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    17/06/2010

    A contre-pied des Baby Rockers, il y a une aussi une scène dark parisienne

    Holstenwall: « La plus grande difficulté c'est de faire passer notre coté exotique après notre musique »

    Par Robin D'Angelo

    Sur StreetPress les membres de Holstenwall assurent que si vous aimez Sonic Youth leurs chansons vous resteront dans la tête. A des lieues des baby rockers parisiens ils proposent du Post-Punk un peu dark. Demain ils sont en concert au Point FMR.

    Salut Holstenwall. Je m’attendais à voir des p’tits jeunes, paraît que votre batteur passe le Bac… Vous on dirait que vous l’avez déjà ?


    Antoine: Ah bah Camille ça remonte à longtemps ! Moi c’était l’année dernière !
    David: Moi ça fait deux ans que j’ai mon bac. Mais on a tous autour de la vingtaine. Après on fait tous des études très différentes !

    Je me demandais si le groupe occupait l’intégralité de votre vie professionelle ?

    David: En fait ça se complète, nos études permettent de construire le groupe. Moi par exemple je suis en école de ciné pour devenir ingé son.
    Camille: On a la chance de faire des études qui nous permettent de se consacrer à la vie du groupe et qui nous apportent beaucoup au niveau des influences et du bagage. David est dans le son, Antoine est littéraire, et moi j’ai une licence d’Histoire de l’Art. C’est facile dans nos parcours de trouver des parallèles avec notre musique.
    Antoine: Pour moi c’est compliqué sachant que je suis en Hypokhâgne… Mais je n’ai jamais raté un concert !

    Par contre t’as du raté des cours ?

    Antoine: Non pas du tout .. Ah si si, mais pas grand chose !
    Camille: On est assez exemplaire sur ce point là !

    Votre manager m’a parlé de vous comme d’un groupe « à contre-pied du vieux mouvement baby rocker ». C’est quoi la différence entre BB Brunes et vous ?

    Camille: On est plus petits niveau taille! Mais c’est tout … Nan mais par exemple on n’a pas voulu chanter en français. Après on n’a pas forcement la même approche pour s’introduire dans le monde de la musique. On essaie plutôt de trouver des débouchés à l’étranger. Là on va jouer à Berlin, à Londres, à Istanbul…
    David: De toute façon il n’y a aucune comparaison à faire. On travaille beaucoup, les morceaux ne sont pas vraiment immédiats.
    Camile: La différence avec les BB Brunes, c’est qu’on n’a pas voulu rentrer dans « une scène ». On veut juste faire des chansons pour faire partager des émotions et on a choisi la musique comme médium.
    David : Après on s’entend très bien avec pleins de groupes ! Mais il n’y a pas de style qui nous regroupe. C’est plus parce que ce sont nos potes.

    Holstenwall – Bio Express

    En 2006, Camille qui joue de la guitare, rencontre David qui joue aussi de la guitare et qui rencontre à des soirées Antoine et Adam, bassiste et batteur. « Vous kiffez Sonic Youth? Mais nous aussi ! Et si on jouait ensemble ? » Les gus deviennent copains comme cochon et il ne reste plus qu’à trouver un nom de groupe: ce sera Holstenwall, tiré d’un film allemand expressionniste des années 20.

    Le groupe travaille ses mélodies Post-Punk / New-Wave depuis plus de deux ans. Au début du mois du juin, ils sortent 4 titres, dont le très bon single In Your Headlight, et écument des salles parisiennes, de plus en plus remplies pour leurs prestations. Et rassurez-vous: ils ne sont pas si intellos que ça ;)

    Le MySpace de Holstenwall
    Le Facebook de Holstenwall

    « Je me vois mal jouer tout nu »

    « Tout ce qu’on cherche c’est de ne pas tomber sur une Yoko Ono ! »

    Est-ce que vous définiriez votre son comme de la New-Wave comme on peut le lire à droite à gauche ?

    Antoine: Tout ce qui est Post-Punk et New-Wave, c’est sur quoi on s’est rencontré. Mais on ne se limite pas vraiment à ça. C’est notre personnalité musicale mais on ne veut pas se restreindre.
    Camille: L’étiquette New-Wave, c’est pas nous qui l’avons collé à notre style. C’est le terrain sur lequel on s’est rencontré. Après nos influences sont tellement larges … Trouver une base commune ça a été compliqué. Ce qui fait la force de notre musique, c’est la diversité: de la peinture décadente du XIXème siècle aux films de David Lynch.

    Et puis surtout la New-Wave en France ça véhicule une image un peu ringarde genre Indochine ou à moindre mesure Etienne Daho…

    David: Non ! De 1980 à 1985 il y a eu plein de groupes à Paris et au Havre. C’était une période vachement intéressante. Le plus connu c’est Taxi Girl mais il y avait plein de trucs.
    Camille: Trisomie 21 c’est un super groupe.
    Antoine: Et puis on n’utilise pas de synthés. Si les gens disent qu’on fait de la New-Wave, c’est parce qu’on véhicule des sentiments par la musique. Mais normalement dans la New-Wave il y a des synthés.
    Camille: Et des coupes de cheveux gominées !

    C’est aussi pour éviter cette image que vous ne chantez pas en français ?

    Camille: Pour moi c’est aussi insupportable que les vuvuzelas.
    Antoine: C’est très dur d’écrire en Français. Déjà on comprend tout ce qu’on dit. Ça fait une première barrière si les gens ne collent pas aux paroles !
    David: Et tous les groupes qu’on écoute chantent en anglais. On a été éduqué à ca. Dans nos discothèques on a très peu de choses en français.

    Vous n’avez pas peur d’avoir raté la hype revival New-Wave quand Interpol était au top, avec dans son sillage Editors ?

    Antoine: En même temps c’est très récent…
    Camille: Ce n’est pas la peine de se poser la question de savoir si on arrive trop tard. On ne joue pas de la musique pour s’inscrire dans une mode et en profiter. Après si on a manqué des opportunités, tant pis on en trouvera d’autres!

    L’intro de In Your Headlight me fait penser à une chanson de Sonic Youth, mais je ne sais plus laquelle… Vous voyez celle dont je parle ?

    Camille: C’est de la faute de David ! Il doit s’expliquer !
    Antoine: Moi aussi j’avais pensé la même chose !
    David: C’est vrai que c’est ce qu’on me dit souvent ! Les guitaristes de Sonic Youth m’ont beaucoup influencé. Ils ne se cantonnent pas à jouer des riffs de rock basiques. Ils vont plus loin. J’essaie d’étudier ces jeux de guitaristes. On dit que c’est un truc déjà entendu mais en fait pas du tout ! C’est une référence, du coup ça devient immédiat et ça vous reste dans la tête.
    Antoine: Au délà d’Interpol et d’Editors, c’est un groupe qu’on aime bien. Les gens ne s’en rendent pas compte mais ils ont tellement apporté à la musique.
    Camille: C’est quand même des mecs qui ont un accordage pour chaque chanson ! Ils sortent des schémas ! Dans la musique à l’heure actuelle c’est impossible de sortir de leur influence.

    Comment vous trouvez un équilibre entre l’imitation de groupes qui vous ont influencés et votre propre originalité ?

    Camille: L’équilibre il ne doit pas se trouver entre dépasser ses influences et l’imitation. Le but c’est de heurter sa vision de la musique avec celle des trois mecs qui sont avec toi. C’est avant tout ce qu’on aime.
    Antoine: Quand on compose on ne se dit pas « je vais trouver un riff qui ressemble à un autre que j’aime bien ». On n’essaie pas de recréer la sensation qu’on a ressenti quand on a écouté tel ou tel titre.
    Camille: On cherche avant tout une harmonie entre nous. Comme une abstraction totale dans la musique. Et on ne la trouve que par moment, quand on joue tous les 4.

    Abstract teaser avec New Insane Age

    New Insane Age from HolstenwallBand on Vimeo.


    (Photo: Michela Cuccagna ©)

    « On essaie d’éviter le coté tête de mort sur les t-shirts »

    Mais quand vous composez, ça doit vous arriver de dire « merde ce riff il ressemble trop à tel ou tel truc » ?

    Camille: Ouai mais plutôt après en fait ! Quand c’est trop tard !
    Antoine: Quand la chanson est finie !
    Camille: On arrive aux répétitions avec un CD et on dit à l’autre « tiens regarde t’as vu ce que tu as fait ! » Puis après le mec est puni et il a pas le droit de boire de bière pendant deux semaines !

    Sur votre Facebook, il y a beaucoup de photos de crânes, de cadavres, une nana ensanglantée … Êtes-vous satanistes ?

    Camille: Les crânes c’est avant tout une réflexion sur les vanités, sur la condition humaine, la mort, la vie … Les crânes c’est très ésotérique, ce ne sont pas les mêmes crânes que pour les Gun’s n Roses ou des gros groupes de Death Metal.
    Antoine: On essaie d’éviter le coté tête de mort sur les t-shirt.,
    David: C’est une ambiance qui ne tourne pas que autour que de la musique.

    Est-ce que vous êtes à « la scène baby rock parisienne », c’est qu’est Ovidie au porno français ?

    Camille: Je n’ai jamais vu de film porno et je ne sais pas qui est Ovidie. C’est sans doute quelqu’un de très bien…
    Antoine: Moi je crois beaucoup en Dieu.
    Camille: Nan, mais je crois que cette meuf là a une Licence de philo? T’as vu je suis bien informé !

    « Le but c’est de heurter sa vision de la musique avec celle des trois mecs qui sont avec toi »


    (Photo: Michela Cuccagna © )

    « Chanter en français c’est aussi insupportable que les vuvuzelas »

    Tu l’as en amie Facebook ?

    Camille: Non… Elle est sur Facebook ? Ah bah attend ! Sinon la comparaison est marrante. C’est vrai qu’on essaie d’avoir une réflexion un peu poussée sur ce qu’on fait malgré les idées reçues. C’est p’tet le seul point commun.
    David : Faut pas oublier l’énergie live aussi !
    Camille: C’est vrai qu’elle fait preuve de beaucoup d’énergie, mais je pense que c’est un peu forcé! Et puis je me vois mal jouer tout nu…

    C’est quoi la plus grande difficulté pour gagner sa vie en faisant du rock ?

    Camille: Je pense que c’est le fait qu’on soit à Paris. On est référencé comme un groupe parisien. Mais on a vu énormément de groupes d’ici payer de leur succès parce qu’ils paraissaient exotiques. La plus grande difficulté c’est de faire passer notre coté exotique après notre musique.

    Et sinon partir en tournée à l’étranger, c’est le rêve ?

    Camille: Non moi ça me fait chier. Je pense que je vais rater la finale de la coupe du monde en plus!
    David: Mais non ! On a tout calé sur la coupe du monde pour mater les match tranquille !
    Camille: C’est vrai !

    Avec les meufs ça se passe comment depuis que vous avez un groupe ?

    David: On ne baise plus depuis qu’on a un groupe.

    Depuis le début de l’interview, vous dites souvent l’inverse de ce que vous pensez … J’en tirerais les conclusions ….

    David: Ahaha. Et puis on est très différents par rapport à ça aussi ! Encore plus que sur la musique !
    Antoine: Puis faut pas croire qu’un groupe ça change complétement la personnalité d’une personne!
    Camille: Tout ce qu’on cherche c’est de ne pas tomber sur une Yoko Ono !

    Holstenwall au Point FMR

    Comment s’y rendre ?: 200 Quai de Valmy, 75010. Métro Jaurès Ligne 5 et 2
    Ca demarre quand ?: A 20h30 avec aussi Fortuna, The Spark Shyver, et The Bellers dans la cadre de la soirée Suprem’ n1mp de Thierry Théolier
    Ca va me couter un bras ?: Seulement 8 euros, soit un menu McDo !


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    Le shooting photo de Holstenwall by Michela Cuccagna

    Source: Robin D’Angelo | StreetPress
    Crédits Photos: Michela Cuccagna | StreetPress

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