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    10/11/2016

    On vous dit tout sur les rois d'Oberkampf

    Les nouveaux patrons de la fête

    Par Camille Diao , Michela Cuccagna

    Avec le Perchoir, l’Alimentation Générale ou l’UFO, Oberkampf est l'un des hauts lieux de la nuit parisienne. En 10 piges à peine, les bars à la mode ont remplacé les bistrots à l'ancienne. Aux manettes, des trentenaires biberonnés au marketing...

    Ils s’appellent Selim, Alexis, Adrien ou encore Thibaut. Tous patrons de bars à Oberkampf, ils se sont lancés à moins de 30 ans. Une poignée d’années plus tard, les voilà à la tête de plusieurs établissements.

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    Nouvelle génération de patrons, ils ont remplacé peu à peu les Kabyles, qui tenaient les bistrots à l’ancienne. « Sur la cinquantaine de patron de la rue Jean-Pierre Timbaud, il doit en rester 5 », estime Saïd Messous, boss de l’Alimentation Générale, lui-même issu de la communauté et qui du haut de ses 40 ans fait le pont entre ces 2 générations.

    Ces patrons d’un nouveau genre, biberonnés au marketing et aux business plans, voient dans le biz’ de la teuf l’opportunité d’échapper au rythme métro-boulot-dodo et de laisser libre cours à leur créativité. Le résultat : des bars-concepts, à la déco et à la com’ léchées.

    StreetPress a rencontré quelques-uns des patrons de bar qui ont fait la réputation d’Oberkampf.

    1 Le pionnier : Saïd Messous

    Sans Saïd Messous, la rue Jean-Pierre Timbaud ne serait peut-être qu’une rue dortoir. Lorsque le boss de l’Alimentation Générale arrive dans le quartier en 2005, il n’y a guère que le Petit Garage pour ambiancer la rue après 20 heures. Saïd lui, compte bien « briser les codes » de la nuit parisienne à coups de concerts éclectiques et de couscous gratuit. Le succès est immédiat. 10 ans plus tard, le coin est devenu une rue de la soif à la mode. « C’est un peu de ma faute », s’excuse presque le tenancier.

    Ado, Saïd fait ses armes dans la brasserie de son oncle à Clichy. Puis en 1996, à 18 ans à peine, le Kabyle ouvre le Bar du marché à Montreuil. Suivront 4 autres spots en banlieue avant la grande aventure parisienne. 20 ans plus tard, celui qui se rêvait cinéaste gère pas loin de 70 personnes, réparties sur 7 établissements.

    Aujourd’hui, Saïd Messous a 40 ans et toujours 1.000 idées sous le coude pour démocratiser la teuf à Paris. Son nouveau bébé, le Punk Paradise, a ouvert ses portes en février 2016 rue de la Folie-Méricourt. Un club dans lequel il espère retrouver l’esprit popu de l’Alimentation Générale des débuts.

    Ses établissements dans le quartier : L’Alimentation Générale, L’Alimentari (pizzeria), Le Touller Outillage (bar à vin), et le Punk Paradise (club).

    Ses autres lieux : le Bar du marché et le Chinois (Montreuil), l’Olympic Café à la Goutte d’Or (Paris 18e).

    2 Le golden boy : Adrien Boissaye

    « Sympa la vue de cette terrasse. Et si on y ouvrait un bar ? » Le Perchoir, le plus trendy des bars rooftop de Paris, est né d’une boutade, un soir de printemps 2011. A l’époque, Adrien Boissaye, 25 ans, organise un apéro sur le toit de l’immeuble où il tient une boîte dans la gestion de patrimoine. Un oncle, un cousin et un pote d’enfance le prennent au mot. La suite de l’histoire est simple comme bonjour : La petite équipe se charge de convaincre le proprio de leur louer l’espace après quelques travaux. En juin 2013, le Perchoir ouvre ses portes et fait le buzz : la jeunesse branchée s’y presse malgré le prix élevé de la pinte.

    Pour l’équipe du Perchoir, tout s’est enchaîné à la vitesse de l’éclair : l’année suivante, alors que l’équipe ouvre un bar-péniche à Boulogne, le BHV leur propose d’occuper leur toit pour ouvrir Le Perchoir Marais. En 2015, bis repetita avec le Pavillon Puebla aux Buttes-Chaumont. A chaque fois, un lieu d’exception et une déco bohème signée par maman et tata.

    Aujourd’hui, Adrien a la capacité « d’ouvrir et équilibrer un établissement par an ». Une réussite dont il fait profiter son entourage : l’immeuble accueille désormais un espace de coworking, une boîte de prod’ et une agence de création visuelle, tous tenus par des proches. Ce soir de décembre où StreetPress est passé le voir, toute la clique était réunie pour applaudir Adrien, déguisé en Père Noël, descendant la façade en rappel. Avec de nouveaux cadeaux dans sa hotte.

    Ses autres lieux : Le Perchoir Marais (Paris 4e), Le Pavillon Puebla (Paris 19e), La Passerelle (Boulogne).

    3 Le débrouillard : Selim Hammoumi

    Le bac en poche, Selim Hammoumi et sa bande de copains banlieusards se lancent à l’assaut de la capitale au milieu des années 2000. Certains percent dans la mode avec la marque Tealer, dont StreetPress vous parlait, d’autres dans la vidéo avec les productions Get A Way. Pour lui, ce sera les bars où il bosse pour financer ses études de psycho. Quand à 25 ans, l’étudiant a l’opportunité de reprendre la gérance d’un PMU de la rue Jean-Pierre Timbaud, il ne se pose pas de questions : Selim quitte la fac et embarque quelques potes dans l’aventure. Sans une thune, ils font les trottoirs de Paris pour récupérer du mobilier. 6 mois plus tard, en 2011, la Droguerie Moderne est inaugurée dans une ambiance hip-hop avec « une déco à 0 euro. »

    Le premier public de Selim, les copains et les copains des copains, qui vendent leurs t-shirts, tournent leurs clips, et grâce à qui le bar ne désemplit pas. La Drogue Moderne n’est qu’une première étape : en 2012, il devient gérant du Workshop, du côté de Beaubourg, avant d’acheter Le Ciré Jaune en 2013, rue Saint-Maur. Un premier lieu bien à lui, acquis grâce aux sous de ses premiers établissements et au soutien financier de son entourage.

    Aujourd’hui, il manage 25 employés, dont une bonne moitié de potes, répartis entre 2 bars. S’il a choisi de fermer la Droguerie Moderne en 2014, lassé de se battre contre les associations de riverains, Sélim ne se laisse pas décourager. Son rêve : l’étranger. « J’y pense tous les jours ».

    Ses bars dans le quartier : Le Ciré Jaune. Avant, La Droguerie Moderne (2012-2014).

    Ses autres lieux : Le Workshop (Paris 3e)

    4 Le tycoon : Alexis Poirson

    La bande de l’UFO, c’est l’histoire de 3 potes qui rêvent d’ouvrir un bar rock’n roll et qui finissent à la tête d’un petit empire d’établissements à la mode. Tout a commencé rue Jean-Pierre Timbaud, où ils ouvrent leur premier bar, l’Orange Mécanique, en 2007. Avant de récidiver l’année suivante, avec l’UFO. Aujourd’hui, ils exploitent 7 lieux à Paris et emploient 65 personnes. Leur marque de fabrique : à chaque bar, un concept. Leur fleuron, le Moonshiner à Bastille, rejoue l’époque de la prohibition avec un bar à cocktail caché dans la chambre froide d’une pizzeria.

    Derrière cette success story, Alexis Poirson, 37 ans, et ses deux associés Thomas Crand et Charles Aurambault. Le premier se consacre exclusivement à leurs bars, après avoir gagné sa croute dans la logistique en Afrique. Les deux autres sont respectivement à la tête d’une société spécialisée dans les énergies renouvelables et journaliste au magazine Gonzaï.

    En novembre 2015, ils ouvraient leur premier restaurant, la pizzeria Louie Louie, rue de Charonne. Avant de quitter peut-être la rue Jean-Pierre Timbaud ? « Aujourd’hui c’est très dur dans le quartier, regrette Alexis. Il y a la concurrence de Pigalle ou de la rue Saint-Martin, et les problèmes avec les riverains. »

    Leurs bars dans le quartier : L’UFO et l’Orange Mécanique.

    Leurs établissements à Paris : Le Moonshiner, Louie Louie (Paris 11e), Le Kremlin, Rock’n Roll Circus (Paris 18e), le Dirty Dick (Paris 9e).

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