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    09/04/2010

    Critique ciné : Immortel, starring Jean Reno and Kad Merad

    Par Benjamin Gans

    Pour savoir pourquoi « Jean Reno joue un peu comme un pruneau trop mûr auquel on aurait ajouté des yeux », lisez la critique du film Immortel, signée Benjamin Gans.

    Immortel-lement inégal

    A peine sorti de la projection du dernier film de Richard Berry et je ne sais quoi en penser. Pas forcément du bien, ni nécessairement du mal tant on sent qu’il y ait mis d’efforts et d’argent. Ce qui est sûr, c’est que le film va si vite qu’il a oublié quelques pages de scénario et la direction d’acteurs en route.

    Immortel-lement casté…

    Au casting de ce film, on retrouve deux poids lourds du cinéma. D’abord Jean Reno qui selon le magazine Capital est l’un des acteurs les moins rentables de 2009. Comment dire… Jean Reno joue un peu comme un pruneau trop mûr auquel on aurait ajouté des yeux. Comme monsieur Patates si vous préférez… D’ailleurs tout le jeu d’acteur de Reno est dans ses yeux : quand il les plisse, il est super sérieux. Quand il les ouvre grands, c’est la stupéfaction. Ses yeux sont fermés, il est en extase. Et quand son œil fait couler une larmichette, c’est la séquence émotion.

    Le cas Merad, c’est l‘inverse. Déjà, niveau rentabilité, contrairement à Jean Reno, il est au top du box office. Et si Jean Reno n’en fait pas assez, Kad Merad en fait presque trop. C’est compliqué de prendre un comédien qui a fait longtemps le comique à la télé et au cinéma pour jouer des rôles dramatiques. Qui se souvient du film Le cousin d’Alain Corneau (1998), premier rôle dramatique d’Alain Chabat (juste après sa période des Nuls) ? Même si Chabat ne jouait pas trop mal, il était impossible de ne pas rire quand on le découvrait en train de défoncer une porte et crier « Police ». Alors l’idée de prendre Kad Merad pour jouer un parrain pourri n’est pas mauvaise, mais elle est très casse-gueule. Dans Je vais bien ne t’en fait pas de Philippe Lioret, son jeu tout en retenue lui avait valu un césar pas escroqué. Hélas, dans Immortel, il aurait fallu que le metteur en scène l’aide un peu plus car on a l’impression qu’il joue deux ou trois personnages différents. Si bien que, lorsque le méchant mafieux aux lunettes noires Tony Zacchia (joué par Kad) sort de son 4×4 blindé escorté de sa bande sur-armée, le spectateur se demandera si ce n’est pas Manitas de las Bitas qui est en tournée promo (Vous savez, Manitas de la bitas, ce fameux gitan qui joue de la guitare avec son organe reproducteur).

    Enfin le casting se termine par des interprétations inégales. Marina Foïs, dont on s’aperçoit qu’elle est la plus douée de la bande des Robins des Bois, s’en tire très bien dans ce rôle de fliquette honnête et veuve. Jean-Pierre Darroussin assure sa partition (mais il est dommage qu’il ait oublié d’apprendre à pleurer). Joey Starr est très bon mais on ne l’aperçoit que trois minutes seulement.

    Immortel, de Richard Berry, avec Jean Reno, Kad Merad, Marina Foïs, Jean-Pierre Darroussin et Jean Reno

    Vu : le lundi de Pâques Gaumont Disney village
    Fréquentation : Salle ¾ pleine
    J’y vais : avec ma team counter strike
    Je grignote : un petit pop corn sucré
    Box office: 729 178 entrées (au 4 avril)
    Note : 2/5

    Immortel-lement pas fini…

    Je n’ai pas lu le roman de Franz Olivier Giesbert qui a inspiré le scénario. Pourtant je me demande si les personnages qu’on aperçoit à peine quelques minutes, comme ceux joués par Richard Berry ou Joey Starr, y tiennent une place plus importante. Et le scénario est tout comme cela : avec des trous béants à peine comblés par des flashback au style stroboscopique. La référence était peut-être Il était une fois en Amérique de Sergio Leone qui était basé sur l’histoire d’amitié de trois jeunes copains qui deviennent les parrains du milieu. L’effet est raté. Dommage car tous les épisodes de la jeunesse de ces futurs caïds auraient sans doute mérité qu’on s’y attarde un peu plus.

    Immortel-lement too much

    Richard Berry réalisateur a beaucoup d’idées. Il en a même trop comme une envie exagérée de donner du style et du rythme à son récit. Du coup, le film pâtit d’effets de mise en scène inutiles ou trop appuyés. Comme ce dialogue entre Marina Foïs et Jean Reno où la caméra tourne si vite que le cadreur et le monteur ont du vomir tout leur déjeuner. Mais il arrive que la mise en scène est parfaite quand elle évite justement tous ces effets excessifs et qu’elle joue sur la sobriété.

    Immortel-lement français

    Ce film devrait obtenir un joli succès.Car on aime en France, les Monte-Cristo et tous ces héros au grand cœur qui se vengent parce qu’on a kidnappé leur fils de huit ans trop mignon à la sortie de l’école. Les histoires de mafia quand elles ont du rythme, des moyens et un casting solide réussissent souvent au box office. Aussi, souhaitons à ce film le plus grand succès possible. Ce sera autant d’argent qui sera réinvesti dans d’autres projets.

    Richard Berry réalisateur a beaucoup d’idées. Il en a même trop.

    Source: Benjamin Gans | StreetPress

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