Anoraak : « J'aime cette imagerie des années 80, de soleil, de plage et de cocktail »

Tu t’appelles Frédéric Rivière, tu es né quand ?

Oui, c’est mon vrai nom, je suis né le 8 décembre 1980. C’est bientôt mon anniversaire…

Tu sais quel titre était numéro un à ta naissance ?

Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Je sais juste que c’est le jour où John Lennon s’est fait assassiné.

Ca t’intéresse de le savoir ?

Bien sûr ! Dis-moi ? Parce qu’il y a plein d’applications pour le savoir mais je ne regarde jamais…

T’as de la chance c’était un méga tube ! « Woman in love » de Barbara Streisand, ça te fait plaisir ?

Ah cool ! C’est hyper bien …

Moi je suis gâté, c’est « j’ai un problème » de Sylvie Vartan et Johnny…

Ça va. Il y a pire ailleurs, c’est toujours ce qu’il faut se dire.

Ton premier 45 tours tu t’en souviens ?

Je me souviens que les premiers trucs que j’ai vraiment aimé ce ne sont pas des 45 tours mais des cassettes, et notamment celles de Renaud… Je l’adorais quand j’étais petit alors que je n’écoute plus du tout maintenant. Et mon premier CD que je me suis acheté, c’est MC Solaar au début des années 90.

Des Frederic Rivière il y en a 169 sur Facebook et 143 en France dans les pages blanches. Tu as bien fait de choisir un pseudo ! Anoraak, c’est juste toi ?

Oui le groupe c’est juste moi, à part sur scène où on est plusieurs évidemment.

Pony Pony Run run, Ting Ting, Twin Twin, Birdy Nam Nam : tu sais que pour être à la mode tu devrais plutôt t’appeler « Anoraak Anoraak » ?

Tu sais, ce n’est pas nouveau. Dans les années 80 c’était Duran Duran, Talk Talk, Wet Wet Wet…. Il y en avait beaucoup.

« Déjà, faudrait qu’on m’explique : c’est quoi la musique des années 80 ? Il y a eu tellement de choses de faites pendant cette décennie »

De bonnes critiques accueillent ton album Wherever the sun sets, il y a pire pour un premier album ?

Jusqu’ici je suis content mais j’attends la buche qui viendra surement. Je préfère ne m’attendre à rien et être agréablement surpris. Je ne fais pas de plan sur la comète et je me dis pas « tout le monde va adorer ».

« Wherever the sun sets … » – le titre de ton album – c’est une phrase que tu laisses en suspens, tu veux la terminer ?

Non, ça correspond à mon imagerie, à ce que j’aime, histoire de dire que j’aime les couchers de soleil. Le titre l’évoque, comme la pochette. Je suis un méridional frustré, je suis parti du sud quand j’étais petit donc je l’ai toujours un peu mal vécu.

Tous soulignent ton style qui évoque les années 80. Tu le prends comment ?

Ça ne me dérange pas. Si c’est ce que les gens voient dans ma musique, pourquoi pas: on ne maitrise pas ce genre de choses. Tu n’as jamais le même recul sur ta musique que celui que les gens peuvent avoir. Après, je pense que ça vient du fait que les premières choses que j’ai faites sont issues du Collectif Valerie, très orienté sur l’imagerie 80’s. Du coup ça t’enferme un petit peu dans une imagerie ou un certain son. Mais il y avait de tout dans les années 80. Je pense que cette remarque me poursuivra encore un ou deux ans. Je n’ai aucun problème avec ça.

Qu’est ce qu’il y avait dans ces années 80 qui a disparu aujourd’hui ?

Déjà, faudrait qu’on m’explique : c’est quoi la musique des années 80 ? Il y a eu tellement de choses de faites pendant cette décennie, que c’est réducteur de la résumer à « musique des années 80 ». Cette époque, c’est aussi l’explosion du marché du disque avec les majors qui ont balancé énormément d’argent, dans les clips notamment. C’est quoi alors? Michael Jackson ? The Cure ? Barbara Streisand ? Ce que je retiens des années 80, parce que j’ai grandi dedans, c’est à la fois le mainstream qui est devenu de plus en plus produit, et toutes les musiques de film. Dans ces années là, j’ai ressenti un gros effort des compositeurs de musique de film avec des gars comme Giorgio Morderer qui ont posé des sons très travaillés.

Comment tu expliques que la musique que tu fais ne ressemble pas à celle que tu aimes ?

C’est un peu normal, encore une fois, je n’ai pas le recul nécessaire pour dire que ça ressemble à ci ou à ça. Quand on me demande mes influences, je cite la musique que j’aime mais ce n’est pas forcément pour ça que je vais faire la même chose. Je me lève pas le matin en me disant, tiens, je vais me faire un petit « Chic » tu vois. C’est plus une digestion de plein de choses. Je ne saurais même pas dire à quoi ressemble ma musique en fait !

« Quand on me demande mes influences, je cite la musique que j’aime mais ce n’est pas forcément pour ça que je vais faire la même chose »

En quoi il y aurait du Commodores, que tu aimes beaucoup, dans ta musique ?

Peut-être quand tu décortiques un morceau et que tu trouves un peu de cocotte, mais bon c’est pour tout le monde pareil. Tu finis par te rendre compte que ce que tu as créé ressemble à une musique que tu aimes, et tu en as fait quelque chose de différent.

Ton titre le plus écouté est “Nightdrive with you”, écouté près de 300.000 fois : ça te surprend que ce soit ce titre plus qu’un autre ?

C’est pas que ça me surprend, c’est juste que j’ai eu la chance à une époque que ce titre soit surblogué partout et pas mal de remix en ont été faits. J’ai aussi eu une mise en avant sur le site américain de myspace qui m’a ramené un nombre d’écoutes incroyables.

Tu connais tes « 18.000 amis » sur myspace ?

Je suis à plus d’un million d’écoutes sur le player myspace, donc ça fait pas beaucoup d’amis par rapport à autant d’écoutes. Ce qui importe c’est le nombre de personnes qui écoutent ta musique plutôt que la somme de tous tes amis. Il y a pas mal de robots qui font ça et je ne les ai jamais utilisés.

Je trouve que ta musique se rapproche des « binaural beat », cette musique vibratoire à la mode considérée comme une « drogue acoustique » ?

Je ne connaissais pas ces binaurals beat ! Ca m’intéresse ce truc ! Thérapeutique peut-être pas, mais disons que c’est important pour moi que ma musique fasse du bien, c’est aussi pour ça que j’aime bien cette imagerie des années 80, de soleil, de plage et de cocktail car ce sont des choses qui me font du bien à moi. Ce sont des images et des émotions qui m’apaisent et peut-être que ça filtre dans ma musique… En tous cas, ça m’intéresse ces binaurals beat, c’est un bon business (rires).

En gros, mieux vaut écouter ta musique que se droguer non ? C’est un bon message pour les jeunes…

Oh oui ! vous droguez pas les jeunes hein , c’est pas bien !

Une faveur stp : tu montrerais tes yeux pour les lecteurs de StreetPress ?

Bien sûr !

Source: Benjamin Gans | StreetPress
Crédits photos: Michela Cuccagna | StreetPress