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    19/01/2017

    Patrons voyous, anti-mariage gay, élus peu scrupuleux...

    Ces affreux jojos viennent d'être décorés de la Légion d’honneur

    Par StreetPress

    Ils ont licencié, organisé l'évasion fiscale, profité d'avantages indus ou défilé contre le mariage pour tous... Et pourtant, début janvier, le gouvernement les a décorés de la plus haute distinction française : la Légion d'honneur.

    C’est une tradition. Chaque année au mois de janvier l’Elysée publie la liste de ces citoyens décorés de la Légion d’honneur. C’est la plus haute distinction française. Elle récompense « les citoyens les plus méritants dans tous les domaines d’activité », nous apprend le site de La grande chancellerie de la Légion d’honneur.

    La promo de ce premier janvier 2017 compte pas moins de 731 personnalités, nouvellement décorées ou montées en grade. Une liste que StreetPress a scrupuleusement épluchée. Entre l’actrice Zabou Breitman et le résistant Pierre Scholla, on a dégoté quelques profils plus controversés. Revue d’effectif.

    1 (upper) Les amis des travailleurs

    Philippe Darmayan, c’est le big boss en France d’Arcelor Mittal. Vous savez, la fermeture définitive des hauts fourneaux de Florange, en 2013, c’était eux ! Une affaire qui avait fait grand bruit. A l’époque, Darmayan n’était pas à la tête de la boîte (il s’occupait de la « restructuration » d’une autre entreprise du secteur, Aperam).

    Le hic, c’est que le gouvernement nous assurait, après la fermeture du site mosellan, avoir arraché la promesse qu’il n’y aurait plus de licenciement jusqu’en 2017. Sauf que l’Humanité nous apprend que leur plan compétitivité présenté en juillet prévoit la disparition de 300 emplois sur quatre ans. Et cette fois, c’est bien Philippe Darmayan qui est aux manettes…

    Parmi les décorés on trouve également la patronne d’Orange France. Fabienne Dulac occupe différents postes à France Télécom depuis son arrivée en 1997. Mais reparler de la vague de suicides qui touche la boîte entre 2008 et 2009 ne serait que pure mesquinerie. D’autant que c’est son ex-patron et la boîte en elle-même qui sont mis en examen pour harcèlement moral.

    2 %(upper) Le spécialiste de l’évasion fiscale %

    « Mon ennemi c’est la finance ! », tonnait François Hollande en campagne. S’il y en a un que la finance – dans ce qu’elle a de moins jojo – ne semble pas trop déranger, c’est Sévérin Cabannes. Le quinqua n’est rien de moins que directeur général délégué de la Société Générale.

    Au printemps 2016, Le Monde, associé à 108 autres rédactions, publie une série d’enquêtes qui s’appuient sur les Panama Papers. On y découvre que la « SoGé » a organisé la création de sociétés offshores destinées à cacher des fonds aux services fiscaux. Et la banque française n’y est pas allée avec le dos de la cuillère puisque selon le quotidien elle a créé pas moins de 979 sociétés offshores. A l’époque le ministère des finances tape du poing sur la table et convoque les dirigeants de la banque. A peine plus de 6 mois plus tard, il décore l’un de ses boss.

    3 (upper) Les vendeurs d’armes et autres systèmes de surveillance

    Jean-Louis Montel bosse pour l’un des fleurons de l’industrie française : Dassault Aviation et son bébé, le Rafale. Après des années de disette, en 2015 et 2016 la boîte a enfin commencé à exporter cet avion de guerre, notamment grâce à une commande du très démocratique état du Qatar impliqué dans un conflit (aux côtés de l’Arabie Saoudite) au Yemen. En octobre un bombardement de cette coalition tuait 140 civils.

    Il y a une entreprise française très représentée dans cette promotion de rentrée : Safran. Pas moins de quatre cadres du groupe d’aéronautique, de défense et de sécurité décrochent une breloque. Pour mémoire : en 2011, le site Owni révélait que la boîte tentait de vendre, par l’intermédiaire du sulfureux Ziad Takieddine, un « programme d’identification des citoyens libyens » à Kadhafi.

    4 (upper) Les élus méritants

    La « République exemplaire », c’est un concept has been, de ceux qu’on manie en période de campagne. Pourquoi s’encombrer avec le reste du temps…

    Il y a un ancien élu que ce gouvernement semble avoir à la bonne : François Brottes. Jusqu’en 2015, il est député PS. Mais lassé de la politique, il décide de se retirer. Selon Le Point, Ségolène Royal lui fait la promesse de le recaser à la tête de RTE, une filiale d’EDF. Un joli cadeau puisque le job est payé 398.000 euros ! Une nomination très critiquée. Certains jugent qu’il y a conflit d’intérêts au regard de ses anciennes fonctions, notamment à la tête de la commission des affaires économiques. Des mauvaises langues.

    Il y a un autre élu décoré en cette rentrée qui s’est empêtré dans un petit problème de conflit d’intérêts. En octobre 2015, Frank Cecconi, élu UDI au conseil régional d’Île-de-France, se fait prendre la main dans le pot à confiture. Paris Match révèle qu’il occupe un logement social. Pas vraiment bien vu, mais pas forcément indu. Ce qui pose un peu plus question, c’est que l’appartement lui a été attribué en 1996 par le Conseil Régional, assemblée au sein de laquelle bossait à la même époque, en qualité de collaborateur du groupe UDF… notre bon Frank Cecconi.

    5 (upper) Les anti-mariage pour tous

    Vidéo Valérie Debord à la Manif pour tous

    Il faut reconnaître une qualité à Hollande et son équipe : ils ne sont pas rancuniers (nous un peu plus). En 2013, face au projet de loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe, l’église catholique et la droite politique font front commun.

    Mais tout ça est oublié. Le gouvernement offre une médaille à Valérie Debord, porte-parole des Républicains et habituée des cortèges de la Manif pour tous. L’archevêque de Lille, Laurent Ulrich, aura aussi sa décoration malgré la tribune anti-mariage pour tous, qu’il a co-signée. La bafouille valait pourtant son pesant de cacahuètes. Elle dénonce une « réforme de civilisation » (sic) qui va à l’encontre de « l’intérêt supérieur des enfants » (re-sic) !

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