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    17/10/2014

    Samedi, il manifestera pour les droits des personnes trans et intersexes

    Bruce est trans et il en a ras-la-casquette qu’on le prenne pour un malade mental

    Par bruce

    Bruce est un garçon trans, et samedi il défilera pour ses droits : aujourd’hui il lui est impossible de changer son Etat civil ou même son prénom, parce qu'il ne prend pas d’hormone et ne voit pas de psy. Il témoigne.

    J’essaye d’aller à l’Existrans chaque année. C’est hyper important que ce genre de marche existe, pour ne se pas sentir isolé. C’est tout de même un événement national, et la vie trans n’est pas forcément très développée dans notre pays. Moi, ça fait un certain temps que je milite donc je ne suis plus dans l’émerveillement que je pouvais avoir en début de transition (bruce est un garçon trans – FtM, soit Female to Male -, ndlr) : à l’époque, c’était vraiment bien d’être entouré de personnes auxquelles tu peux t’identifier, de ne pas se sentir tout seul. Maintenant, j’y vais plus par habitude et pour les revendications.

    Lutter contre la transphobie

    Comme depuis quelques années, l’accent est mis sur les papiers d’identité, c’est-à-dire sur le changement d’État civil. On veut qu’il soit libre, gratuit, facilité et démédicalisé. On milite aussi pour la dépsychiatrisation de la prise en charge des personnes trans. Les trans sont encore vus comme des malades mentaux qu’il faut soigner. Certains ne vont pas bien, comme tout le monde… Ce n’est pas forcément lié à leur transidentité ! Personnellement, je suis très épanoui, merci.

    C’est pour ça que, certes, l’Existrans est importante, c’est super de marcher ensemble et de montrer qu’on est nombreux – et c’est l’occasion de faire la fête aussi ! Et puis être visible est aussi une manière de lutter contre la transphobie. Mais les choses les plus importantes se passent malheureusement dans les ministères, où se déroulent toutes les démarches invisibles. Je n’ai pas l’impression que le rapport de force se joue dans la rue en ce qui concerne nos luttes.

    Psy obligatoire

    Nous sommes clairement des citoyens de seconde zone. C’est pour cela que la principale revendication – le changement d’État civil libre, gratuit, démédicalisé – s’adresse au gouvernement. C’est tout simplement une question d’urgence ! Les lois sont super en retard. Et, en France, ce sont ces sujets qui nous précarisent en premier lieu. Par exemple, moi, j’ai choisi de ne pas prendre d’hormones – des injections de testostérone – je ne vois pas de psy, je n’ai pas fait mon opération en France… Pour tout cela, je ne peux pas prétendre à un changement d’État civil ni même à un changement de prénom. Donc parfois c’est compliqué !

    Quand tu veux chercher un appart, un boulot, voyager… Toutes les choses de la vie courante en fait. Si tu as un 2 sur ta carte vitale (le chiffre qui fait référence au sexe féminin sur les papiers administratifs, ndlr) mais que tu as de la barbe, les gens ne comprennent pas. Moi j’ai beaucoup de chance : je n’ai aucun problème avec mon boulot, ma famille et mes amis. Quand tu n’es pas blanc, que tu es peu entouré, que tu ne viens pas d’un milieu aisé etc, ça peut être beaucoup plus dur.

    En tout cas, si je le pouvais – sans être obligé de voir un psy et un endocrinologue – je changerais d’État civil tout de suite évidemment ! Il y a parfois un débat dans la communauté trans autour des gens qui veulent un changement facilité et ceux qui veulent plus, à savoir la suppression de la mention de sexe sur les papiers d’identité. Personnellement, je pense que les deux ne sont pas incompatibles. A terme ce serait génial qu’il n’y ait pas ces mentions-là du tout sur nos papiers.

    Le problème, c’est que le contexte politique est tellement dur en ce moment que les questions trans ne sont pas prioritaires pour le gouvernement. Et vu le retour de bâton qu’on se prend par les intégristes… Je ne suis pas hyper optimiste. En revanche, sur les questions de visibilité, on avance. Les gens savent plus ou moins que nous existons !

    Propos recueillis par Elsa Bastien

    NB : la photo illustrant l’article a été prise lors de l’Existrans 2007.

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