Pour la première fois, StreetPress publie son top des personnalités à suivre. Elles sont âgées de 20 à 30 ans, sont étudiantes, artistes, paysannes, agentes ou journalistes. Leurs projets, leurs engagements, leurs modes d’action et leur radicalité politique diffèrent. Toutes partagent la volonté de bousculer les normes et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour le futur. Que ce soit dans la lutte pour l’égalité et l’inclusivité, la défense des droits humains, ou pour penser un avenir plus durable, ces actrices du changement sont déjà en action. À leur échelle, elles tentent de redéfinir les rapports de pouvoir et offrent une perspective nouvelle sur ce que pourrait être le monde de demain.
Elles sont 10 femmes cette année. Leurs parcours racontent les aspirations d’une nouvelle génération résiliente, bienveillante, audacieuse et fière, qui portent haut et fort ses convictions.

Le top 2025 des personnalités qui vont changer le monde de StreetPress. / Crédits : Patrice Normand
Vous avez été nombreux à nous écrire durant les élections législatives de juin dernier, avec ces mêmes questions : comment agir ? Que pouvons-nous faire ? Les trajectoires de ces 10 femmes sont autant de réponses, à la fois abordables et inspirantes. Elles vous permettront, peut-être, de trouver votre voix.
Sarah Bennani, Rania Daki & Mariam Touré, la jeunesse populaire

Sarah Bennani, Rania Daki & Mariam Touré / Crédits : Patrice Normand
Âge : 20, 22 et 22 ans
Leurs engagements : plus de jeunes en politique et dans les institutions, une écologie décoloniale, plus de représentativité.
En 2024. Le président Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024. Pour les hyperactives Mariam, Sarah et Rania, impossible de rester les bras croisés : l’angoisse d’une arrivée en force du Rassemblement national dans l’hémicycle est insupportable. Le trio crée un groupe WhatsApp et, en moins de 24h, réunit plus de 100 personnes pour faire du porte-à-porte et distribuer des tracts dans les quartiers. Elles initient la tribune « Nous, jeunes des quartiers populaires, appelons à l’union de la jeunesse pour faire front contre l’extrême droite », publiée dans Libération et co-signée par 6.000 personnes. Les jeunes femmes et leurs soutiens animent des ciné-débats, rencontrent et invitent des candidats à prendre la parole. Leur but ? Encourager la jeunesse des quartiers à se mobiliser et à voter.
Le déclic. « En troisième, des groupes de potes se tapaient dessus. Des rixes entre les jeunes de la ville de mon collège et celle où j’habitais. Certains ont fini à l’hôpital », raconte Sarah Bennani, qui a grandi dans l’Essonne (91). Elle commence à poster des snaps pour raconter son sentiment d’impuissance et enrayer ces embrouilles. « Avec le recul, j’avais un ton moralisateur. Mais c’était mon seul outil de lutte à ce moment-là. »
« Au lycée, j’ai découvert un monde qui n’était pas le mien : les blagues racistes, les camarades qui imitent l’accent “banlieusard”, le mépris de classe, et les récits selon lesquels la colonisation aurait du bon… », raconte Rania Daki, qui a quitté les établissements d’Aubervilliers (93) pour un prestigieux lycée parisien. « J’ai compris que tout était lié. L’écologie doit être décoloniale, le féminisme antiraciste, etc… »
« Je suis née pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire, en 2002 », précise Mariam Touré qui, une fois arrivée en France, découvre un « racisme institutionnel ». Pendant ses études à la Sorbonne, elle fait partie de la délégation de l’ONU et gère l’antenne des Droits de l’Homme. « J’ai toujours été sensible aux questions de dignité, de représentation, et d’inclusion. »
L’anedcote. Sarah Bennani a gagné deux concours d’éloquence. Rania Daki prépare un double diplôme entre sa prestigieuse école d’ingénieur à Toulouse et la renommée Science Po Paris. Mariam Touré commence un stage aux Nations Unis cette année.
En 2025, pourquoi les suivre ? Sarah Bennani – engagée pour un meilleur accès des jeunes en politique et pour une « démocratisation de la prise de parole » – va monter un projet avec la Jeunesse populaire pour inciter les jeunes à prendre part aux municipales de 2026. Et pourquoi pas des vingtenaires, comme elle, dans les conseils municipaux pour prendre la parole sur les sujets qui les concernent ? L’étudiante en commerce international accompagne aussi des visites de l’Assemblée nationale pour légitimer la place des jeunes générations dans les instances de pouvoir. Elle donne aussi des formations de prise de parole aux jeunes de sa ville. « Si tu ne t’occupes pas de la politique, c’est la politique qui va s’occuper de toi. »
Rania Daki, elle, va continuer de s’investir au niveau national avec la Jeunesse populaire pour préparer l’élection présidentielle de 2027. La porte-parole de Justice Climatique – la branche de lutte écolo de Ghett’up – souhaite mettre en place de nouvelles actions et placer l’écologie décoloniale au centre des débats politiques en vue de la présidentielle de 2027. Avec son podcast et son média Diasporas, elle souhaite également continuer à raconter les récits d’immigration.
Quant à Mariam Touré, elle est la madame internationale de l’équipe. Elle voudrait ouvrir les sièges des instances internationales aux jeunes, qu’ils prennent la parole et défendent leurs opinions. Dans le même temps, la jeune femme voudrait faire émerger des débats autour des conflits et crises dans le monde pendant la présidentielle française.
L’action de rêve de Sarah Bennani : « Ramener La Mafia K’1 Fry à l’Assemblée nationale. » Celle de Rania Daki : « Déposer une proposition de loi. » Celle de Mariam Touré : « Dépêcher une délégation de jeunes à l’ONU, au nom des violations faites par la France partout dans le monde. Ils dénonceraient ce qui se passe dans leur pays et ce qu’ils vivent. »
Leur monde idéal… « Un monde où plus personne n’est à la rue », pour Sarah Bennani. « Où on ne se casserait plus la tête avec le racisme et cette charge mentale que l’on porte », selon Rania Daki. « Un monde où on se regarde tous et où on se respecte », finit Mariam Touré.
Léna Lazare, l’écolo désobéissante

Léna Lazare / Crédits : Patrice Normand
Âge : 26 ans
Engagement : écologie et paysannerie.
En 2024. Léna Lazare est la porte-parole des Soulèvements de la Terre, un collectif écolo et radical qui utilise la désobéissance civile comme mode d’action. Cette année, les militants ont été sur tous les fronts : manifs contre les méga bassines dans les Deux-Sèvres (79) ou le Puy-de-Dôme (63) ; blocage du deuxième port exportateur de céréales du pays, La Pallice à La Rochelle (17) ; perturbation des travaux de l’autoroute A69 (81) ; manifestation de grande ampleur contre la ligne grande vitesse Bordeaux-Toulouse… Léna Lazare a également été poursuivie pour ne pas s’être présentée à une commission d’enquête parlementaire qui examine, entre autres, des violences commises à Sainte-Soline en 2023. À côté de ses activités d’activistes, elle se consacre à son projet de ferme dans l’Orne (61).
Le déclic. Léna vient de la campagne du Pas-de-Calais (59). Sa famille la sensibilise très tôt au dérèglement climatique et à la nécessité de préserver la biodiversité. En 2018, la Suédoise Greta Thunberg inspire des milliers de jeunes, y compris en France, à s’engager pour un avenir durable. Léna en fait partie et renforce les rangs du collectif Désobéissance Paris, avant de prendre part aux grèves pour le climat de Youth for Climate en 2019. « T’essaies la pétition, la manif, et puis, après deux ans, tu constates que tu ne seras jamais écoutée. Alors tu passes à l’action. »
Pourquoi la suivre en 2025 ? Léna Lazare a été relaxée ce vendredi 17 janvier 2025. « C’est absurde ! En 2019, le gouvernement a essayé de récupérer le mouvement écolo en nous invitant à l’Élysée. Maintenant, ils nous traitent d’écoterroristes. » Les Soulèvements et leur porte-parole devraient reprendre leur campagne anti-Bolloré au printemps, avec des actions prévues dans toute la France. Le collectif compte soutenir la lutte contre l’A69 face à l’installation des centrales à bitume. Ils veulent aussi relancer leurs « actions paysannes » : « Pour lutter contre l’accaparement des terres, mais de façon marrante ! Comme quand on a fait les vendanges sauvages chez Bernard Arnault ! »
L’anecdote. À la fac, Léna monte l’asso’ Les Universitaires planteurs d’alternatives, pour demander, entre autres, une option végé au self, le tri des déchets et un approvisionnement du Crous via des producteurs locaux.
L’action de rêve. « Une reprise de terres appartenant à une firme agro-industrielle, pour y installer des paysans et paysannes indépendants. »
Ton monde idéal… « J’aimerais voir naître une société écologique et juste, portée par des dynamiques d’auto-organisation entre habitants et habitantes. Un système politique réellement démocratique, qui vient du bas. Un monde où tout le monde se serait approprié ses moyens de subsistance. »
Inès Robert, randonneuse contre l’isolement social des femmes

Inès Robert / Crédits : Patrice Normand
Âge : 22 ans.
Engagements : contre l’isolement social et pour l’inclusivité.
En 2024. Inès a monté un collectif de randonnée entre femmes, qui se veut bienveillant et inclusif. En quelques mois, l’étudiante en commerce international s’est retrouvée en forêt, le dimanche matin, avec des groupes de plus de 100 femmes. Aujourd’hui, elles sont 1.980 rassemblées sur un groupe WhatsApp. Il y a aussi 7.000 personnes qui suivent Glow and Go Girls – le nom du collectif – sur TikTok et 2.700 sur Instagram. Femmes racisées, de quartiers, voilées, mères au foyer isolées socialement, autant de profils qui avaient besoin d’un espace pour se rencontrer et se confier, selon Inès : « On promet un lieu bienveillant, pour faire du sport ensemble, discuter et reprendre confiance en soi. On a l’impression d’avoir une vie via les réseaux, mais c’est faux : il faut des lieux pour rassembler les femmes. »
Le déclic. Les relations sociales d’Inès s’amoindrissent après une rupture amicale. L’étudiante passe de plus en plus de temps chez elle et s’enferme dans un cercle vicieux. « Après plusieurs mois, je me suis réveillée un matin en décidant de reprendre ma vie en main. J’ai cherché à rejoindre des groupes de running bienveillants qui me ressembleraient, et où je me sentirais à l’aise de montrer mes vulnérabilités. » Elle n’a pas trouvé cette « safe place » et a décidé de la créer.
Pourquoi la suivre en 2025 ? Glow and Go Girls se mue en association cette année et voudrait multiplier les activités tous les week-ends. Le samedi, c’est l’abécédaire, avec une activité différente toutes les semaines, sportive ou culturelle (comme l’aqua-boxing, l’aqua-fitness, la boxe, ou l’atelier de bougie…). Les dimanches, ce sont les randonnées et les courses en groupe. Inès voudrait aussi lancer des masterclass et des espaces pour aider les femmes à développer leurs propres projets.
L’anecdote. Inès raconte avoir lâché une larme à toutes les randonnées. « On a toutes grave besoin de ces moments en réalité. Il y a toujours énormément d’émotion, parce qu’on se confie et qu’on se sent bien ensemble. »
Son action de rêve. « Dénoncer, oui, mais j’essaie de trouver des solutions pour aider les femmes à se sentir mieux. Si je pouvais créer des espaces partout en France, comme on l’a fait en Île-de-France, ça serait incroyable. »
Son monde idéal… « Un monde où toutes les femmes se sentiraient représentées, comprises et entendues. Un système où on n’aurait pas besoin de réclamer du temps de parole et où notre place serait la norme. »
Théa, chanteuse queer et anticapitaliste

Théa / Crédits : Patrice Normand
Âge : 23 ans.
Engagements : anticapitalisme, autonomie, LGBTQI+.
En 2024. De squat en free parties, la chanteuse queer au style emo pop a séduit le public transpédégouine et militant. En 2024, elle a fait sa première tournée pour présenter son opus Paname oestros poubelle. En parallèle, l’artiste a donné des concerts de soutien partout en France contre l’enfermement des personnes étrangères ou pour l’entraide entre femmes trans. Dans ses morceaux, qu’elle dit « viscéraux », elle parle de son intimité pour « aider les gens à tenir et à se battre, contre l’extrême-droite, la transphobie, la situation à Gaza ».
Le déclic. Théa a grandi dans une « famille de gauchistes humanistes ». « Ma mère était baba cool, devant la télé elle gueulait : “Mort aux fachos !”. Mon père faisait de la musique et je le croisais en vélo en manif. » Après un an dans un lycée catho, où elle dit avoir beaucoup séché, elle entre au lycée autogéré de Paris. « Je fréquentais des autonomes, anar’ et coco, et j’ai découvert l’autogestion, les blocages, les manifs… »
Pourquoi la suivre en 2025. L’enfant de la rave a sold out sa première Cigale – 1.400 places – prévue à Paris en avril 2025, avant d’enchaîner une tournée de 80 dates, qui se terminera à nouveau à la capitale pour son premier Olympia – 2.700 places. Elle prévoit de sortir de nouveaux titres dans les mois à venir. Un cri de rage contre les normes de genre et l’effondrement climatique. Héritière des mouvements punk et très engagée dans les luttes LGBTQI+, elle met un kick dans l’industrie de la musique. « Une meuf trans dans ce milieu-là, et qui dit des choses un peu extrêmes, ce n’est pas rien ! »
L’anecdote. En décembre, en concert à la Maroquinerie à Paris, le public a rappelé Théa à revenir sur scène pour une dernière chanson sous les cris : « Tout le monde déteste la police ! »
Son action de rêve. « Me foutre une bombe dans le cul et aller à l’Élysée ! Plus sérieusement, il faudrait court-circuiter les mécanismes néfastes qui sur-enrichissent une poignée d’ordures aux dépens de la planète et de millions d’humains. »
Son monde idéal… « Un monde où on est à la retraite à 13 ans, où les transports sont payés, où les postes de pouvoir ne sont pas attractifs, où les rôles importants sont considérés comme de vraies responsabilités. »
Perrine Bon, manageuse d’influenceurs engagés

Perrine Bon / Crédits : Patrice Normand
Âge : 30 ans.
Engagements : justice sociale et climatique.
En 2024. Avec son agence d’influence engagée Louder, Perrine Bon ne travaille qu’avec des activistes. Au moment des élections législatives, elle a tapé un coup de gueule sur Instagram en interpellant les créateurs de contenus : elle voudrait qu’ils utilisent leur influence contre l’extrême droite. Quatre cents personnalités ont répondu favorablement, dont les chanteuses Pomme et Yelle, les actrices Camille et Justine, la dessinatrice Cht’am la podcasteuse Juliette Katz. Ce collectif naissant a publié une tribune dans le Nouvel Obs : « L’accession de l’extrême droite au pouvoir serait un péril pour nous toutes et tous. » Durant toute la campagne, Perrine coordonne les centaines d’influenceurs, en proposant des actions et des messages chaque jour. Une synergie et une force de frappe qui a contribué à donner de la visibilité aux candidats de la Nupes.
Le déclic. Perrine a travaillé huit ans comme « influence manager » dans de grandes agences de publicité, en collaborant avec Peugeot, Samsung ou Ferrero. Des entreprises qui ne matchaient pas avec ses aspirations progressistes. En 2022, l’association On est prêt lui propose un poste pour sensibiliser aux enjeux environnementaux et sociaux. « Des thématiques qui me parlent politiquement. » Elle découvre qu’influence et politique sont compatibles, et fonde dans la foulée son agence, en janvier 2023.
Pourquoi on parlera d’elle en 2025. « Les marques utilisent les réseaux comme un moyen marketing. Pour nous, c’est un moyen de porter des voix pour qu’elles soient entendues. » Une vision de l’influence détonante, qui nécessite des modèles économiques nouveaux. Exit les entreprises qui ne respectent pas la charte de l’agence. Perrine travaille au financement de ses 12 talents avec, en ligne de mire, les échéances électorales des municipales 2026 et de la présidentielle 2027. « Les réseaux sociaux sont un contre pouvoir. On doit s’investir. »
L’anecdote. Dans son ancienne vie, Perrine Bon a travaillé pour la chaîne de fast-food KFC. « J’étais végétarienne et en même temps community manageuse de KFC, c’était un peu spécial… » Elle raconte qu’elle recevait des buckets et utilisait des petites cannes à pêche pour faire danser les morceaux de poulets frits. « C’était vraiment n’importe quoi, un contenu qui ne servait à rien. Plus jamais ça. »
Son action de rêve. « Faire prendre la parole à des poids lourds de l’influence – comme Léna Situation ou Inox tag – sur les dangers de l’extrême droite et du capitalisme. Ils pourraient avoir un réel impact sur la société. Squeezie a ouvert la voie pendant les élections législatives. »
Son monde idéal… « Un monde qui n’est plus contrôlé par l’argent, avec une nouvelle échelle des valeurs plus respectueuse du droit humain. »
Sofia Chouviat, militante contre les violences policières

Sofia Chouviat / Crédits : Patrice Normand
Âge : 25 ans.
Engagements : contre les violences policières et institutionnelles.
Le déclic. La mort de son père, Cédric Chouviat, après un contrôle de police le vendredi 3 janvier 2020. Le coursier à moto de 43 ans est plaqué au sol Quai Branly, dans le 7e arrondissement de Paris, avec son casque de moto sur la tête. Il répète sept fois « j’étouffe », avant d’être transporté dans un état critique à l’hôpital. Il décède le 5 janvier 2020. Une expertise médicale de synthèse, versée à l’enquête en janvier 2022, confirme la responsabilité des fonctionnaires.
En 2024. Fille aînée d’une fratrie de cinq enfants, Sofia Chouviat porte la parole de sa famille dans les conférences de presse et sur les plateaux de télévision. En octobre dernier, elle enchaînait les émissions de RTL et de France 5 – entre autres – après que le parquet de Paris ait requis un procès pour « violences involontaires » contre trois des quatre policiers qui ont interpellé Cédric Chouviat. Une qualification qui « ne reflète ni la réalité des faits, ni l’intention des policiers », selon Sofia et sa famille, qui ont écrit une longue lettre aux magistrats pour demander que les quatre agents ayant participé à l’interpellation soient jugés pour meurtre.
Pourquoi la suivre en 2025. En début d’année, les trois policiers ont fait appel de la décision du parquet. Sofia et les Chouviat, eux, comptent poursuivre leur présence médiatique en espérant un procès dans l’année. La famille prévoit un événement pour commémorer la mort de Cédric Chouviat, après cinq années « éprouvantes », selon Sofia. Elle continue, aussi, à soutenir les collectifs de familles victimes de violences policières et institutionnelles.
L’anecdote. Sofia Chouviat a participé au documentaire StreetPress « Violences Policières, le combat des familles ». En décembre 2021, lors du tournage, elle nous a confié son deuil impossible et sa détermination à réclamer justice pour son père.
Son action de rêve. « Démasquer les imposteurs des gardiens de la paix : trouver les agents violents et les sortir de la police. »
Son monde idéal… « Un monde où mon père serait encore en vie. »
Jeannette Marié & Anna Jégo, contre les fake news sur l’immigration

Jeannette Marié et Anna Jégo. / Crédits : Patrice Normand
Âge : 25 et 28 ans
Engagement : immigration, antiracisme, ruralité.
En 2024. Pendant les législatives, Komune a fait des milliers de vues sur les réseaux sociaux avec ses vidéos qui décortiquent les idées reçues sur l’immigration : fact-checking des chiffres avancés par les candidats du Rassemblement national, témoignages de personnes exilées,… Jeannette et Anna ont aussi lancé une newsletter et organisé un événement, « La France qu’on est », avec le rappeur Médine en tête d’affiche. Les fonds recueillis ont été reversés à l’asso’ SOS Méditerranée. Les deux entrepreneuses ont gagné 20.000 abonnés et le prix Gabriel de l’innovation sociale.
Le déclic. Jeannette a grandi en ZEP, dans la campagne picarde. En entrant en droit à la fac de Lille (59), c’est « un choc » : « Je découvre la diversité en France… Je constate qu’il y a un grand décalage entre ce que j’avais entendu jusqu’à présent sur les personnes immigrées et ce qu’elles vivent réellement ». L’étudiante devient bénévole dans des asso’ d’aides juridiques, se lie d’amitié avec des personnes réfugiées, puis obtient une bourse pour étudier à Science Po Paris, où elle réalise un master de Droits humains et actions humanitaires. En 2022, elle lance Komune. « Komune, c’est de l’espéranto : ça veut dire “ce qu’on a en commun”. »
Pour Anna, c’est tout l’inverse : jusqu’à ses 14 ans, elle vit à Rennes, « au milieu de la diversité », avant de déménager dans un collège rural au fin fond de la Charente (16). « Mêmes les profs tenaient des propos xénophobes ! » Alors qu’elle développe une appli à destination des artisans, Anna rencontre Jeannette dans un incubateur. « Son projet me donnait beaucoup plus envie que le mien. Je voulais combattre les narratifs sécuritaires et mettre en avant la parole des personnes concernées par l’immigration. »
Pourquoi suivre Komune en 2025. Au printemps, Komune doit lancer sa toute première série documentaire sur YouTube, Mémoires Komune. Le premier épisode sera consacré à l’immigration dite « massive » du milieu du XIXe siècle. « Les migrations polonaise, portugaise ou belge sont oubliées et largement instrumentalisées. Aujourd’hui, on les range dans les “bonnes migrations”. Pourtant, à l’époque, les discriminations étaient les mêmes qu’au XXIe siècle, basées notamment sur la religion. » Les deux jeunes femmes doivent également embarquer sur l’Ocean Viking, le « navire de sauvetage » de SOS Méditerranée, pour raconter la traversée des personnes migrantes.
L’anecdote. Jeannette a grandi dans un village de la Somme (80), fief de néonazis. « Dans mon collège, il y avait beaucoup de crânes rasés et d’ados qui chantaient des chansons hitlériennes dans la cour de récré. »
L’action de rêve. « Enfermer la classe politique dans une salle avec des chercheurs et des médias indépendants pour qu’ils arrêtent avec leurs fantasmes et qu’ils ressortent avec des infos carrées. »
Leur monde idéal… « Une refonte de la politique migratoire d’accueil – les droits des personnes étrangères sont tellement menacés qu’on en vient à demander à ce que la constitution soit juste respectée. »

Ces 10 personnalités de moins de 30 ans ont des projets, des engagements et des radicalités politiques différents. Toutes ont l’ambition de participer à rendre le monde plus juste et inclusif. / Crédits : Patrice Normand
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