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    03/08/2011

    Very bad trip, version girly

    Critique ciné: Mes meilleures amies, de Paul Feig

    Par Emilie Kestler

    Produit par Judd Apatow Mes meilleures amies met en scène 3 copines en mode crêpage de chignon et qui pètent comme des garçons. Comme d'hab avec Judd, le film ne tombe pas dans la vulgarité et rebondit comme un shamallow: c'est une comédie romantiqu

    The story

    Imaginez vous allez vous marier ; quelle préparation choisiriez-vous ? 

    - La version improvisée, économe (rencontre des demoiselles d’honneur dans un restaurant brésilien non référencé au Zagat http://www.zagat.com/ ) qui peut réserver des surprises délicates, comme être prise d’intoxication alimentaire en plein essayage de votre robe de cérémonie…

    - Ou celle maîtrisée, comprenant notamment votre « bridal  shower » (nettement plus chic qu’un EVJF) avec comme cadeau : un aller-retour pour Paris, afin de prendre vos mesures chez une grande créatrice de robes de mariée…

    Lilian (Maya Rudolph), elle, hésite peu, et confie donc l’organisation de son mariage non pas à Annie (Kristen Wiig), son amie d’enfance un peu fauchée et paumée, mais à Helen (Rose Byrne) nouvelle « BFF » (Best Friend Forever) accessoirement épouse du patron de son fiancé…

    Fiche technique:

    Sortie: 10 août 2011
    Réalisé par: Paul Veig, produit par Judd Apatow, avec Kristen Wiig
    Durée: 2h05
    Vu à: UGC Cité Bercy, les 15 premières minutes en VF, puis – ouf ! – ils ont retrouvé la bobine VOST (excuses classieuses du manager)
    J’y vais : avec ma meilleure amie, qui aurait dans l’idée de mettre bientôt un gros diamant à son annulaire gauche, juste pour une mise au point préventive
    Glace ou pop corn: tendance « fuck cupcakes ! » (Annie s’est ruinée en investissant dans une petite pâtisserie de ces glaçages girly fadasses et écœurants)
    Note: 4,5/5

    Annie tente dans un premier temps de rivaliser avec la parfaite Helen. Le tournant du scénario se déroule sur un vol vers Las Vegas pour l’enterrement de vie de jeune fille de Lilian. Ce lieu de dépenses et de perdition, la bande de copines ne l’atteindra pas pour cause d’un « very bad trip » d’une demoiselle d’honneur sous l’emprise d’un mauvais dosage d’anxiolytiques et de scotch.

    Après avoir explosé en drôlerie fantastique et presque définitivement compromis le mariage de sa meilleure amie,  Annie se retrouve sans amies, sans appart (même ses colocs n’en veulent plus) sans job (comment parvenir à vendre des bagues de fiançailles quand le seul homme dans votre vie – Jon « Mad men » Hamm – ne voit en vous qu’une occasionnelle partenaire de « soirée pyjamas entre adultes » ?) et sans espoir. Le ton de la comédie s’assombrit, lui donnant un second souffle et une densité de scénario d’abord insoupçonnée. C’est que le caractère fantasque d’Annie dissimule mal une hypersensibilité spirituelle et irrésistible, grâce auquel tout finira bien – il ne peut de toutes façons pas en être autrement dans les comédies, quelles que soient les vicissitudes rencontrées lors des 120 dernières minutes.

    L’attaque de la top d’1m80 : elle vous a déjà piqué votre mec ? Elle revient vous ravir votre meilleure amie…

    C’est de la balle !

    2h05, c’est bien la durée de cette « All girls comedy » qui, outre-Atlantique, a écrasé, en termes de rentabilité, Sex And The City 2 et assuré un beau succès à Paul Veig (Freaks and Geeks) – durée qui sur le papier pouvait faire redouter certaines longueurs.

    Il n’en est rien : jamais la narration ne s’essouffle. La distribution des personnages principaux à des chevronnés de troupes d’improvisation et d’Evening Shows (à commencer par Saturday Night Life) assure une dépense d’énergie délirante. Les personnages secondaires travaillent davantage l’étrangeté ou l’émotion bizarre : des inquiétants colocataires d’Annie, véritables monstres de foire et d’égoïsme, à sa mère, touchante, aimante mais sur qui on ne peut pas – comme si souvent – vraiment compter, en passant par le policier, aussi maniaque que romantique…

    Toi qui viens juste de te fiancer, voici le genre d’expression qu’il va te falloir savoir prendre à la demande

    Judd Apatow’s touch

    De plus, les habitués de Judd Apatow, producteur du film, reconnaîtront ses séquences qui s’éternisent un peu beaucoup, mais qui, juste avant de frôler le sentiment de malaise, rebondissent exactement au bon moment. C’est en effet le faiseur de 40 ans et toujours puceau, En cloque mode d’emploi et autres mastodontes du box-office qui est aux manettes d’un film qui parvient à prouver que les garçons n’ont pas le monopole des blagues scato et séminales. Ces Meilleures Amies veulent des « balls », faute d’en porter, déploient des trésors de perversité, ne sont pas des princesses mais bien des organismes vivants (donc correctement équipés en tube digestif et flatulences). Mais tout en testant aussi sauvagement les limites de l’amitié « pour le meilleur et pour le pire » elles n’en parviennent pas moins à entretenir une fraîcheur et une spontanéité qui conservent de bout en bout un charme magistral à la comédie de notre été.

    Messieurs, si vous voulez apprendre à séduire avec une carotte sans passer pour un obsédé, vous devez voir cette scène

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