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    07/02/2011

    Interview au vitriol de celui qui « n'en a rien à cirer » qu'on le présente comme « une imitation de Rohff »

    Six Coups MC: « Les producteurs prennent vite la grosse tête »

    Par Samba Doucouré

    Dans A prendre ou à laisser 2, SixCoups MC « s'extériorise » en parlant « de la hass » et « de l'incarcération de son père ». « Mon manager m'a dit de ne pas sortir le titre car il était trop personnel ». On espère qu'il va cartonner.

    « A prendre ou à Laisser 2 » n’est ni un album ni une mixtape: qu’est-ce que c’est au juste ?

    C’est pour ça que j’appelle ça un « album concept » car il y a des morceaux récents, des inédits qui datent de 2004 comme le titre « de tout et de rien » avec Rim-k. Comme pour le premier volume qui a été vendu comme tel et dans lequel il n’y avait qu’un seul inédit « T’as pas plus ».

    Ce genre de projet sonne comme une présentation alors que tu as déjà sorti deux albums …

    C’est surtout pour ceux qui découvrent. On a mis à télécharger que les inédits sur le net, sur iTunes ou Virgin.

    On retrouve beaucoup de featurings sur ce projet: A chaque fois il y a une véritable connexion avec l’artiste qui t’accompagne comme Mister You ou encore Sofiane

    C’est ce qui donne les meilleurs titres ! Comme sur « encore plus féroce » avec Mister You. On n’était même pas partis pour le faire. On était dans un studio qui se trouve au Kremlin Bicetre « Muse production » où j’ai enregistré la plupart des titres de mon premier album. Je faisais écouter des prods à You et il a kiffé celle du titre et m’a dit : « Viens on fait un morceau tout de suite ». On a improvisé une séance et on a posé le titre à l’instinct.

    Dans l’avenir tu comptes collaborer avec d’autres personnes ?

    Je n’aime pas trop aller vers les gens mais je suis complètement ouvert à n’importe quel beatmaker, qu’il soit connu ou pas. Beaucoup de producteurs sur le net me contactent pour m’en proposer et j’en accepte. Je marche au coup de cœur pas au gros nom. Sur le second album on retrouve Dj Nabil qui n’est pas très connu. Trafic Music commence à monter car signé chez Sixonine mais c’est vraiment au feeling.

    Et poser sur d’autres prods ?

    Oui bien sûr ! Mais ce que les auditeurs ne savent pas c’est que les producteurs dont les noms tournent souvent prennent vite la grosse tête, plus que les rappeurs. Il suffit qu’ils fassent une prod pour Rohff ou Sexion d’Assaut et que ça marche, et ils se disent rapidement que Six Coups MC ça sera pour plus tard ou sinon ils te donneront des prods qu’ils ont fait il y a 10 ans. Un producteur devrait être un peu en retrait par rapport à l’artiste alors que ce n’est pas le cas du tout.

    On t’a souvent comparé avec Rohff, comment l’as-tu vécu ? Encore aujourd’hui on dit que tu es une imitation

    Je peux mal prendre le fait qu’on dise que je suis une imitation, mais pour la comparaison par rapport à la voix, je n’en ai rien à cirer ! Il y a beaucoup de rappeurs qui ont des voix qui se ressemblent et ce n’est pas ça qui m’arrête. Mais ça a plus été un inconvénient qu’un avantage car il s’agissait plus de détracteurs qui parlaient d’imitation et ce n’était pas pour me mettre en valeur.

    Vous avez quand même quelque chose en commun dans le style, une certaine agressivité ou une rage

    Une rage intérieure oui, ça c’est le vécu ! Je ne sais pas si tu as écouté le titre « Histoire vraie », c’est une grande partie de mon vécu et ce genre de titre exprime toute cette rage, je m’extériorise. Je parle de mes galères, de la hass comme on dit, de l’incarcération de mon père … Je suis quelqu’un qui ne se confie pas et heureusement que j’ai le micro pour le faire.

    As-tu eu du mal à te confier justement ?

    Oui ça a été très difficile de le dire, mais par la suite c’est allé tout seul. Même mon manager ou mes amis m’ont dit de ne pas sortir le titre car il était trop personnel. Mais plus on me disait de ne pas le faire que j’en avais envie. Comme je dis dans le titre, « du vécu, pas toi, pas plus qu’un autre, j’ose porter parole à ceux qui ont vécu la même chose ».

    On remarque souvent dans tes morceaux le vocabulaire des armes ou des bruits de détonations: Tu es fasciné par les guns ?

    Pas forcément. C’est juste parce qu’on me surnomme Verbal Mitraillette ou M-16, mes amis ou même des inconnus m’appellent comme ça, c’est lié au rap-rafale, au freestyle car c’est mon point fort. C’est juste par rapport à mon débit.

    Mais tu entres sur scène cagoulé et dans le clip de 94 juillet, on voit beaucoup d’armes

    Ce n’était qu’un teaser dans lequel je parlais de notre réputation dans le Val-de-Marne, qui est « 94 Capital des braquo » donc tu vois la cohérence.

    Tu fier de cette réputation ?

    Je ne vais pas dire que j’en suis fier, mais c’est trop tard ! Le journal de 20 heures en parle souvent. J’ai préféré joué sur ça avec mon style de rap.

    Je suis quelqu’un qui ne se confie pas et heureusement que j’ai le micro pour le faire

    Tu ne crois pas que ça encourage la stigmatisation ?

    Moi je veux que ce soit pris comme « braquage» au sens général. Dans le titre je dis, « un pied dans la rue et l’autre aux Victoires de la Musique ». Je ne parle pas d’un braquage où il faut entrer dans une banque et prendre les billets, mais plutôt comme à l’image du 113 qui a braqué l’industrie du disque parce qu’ils ont vendu des millions de disques. Justement le clip qu’on a tourné va être totalement refait pour tenter de mettre au maximum en avant ce que je viens de dire : surtout au niveau de l’image, on voulait tourner avec un mode un peu reportage alors que maintenant on souhaite une belle qualité cinéma.

    Est-ce que les codes de Vitry ne sont pas des freins à ceux qui veulent faire un autre rap ?

    Pas spécialement car le rap « vitriot » est large en vérité ; un groupe comme 113 qui fait des morceaux rock, funk, africain ou raï’n‘b, alors que d’autres groupes de Paris ne font que du rap « ter-ter ». Avec tout le respect que j’ai pour 113, je n’ai rien à rapprocher à leur rap, que ce soit pour les titres comme « Fout la merde » ou « Est-ce que tu nous suit ». Je trouve que c’est assez ouvert mais pas trop !

    Ce n’est pas un problème pour réussir l’étiquette de petits frères du 113 ou de la Mafia K’1fry ?

    Moi ça ne me dérange pas car on reste leurs petits frères dans le sens où ils font partie d’une génération au-dessus et on les respecte. Quand j’ai sorti mon album « Un pied dans la lumière » j’ai invité Mokobé et j’ai emmené le titre là où je voulais l’emmener. J’ai réussi à faire le clip que je voulais et à le démarcher en télé et il tourne encore sur les chaînes du câble. En gros, il n’y a pas besoin d’être une tête d’affiche pour faire des projets ! Après aucun rappeur de là-bas ne peut percer sans Vitry derrière lui, et je pense que c’est comme ça partout. Si tu n’as pas le respect de ta ville tu ne peux pas percer sauf si tu fais un produit hors-commun, comme du rap comique ou du rap qui n’est pas de chez nous, qui nous ne parle pas, du rap-buzz.

    Bon sinon sur tes apparitions sur Raï’N B fever 2. C’est quoi ces histoires, tu avais une passion pour le raï ?

    Non pas du tout, j’ai posé cinq titres en tout qui sonnaient plus hip hop/R&B que raï comme le morceau avec Amerie et Willy Denzey. Et si j’ai fait autant de titres c’est parce qu’à l’époque j’étais en coproduction avec ARTOP de Dj Kore et Dj Belek, on s’appréciait, on a passé des vacances ensemble et à chaque fois qu’ils avaient un titre où ils imaginaient du rap dessus, ils appelaient Six Coups MC.

    SixCoups MC – Play Record

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