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    26/07/2016

    Concerts à la demande et disques emballés main

    Odezenne, les bricoleurs du rap français

    Par François Rieux

    Le groupe de rap Odezenne a tout d’une petite entreprise. De l’envoi des disques à l’organisation des concerts, le groupe a la main sur tout. Un quotidien que les 3 compères nous racontent avant de monter sur la scène du Fnac Live.

    Hôtel de Ville de Paris – « On va se caler là si tu veux. Le canapé rouge ça fait très Drucker ou Complément d’Enquête », ironise avec un sourire Alix, l’un des membres d’Odezenne. Dans quelques heures, lui et ses comparses Jaco et Mattia seront sur la scène du Fnac Live 2016. « Je suis super chaud pour tout à l’heure ! Par contre, il va falloir que je vire les espadrilles ! », balance Mattia en rigolant.

    Clip Odezenne – Je veux te baiser

    Odezenne, c’est des potes. Ils se connaissent depuis l’adolescence et vivent toujours ensemble. « Dans la même maison, chacun à un étage à lui. On est une famille ! », lance Jaco, les yeux fatigués, la barbe et les cheveux hirsutes.

    En 2015, le groupe a sorti son troisième album Dolziger Str. 2, enregistré à Berlin. Malgré leur popularité grandissante depuis le titre Je Vais Te Baiser en 2014, les trois amis sont toujours en marge de l’industrie et restent des artisans de la chanson. A StreetPress, ils racontent leurs concerts à la demande et leurs nuits blanches pour emballer des CDs.

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    Odezenne et du mobilier en tek / Crédits : François Rieux

    Finalement, vous êtes toujours en indé ?

    Alix : On a monté la structure Universeul qui est désormais notre label sur lequel Odezenne est signé. Avec Tôt ou Tard, on a un contrat de licence pour cinq ans. Pendant ce laps de temps, ils se chargent de la production et la distribution des disques. Nous, on continue de créer le contenu, c’est à dire les CDs, les affiches, les clips et le packaging de nos albums.

    Il y a eu beaucoup de couverture médiatique autour de “Dolziger”, c’est le début de la reconnaissance grand public ?

    Jaco : Non.

    Alix : Je ne crois pas, non. Ç’aurait pu car la sortie était bien partie mais malheureusement ça n’a pas pris comme on l’aurait voulu. Si on avait eu un live au Grand Journal ou d’autres couv’ plus mainstream peut-être.

    Jaco : Les radios ne suivent pas non plus. Il y a personne qui accroche vraiment à ce qu’on fait. On nous dit que c’est trop triste, trop bizarre, trop tout quoi.

    Alix : A partir du moment où t’es pas joué en radio, c’est un peu comme des coups d’épées dans l’eau. Une couv’ de mag’ c’est tous les quinze jours. En radio le matraquage, c’est toute la journée. Après, on ne crache pas sur ce qui a été fait sur nous. On est très contents de la visibilité que nous ont donné ces médias-là.

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    Alix est dans le brouillard / Crédits : François Rieux

    Même en étant sur le même label que Vianney ou Yaël Naïm ?

    Alix : Dans un label, tu as plein d’artistes et chacun a ses propres connexions, son propre staff. Ce n’est pas parce qu’il y a des gros noms que ça booste les autres.

    Mattia : C’est pas notre truc non plus de vouloir passer en radio, faut l’avouer.

    Jaco : Ouais, exactement, nous, ce qu’on veut faire, c’est du son, de la chanson et s’éclater.

    C’est pour ça que vous avez en parallèle recommencé l’Odezenne-à-la-demande ?

    Alix : Oui, car ce sont des concerts qui n’ont pas la même saveur. On demande sur Facebook qui veut nous voir, dans quelle ville, puis trie les réponses et on trouve une salle. C’est différent des concerts planifiés. Quand c’est à la demande, les gens se mobilisent, se déplacent plus car ils savent que c’est grâce à eux qu’on joue.

    Jaco : Il y a surtout le fait qu’on repasse dans des villes où on a déjà joué. Les gens nous connaissent, reviennent faire la fête. C’est un peu comme retrouver des potes. Je pense que c’est important.

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    Jaco voit la lumière / Crédits : François Rieux

    Vous emballez toujours vos CDs vous-mêmes ?

    Alix : Ça, c’est à Jaco qu’il faut demander !

    Jaco : J’ai emballé tous les Dolziger. Faut prendre ça assez simplement. Tu fais des chansons, tu fais un disque, donc il faut faire le reste. Pour la version deluxe [le pack compte un drapeau, un fanzine, le CD et un bout de la porte du studio, ndlr] il y en avait genre 5000. Donc tu plies un foulard de 1m20 sur 80 en 12 centimètres, pareil pour le fanzine qui est de la taille d’un journal. Puis, tu découpes au même format les poches [emballage, ndlr], tu soudes et puis tu envoies le tout. Quand des gens nous envoient des mots d’encouragement, même chose : on leur répond avec un joli petit mot. Ça me paraît normal et c’est quand même mieux qu’un simple goodies. Je n’ai pas vraiment de mérite, c’est grâce à mes années d’entrepôts à Rungis [il a travaillé pendant plusieurs années comme manutentionnaire, ndlr]. Bon à la fin j’avais des cloques partout sur les mains mais c’était bien pire pour les autres. Alix et Mattia ont quand même dû éclater la porte du studio en 5000 morceaux !

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    Sage comme une image / Crédits : François Rieux

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