« Il y a 6 mois, Matt Houston voulait faire un concert dans mon café mais on n’était pas sûr de lui trouver une date. Il a insisté en disant qu’il avait vendu des milliers de disques. Je lui ai répondu que je n’avais jamais entendu parler de lui. Du coup, on s’est embrouillés. Tu connais, toi, Matt Houston ? » demande Fred Weis, ancien pivot de l’équipe de France de basket et médaillé d’argent aux JO de Sydney.
C’est à Limoges, à deux pas de son tabac-presse de l’avenue du Général-De-Gaulle, que StreetPress le retrouve. Après son échec dans la restauration, Fred Weis file des coups de main à son épouse en tenant la caisse de leur débit de tabac, Le Marigny. Il passe aussi relever les compteurs au Zoom, un bar lounge de centre de Limoges qui lui appartient. Fred Weis, 2m18 et à la cool dans ses espadrilles pointure 50 :
« J’essaie de faire tous mes trucs entre 8h et midi pour être tranquille l’après-midi. »
Saute-mouton
Dunkorama Vince Carter en apesanteur
Fred Weis c’est l’histoire d’un mec trop gentil qui a souvent la poisse. Il me prête son casque Beats By Dre encore emballé pour que je retranscrive notre interview au frais dans son café. Patatras. J’abîme le bouton on/off à l’allumage. Poisse toujours, c’est lui qui se retrouve sur le chemin de Vince Carter quand le bodybuilder du Team USA décide de taper le dunk du siècle aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000.
Il a aussi dû renoncer à aller jouer aux New York Knicks en NBA à cause de pépins physiques et de la condamnation en première instance de son agent à 18 mois de prison ferme. De quoi lui conférer l’image d’éternel looser du basket français. Malgré une belle carrière au CSP Limoges, en Espagne et en équipe de France.
Piqué dans son orgueil, Fredzilla dans sa chemise à carreaux bleu flashy choisie par son épouse :
« J’ai été la tête de turc parce que j’étais le plus gentil. Je ne disais jamais rien. Mais à l’Euro 2005, j’ai sorti aux journalistes : “Le premier qui dit que je suis lymphatique ou nonchalant je lui en mets une.” Curieusement ça s’est très bien passé avec la presse. »
Me, myself & Fred Weis / Crédits : Robin d'Angelo
Dépression et autisme
Avec sa grosse voix à la Grand Corps Malade, Big Fred balance des anecdotes sur Marc M’Bahia et Hughes Occansey. Puis il chambre sa femme Celia et son jeune neveu, venus nous rejoindre autour d’une salade cabécou. Frederic Weis a la patate et ça fait plaisir. Car tout n’a pas été très rose ces dernières années. Deux tentatives de suicide, une séparation avec Celia et un peu trop d’alcool à la fin de sa carrière à Bilbao :
« Je traînais tard dans les bars. Mon rêve c’était que quelqu’un vienne me chauffer pour que je puisse le tabasser. Mais bien sûr, t’as vu ma taille, ce n’est jamais arrivé ! »
La cause de cette dépression : l’autisme de son fils Enzo que Fred n’accepte pas. Aujourd’hui, le géant est plus proche du gabarit de Shaq Fu que de Gregor Fucka :
« Tout le monde me dit : “Oh t’as grossi”. “Ouais j’ai grossi parce que mon fils est autiste et que je l’ai très mal vécu. Et les cachets, ça fait grossir.” Quand je dis ça, ça calme en général ! »
Tout le monde veut prendre sa place
Depuis 1 an, son fils Enzo, âgé de 12 ans, va dans un centre spécialisé :
« C’est dur de franchir ce cap et de se dire que le cycle scolaire normal, c’est fini pour lui. Mais une fois que tu l’as fait, tout le monde va mieux. »
Fred et sa famille viennent d’emménager dans une nouvelle maison après des mois de recherche. Pas facile de trouver une hauteur de plafond suffisante quand on mesure 2.18 mètres. Encore moins de faire changer d’environnement à un enfant autiste :
« Hier encore, mon fils criait, “je ne reste pas ici, je ne reste pas ici !” Sa mère et moi, on s’est retrouvé à pleurer comme deux cons. »
Le pivot a repris du service en Excellence à Aixe-sur-Vienne. Il y joue avec ses potes et son neveu de 17 ans qu’il a pris sous son aile. Ses qualités de chambreur en font aussi un consultant de luxe pour France Bleu Limousin où il commente les matchs d’Euroligue et de championnat. En 2011, Frédéric participait à Tout le monde veut prendre sa place sur France 2 :
« J’essaie de dire à plein de monde d’y aller. Nagui est vraiment très sympa. »
Cet été, il a même réussi à convaincre l’animateur de faire une émission spéciale avec les anciens du CSP Limoges. Mais le show a été annulé à cause de la grève des intermittents du spectacle. Une histoire de poisse sans doute…
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER