En ce moment

    16/08/2011

    Interview sociologie avec le dandy aux pulls Jacquart

    Florent Marchet: « J'avais très peur de devenir adulte pour être totalement enfermé dans un rôle »

    Par Etienne Gin

    Sur StreetPress le chanteur-compositeur Florent Marchet revient sur les codes de la bourgeoisie dont il dresse un portrait dans son album Courchevel. « Être prisonnier d'une vitrine sociale dont tu as du mal à t'extraire, ça m'intéresse ».

    Lorsque l’on regarde tes pochettes d’albums on remarque que ton apparence compte beaucoup. As-tu toujours beaucoup travaillé ton look ?

    Absolument pas ! Sur mes pochettes, je travaille avec des photographes d’art. Ils font des séries de portraits. Sur le premier album, je suis parti comme j’étais à ce moment là dans la vie : avec mes chaussures et la maison où je vivais. C’était même trop lié à l’intimité. Un côté naturaliste par rapport à ma vie, et donc loin d’un personnage !

    Mais ce côté dandy moderne tu ne peux pas le nier ?

    Disons que j’ai mes périodes comme lorsque l’on a envie de manger tel sorte de plat et puis qu’après on change. Moi j’ai eu une période où j’ai eu très envie de mettre des pulls Jacquart. Et puis lorsque l’on prend la photo (la pochette du nouvel album), on est dans l’univers de Courchevel, comme je l’imagine ou comme je le fantasme. Tout est extension à l’atmosphère de Courchevel dans l’album : la pochette, les instruments, le clip, comme les fringues.

    Pourquoi « Courchevel » d’ailleurs ?

    En fait lorsque j’ai écrit la chanson « Courchevel », j’ai senti que je tenais le début d’une histoire. C’est-à-dire avancer masqué dans la peau de personnages radicalement différents de moi. Je me pose beaucoup de questions là-dessus: Est-ce que l’on peut échapper à son milieu social ? Qu’est-ce que ça signifie « être bien né » ? Mais « Courchevel », je ne connais pas du tout la ville, c’est plus un symbole sociologique qui définit les gens. Lorsque l’on parle de cette ville, avant de penser aux sports d’hiver, on va d’abord penser à une catégorie sociale. Mais ça a aussi un côté sucré vu que c’est le nom d’une pâtisserie, et en même temps, c’est acide car il y a ce côté grande bourgeoisie.

    Florent Marchet était en concert au Festival Fnac Live. Retrouvez toutes les infos dessus ici

    Le clip de Benjamin vous rappelle des potes ?

    J’ai eu une période où j’ai eu très envie de mettre des pulls Jacquart

    Qu’est-ce qui te fascine dans les codes de la bourgeoisie ?

    En fait ce sont les codes de manière générale ! Surtout le fait d’être prisonnier d’une vitrine sociale dont tu as du mal à t’extraire. Le fait aussi, quand on devient adulte, de se sentir comme un étranger chez soi. Même dans sa propre famille ou dans sa propre ville. Tout cela ne me fascine pas, mais je m’interroge beaucoup.

    Qui est ton personnage « Benjamin », cet ado attardé saoul dont tu dresses le portrait ?

    J’espère qu’il est en chacun de nous. Je pense que tous à un moment de notre vie, on se sent un peu Benjamin. Surtout ceux qui portent dès la naissance le costume gris ! Et moi j’avais très peur de devenir adulte pour être totalement enfermé dans un rôle.

    Il y a justement la chanson « Qui je suis » : tu te poses souvent des questions sur ton identité ?

    Je me pose beaucoup de questions de manière générale ! Et puis qui on est, on se le pose très souvent. C’est le parcours d’une personne qui me touche aussi beaucoup.

    Les personnages de tes chansons sont-ils inspirés de tes rencontres ?

    Oui, je pense que l’on n’invente rien. Je ne connais pas trop l’imagination. Je crois plutôt au désir de dire des choses et à l’inspiration. Si j’ai aimé la musique, la littérature et le cinéma, c’est parce que cela me donnait un éclairage sur le monde. Ça me permettait de mieux le comprendre mais aussi de mieux me comprendre. Et puis la culture, c’est ce qui rassemble les humains aussi. La magie peut opérer de partout. Moi par exemple, je me sens assez proche d’une écrivaine chinoise, alors qu’elle vient d’un milieu radicalement opposé au monde occidental. Mais elle me fait beaucoup réfléchir sur les relations hommes-femmes. Donc de manière générale, pour mes personnages, je ne peux pas donner d’origine précise, mais je m’inspire forcément de la réalité.

    Je pense que l’on n’invente rien. Je ne connais pas trop l’imagination

    Pourquoi avoir choisi comme nouveau single la reprise de Stéphane Eicher « Des hauts, des bas » que tu as faite avec Gaëtan Roussel ?

    En fait avec Gaëtan, on s’était croisés à plusieurs reprises depuis quelques années. Comme on a des amis en commun, on a appris à mieux se connaitre. Lorsque l’on m’a invité pour Taratata, j’ai proposé à Gaëtan de venir partager une chanson avec moi. Comme ça devait être une reprise, j’ai pensé à « Des hauts, des bas » vu que j’adore l’écriture de Philippe Djian. C’était pour donner un nouvel éclairage à cette chanson mais aussi pour partager ce moment-là avec Gaëtan, qui est un artiste que j’admire beaucoup ! Et puis je l’ai réinvité à la Cigale et on a alors décidé de l’enregistrer ensemble en studio. Comme on s’est dit qu’il fallait le faire entendre, c’est devenu le nouveau single !

    Est-ce que tu penses au live lorsque tu composes tes chansons ?

    Disons que je ne pense pas vraiment au public. Après on espère toujours que ses chansons vont être aimées par un public. Mais lorsque l’on écrit une chanson, c’est avant tout quelque chose de très personnel. Donc au départ, on l’écrit pour soi.

    “L’idole” version acoustique

    Tu préfères l’ambiance de tes concerts ou celle des festivals ?

    J’aime les deux ! Et j’entretiens le même rapport avec la nourriture, trop de sucré tue le sucré, trop de légumes tue les légumes, etc. Les festivals d’été tombent au bon moment vu que l’on faisait des salles plus petites pour un public qui venait pour nous. C’est très agréable, mais il y a quelque chose de plus physique sur les gros festivals. On va plus à l’essentiel. Donc moi qui n’ai plus le temps de faire de sport, c’est parfait : c’est mon sport de l’été !

    Ton dernier CD acheté à la Fnac ?

    J’ai racheté Metronomy ! Car je l’avais déjà acheté en digital. Et comme j’adore ce groupe, j’ai été le racheter car je voulais voir les crédits à l’intérieur et connaitre les instruments qu’ils utilisaient.

    Et quel est ton tube de l’été cette année ?

    On nous a épargné René la Taupe, c’est déjà pas mal. Mais un tube de l’été, alors là je ne sais pas du tout !

    bqhidden. Je ne pense pas vraiment au public

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER