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    08/10/2012

    Les rockeurs belges écoutaient-ils en classe ?

    School is cool : « A l'école, ils nous faisaient jouer de la flûte »

    Par Etienne Gin

    Sur StreetPress, Johannes, chanteur de School is cool, se souvient du premier album qu'il a acheté à 15 ans : Willenium, de Will Smith. A des années lumière de « In want of something », leur single très poppy sur … la mort.

    Pourquoi ce nom « School is cool » ?

    Johannes : En fait, c’était une blague au début. Je cherchais un titre pour mon profil Myspace, j’avais mis ça pour rigoler. Et puis, d’un coup on a eu du succès en Belgique et c’était trop tard pour changer ! Du coup, tous les jours je repense à ce nom et j’essaie d’en inventer un meilleur ! Mais il marche très bien, les gens l’aiment beaucoup, ils se reconnaissent facilement. Imagine, tu vas à un festival, tu lis la liste des groupes que tu vas aller voir, et là tu tombes sur « School is Cool », tu te dis « Hein ?!? Quoi ?!? ». Donc je pense que c’est une très bonne chose !

    Il y a un débat en France pour savoir s’il faut donner des cours de morale à l’école. Vous en pensez quoi ?

    J : Ca dépend de quelle « morale » on parle. La morale au sens chrétien, non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Mais si on parle avec les enfants de cours de philosophie, si on leur pose des questions comme « Qu’est-ce que la morale », ou « Qu’est-ce que le bien » ou « Quels sont les travers de nôtre société », alors oui, ce serait une idée formidable. De génie même ! La France est très forte sur ces sujets-là, mais si ces cours doivent se limiter à « Ça oui c’est bien tu peux et dois le faire,  ça non c’est mal c’est interdit, et tu dois avoir la Foi et croire en Dieu », autant abandonner l’idée tout de suite.

    Faut-il plus de cours de musique à l’école ?

    J : Oui ! En Belgique, on a eu la chance d’avoir des cours d’expression libre, ou on pouvait développer nôtre créativité. On a suivi des cours de chants polyphoniques, de Henry Purcell par exemple. Je suis très content qu’on ait eu ces cours-là. Pendant les cours, on écoutait de la pop aussi parfois.

    A : Nous, ils nous faisaient jouer de la flûte, et tout le monde haïssait ça ! Mais aujourd’hui, je pense que n’importe qui peut jouer de la musique. Surtout depuis qu’on a les synthés, il suffit d’appuyer sur des boutons et ça y est ! Ca encourage les gens, c’est bien. Beaucoup de monde croient qu’ils sont incapables de faire de la musique, alors que si. Par exemple, moi qui n’avais fait que de la batterie, j’étais incapable de jouer du synthé. Et j’ai appris en me mettant tout seul au piano, j’ai commencé à jouer en copiant à l’oreille. Donc tout le monde peut s’y mettre, vraiment.


    [Video] The world is gonna end tonight

    Johannes : « J’aimais particulièrement la cornemuse et les musiques celtiques »

    Quand vous étiez enfants, vous vouliez être artistes ?

    J : Non, je pensais qu’une fois adulte je ferais des bandes dessinées, sur les Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit. Mais on m’a offert une guitare !

    A : Je ne sais pas. Je savais que j’aimais beaucoup jouer de la batterie. J’adorais monter sur scène quand j’étais petit. Je pouvais faire tout ce que je voulais sous le regard des gens, c’était fantastique. Mais je ne me suis jamais projeté vraiment sur l’avenir, School is Cool est arrivé tout seul.

    Vous écoutiez quoi comme artistes lorsque vous alliez à l’école ?

    J : Quand j’étais petit j’écoutais la radio en même temps que mes parents. Il y passait beaucoup de musiques traditionnelles, j’aimais particulièrement la cornemuse et les musiques celtiques.

    A : J’étais fan de pop. J’écoutais les Spice Girls, Five, absolument tout ce que ma mère me faisait écouter. Phil Collins, Michael Jackson… tout ce qui est emblématique des années 1980. Puis quand j’ai eu 15 ans, j’ai écouté mon premier album de métal. Tu sais, à cet âge-là, tu es en colère contre le monde entier. J’aimais aussi Limp Bizkit, Fear Factory, les bandes son de jeux vidéos et de films.

    Etiez-vous des geeks ?

    J : Peut-être ! Mon premier disque, c’était Willenium de Will Smith, un album vraiment très mauvais. Ca ne faisait certainement pas de moi un gros geek, mais ça ne me classait pas comme « cool » non plus.

    A : J’ai toujours été un gros assoiffé de musique. Dès que j’ai eu mon premier baladeur, un vieux Sony à cassettes, on ne pouvait plus me parler. Tous les six mois, quelqu’un m’en offrait un nouveau ! Je me souviens, un jour, lors d’un voyage en Amérique, je l’ai laissé à la lumière dans une voiture, il faisait tellement chaud qu’il a fondu ! J’étais très triste.

    Votre album s’ouvre avec le morceau « The world is gonna end tonight ». C’est un hymne à la fin du monde ?

    A : On ne croit pas à la fin du monde en 2012. Mais j’ai pu faire des paroles intéressantes sur ce thème.  « The world is gonna end », ça fait un bon refrain. On se demande : « Comment les gens réagiraient-ils s’ils savaient que le monde allait disparaître le lendemain » ? C’est une question très intéressante je trouve…  Que vont-ils faire ? Sortir et piller un supermarché ? Rester chez eux, faire l’amour ? Boire de l’urine, se suicider ? Cette première chanson de l’album est très percutante, « dum-dum-dum-dum-dum, dum-dum-dum-dum-dum »… C’est un rythme très puissant, ça évoque le chaos, la fin du monde. Tout l’album est sur ce thème, et cette chanson est une bonne ouverture.

    « In want of something », c’est un morceau faussement joyeux ?

    J : Le refrain est très existentiel : « We go from nothing, back to nothing, and in want of something »( « On vient du vide, on se dirige vers le vide, on veut du solide », ndlr). Il n’y a pas de destin prédéfini, et quand on meurt, on meurt et rien d’autre. Beaucoup de gens ont du mal avec cette idée. Je ne suis pas antireligieux, je pense que la religion est une manière extrêmement sensée de faire face à la mort. A mon avis, si tu es par exemple un homme des cavernes, que tu te dis « je n’ai pas envie de mourir, je ne veux pas devenir un simple tas de viande en décomposition », quand quelqu’un arrive et lui dit « hey ! Si tu crois en lui, là, tu vivras pour l’éternité ! Tu mourras mais ton âme vivra », tu es bien content ! Tout ce que les humains font, la religion, les arts, la médecine, la science, c’est par peur de la mort. C’est une peur très intéressante. Très logique, très belle aussi.

    Votre morceau « Warpaint », c’est un hommage à Depeche Mode ?

    J : Je vois ce que tu veux dire. J’aime Depeche Mode, mais je n’ai aucun album d’eux. Je ne connais pas beaucoup leurs chansons. Mais il y a cette sensation « new wave » dedans, très agressive. On y trouve aussi du Vampire Weekend, du blues, dans le refrain. Mais cette chanson est enracinée dans les années 80, c’est indéniable.

    Pourquoi les scènes d’amour finissent mal dans vos vidéos ?

    A : On aime les histoires bizarres et étranges.

    J : Ouais. On aime faire les histoires très typées, très cornéliennes, puis d’un coup les briser à la fin. On aime quand celui qui nous écoute se dit « Hein ?!? Quoi ?!? »

    Qu’est-ce que vous ne trouvez pas cool dans le monde actuel ?

    J : L’eau en bouteille, ce n’est pas cool. Parce que cette eau n’est pas différente de celle du robinet !

    Pour de bon ?

    J : Oui, oui, sérieux ! Il y a des milliards qui partent là-dedans, dans la production de bouteilles qui sont ensuite jetées dans la nature. Les gens dépensent des euros pour boire de l’eau qui n’est pas meilleure au goût ou pour la santé que celle qui sort du robinet. C’est vrai !

    A : Oui, cette fichue eau !


    [Vidéo] In want of something

    bqhidden. Johannes : « Tout ce que les humains font, la religion, les arts, la médecine, la science, c’est par peur de la mort »

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