(img) Génération H, tome 2
Alexandre Grondeau, prof à la fac d’Aix-en-Provence le jour, écrivain la nuit, présente le tome 2 de son roman « Génération H ». La suite des aventures de Sacha entre sound-systems, spliffs et quête du sens de la vie.
La promo du premier opus lui avait valu quelques galères. Suite à interview donné à France Info, il s’était fait taper sur les doigts par le CSA, pour apologie de la consommation de drogue. Alex Grondeau mesure depuis chaque prise de parole ne souhaitant « pas avoir de problème par rapport à son taff ». Dans ce 4ème roman, il raconte les milieux undergrounds de la France qui fume.
Qui est Sacha, le personnage principal de ton bouquin ?
Sacha c’est le héros de Génération H. Il fait les 400 coups avec sa bande de copains dans les années 90, période où le mouvement technival et les milieux undergrounds sont à leur apogée. Sacha c’est aussi le surnom que mes potes m’ont donné quand j’avais 15 ans, en référence à un révolutionnaire russe dont j’ai oublié le nom. D’ailleurs Sacha veut dire Alexandre en Russe.
Le sous-titre de ton roman, c’est « tête chercheuse d’existence ». Ça veut dire quoi ?
Pour moi, les têtes chercheuses d’existences ce sont des gens qui tentent de découvrir le sens de la vie à travers l’exploration de leurs sens, passage obligé pour la réalisation de leur épanouissement personnel. Être premier de sa classe, épouser une femme, avoir des crédits, un chien et une vie rangée, c’est sûrement un chemin que certains prennent et tant mieux pour eux. Moi, ma manière de voir les choses est radicalement différente. Je pense qu’on est obligé de passer par des déséquilibres, des abus et des choses un peu extrêmes pour connaître ses limites et construire sa personnalité.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Je n’ai jamais trouvé de livres en français sur ma génération, les milieux undergrounds en France, le mouvement technival ou des gens vivant sur les routes. Je pense que la littérature est faite pour déranger et pas seulement pour parler des couples qui se trompent ou des crises existentielles du quinqua parisien. Ce livre c’est un moyen de raconter notre jeunesse, nos expériences, nos joies et tentations, tout en rendant hommage à une génération, qui approche maintenant de la quarantaine et n’a pas renié ses rêves.
Dans Génération H, en gros tu dis qu’on peut aimer le cannabis tout en menant une vie « respectable ». Est-ce une manière de dénoncer certains clichés ?
Effectivement, on essaie souvent de me coller l’étiquette de l’écrivain rebelle de service, parce que je parle de drogue et de sexe. Mais je parle de gens qui sont totalement intégrés dans la société. Ils sont aujourd’hui avocats, chefs d’entreprise, militaires ou même artisans. On n’a pas tous été des poètes maudits, devenus héroïnomanes, défoncés ou suicidés. Au contraire, ce n’est pas une vision des milieux undergrounds totalement apocalyptiques dont je parle mais plutôt ceux solaires. J’ai voulu expliquer qu’on peut avoir une jeunesse vraiment bien entamée, sans pour autant être en rupture avec la société.
Quel est ton mot préféré pour désigner la plante favorite de Sacha ?
Je n’ai pas vraiment de mot préféré, mais c’est vrai que le champ lexical de la culture H est très riche. Il y a toute une expertise, un savoir-faire et une maitrise de la qualité dans le monde cannabique qu’on peut rapprocher, à bien des égards, aux œnologues dans l’univers du vin. La différence, c’est que la France Pinard laisse s’exprimer ses experts mais pas ceux de la France Pétard.
Sacha et sa bande « d’artistes de la fume » expérimente le cannabis sous bien des formes. A ton avis qu’elle est leur meilleure expérience de défonce ?
Le bouquin se passe dans les années 1990. A l’époque c’était le « charas », que beaucoup considèrent comme la meilleure fume qui existe. Et pour la fumer, ils utilisaient un shilom [pipe en terre cuite], si possible un Renzo ou un Ackerman, qui sont les rolls royce de la fume. Tu te rends compte qu’il ne s’agit pas qu’une histoire de plaisir, il y a un côté mystique dont je parle beaucoup dans le livre avec un certain nombre de rituels. C’est ça qui est bien d’ailleurs avec le cannabis : des gens viennent pour rigoler d’autres pour réfléchir ou encore pour se soigner.
Est-ce que tu t’es assuré auprès de ton éditeur que l’encre de ton livre était non toxique pour faire sécher sa weed entre deux pages ?
Évidemment… que non ! En revanche, je voudrais me servir de cette interview chez StreetPress pour lancer un appel à mon éditeur : j’aimerais, si on dépasse les 15.000 exemplaires, qu’ils me promettent defaire une version collector de Génération H en chanvre ! Avec une couverture à l’intérieur de laquelle il y aurait des cartons.
D’autres projets en cours ?
Le film, tout d’abord. J’ai été démarché par des producteurs et j’ai accepté de céder les droits pour une adaptation au cinéma à une condition : que le caractère transgressif du bouquin soit fidèlement retranscrit à l’écran. Du coup c’est moi qui m’occupe du scénario. Puis le tome trois que je suis en train d’écrire depuis un an. Il va me falloir encore un an et demi car le travail sur les dialogues me prend beaucoup de temps… J’essaie d’être à la hauteur de la Génération H que j’adore.
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