis, se moque de lui-même, de ses manies d’enfant solitaire et de garçon malchanceux en amour (les petits bâtons de pénitencier sur le mur de la salle de bains, comme autant de râteaux). Enfin, le récit est fréquemment interrompu par de drolatiques témoignages de Québécois racontant leurs déboires amoureux avec un humour bien involontairement ravageur.

    Fiche technique

    Réalisé par Xavier Dolan avec Xavier Dolan, Monia Chokri, Niels Schneider
    Durée: 1h42
    Vu au: MK2 Bibliothèque, lundi 20 septembre en présence du trio fashionable et des groupies de Xavier Dolan « Il est tellement cute !! »

    Affluence: Salle pleine
    J’y vais avec: seule, et j’assume – parce que d’après ce film, le top en ce moment, c’est la lose sentimentale

    Glace ou Pop-Corn: un bon gros marshmallow pour répéter la sensuelle technique de dégustation apprise de Nicolas

    Note: 4/5

    Mise en scène érudite et léchée

    La réalisation, rappelant la Nouvelle Vague, est d’une beauté très expressive et ultra référencée. Des plans entiers sont montés en monochromie : les amants se caressent dans une teinte rouge, se consolent dans une lumière bleutée. Xavier Dolan s’agrippe aux visages, aux expressions, aux corps de ces personnages. Filmés de si près, aucune de leurs émotions, sensations ne nous échappe : le ventre qui se tord, le rictus qui encaisse, le désir qui monte… La caméra, tendrement ironique, suit l’arrivée au ralenti de Francis, tout droit sorti d’une pub pour JPG Parfumerie. L’époque est amoureusement filmée. Xavier Dolan ne cache pas sa passion pour la mode. Aussi, la silhouette sculpturale de Monia Chokri est mise en valeur dans des robes rétro à la Mad men, tandis que les garçons adoptent la dégaine Hipster . L’érudition du jeune Québécois est savamment distillée à travers la bande-son (de Wagner à Bang Bang de Dalida qui, dans le contexte, prend littéralement aux tripes), les références au Bauhaus, les citations littéraires (de Musset à Miron).

    La bande-annonce

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    Source: Emilie Kestler | StreetPress

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