L’âge de la confirmation, c’est aussi celui de la puberté. Les premiers repères d’Anna s’effondrent: Le temps d’un été, elle va apprendre à aimer et assumer ses pulsions et ses choix.
Emprisonnée entre une mère jalouse et en grand-père libidineux
Interne dans un lycée catho, Anna s’ennuie. Et les vacances s’annoncent aussi mal : son papa a quitté la maison en laissant derrière lui une épouse inconsolable et un vieux père moribond. Anna se retrouve donc aux prises avec une mère désorientée par sa séduction déclinante – et manifestement jalouse de la féminité naissante de sa fille. Son grand-père lui, tout moribond qu’il soit, est savamment travaillé par la sexualité. La seule échappatoire à ce huis clos familial un poil abusif est un jeune voisin qui éprouve sur elle ses premières armes de séducteur et qui a bien du mal à la regarder dans les yeux…
Certaines scènes pourraient donner à l’ensemble un arrière goût cafardeux, voire glauque. Mais la découverte enthousiasmante du désir par Anna, de son individualité par rapport à sa famille, et la présence du ciel, du vent, de la mer nous en préservent. Au générique de fin, c’est la joie d’avoir retrouvé des émotions de son adolescence qui l’emporte sur l’aigreur.
Une posion violent – Fiche technique
Réalisé par Kattel Quillévéré avec Clara Augarde, Lio, Michel Galabru
Durée: 1h32
Vu au: MK2 Quai de Seine, dimanche 18h
Affluence: honorable pour un mois d’août et hétéroclite comme le quartier
Prix: sur une nouvelle carte 5 places, car une belle rentrée ciné programmée
J’y vais: avec une amie avec qui on en a assez de se prendre pour des héroïnes de Sex and the city, ou de la Revanche d’une blonde
Glace ou pop corn: une crêpe au sarrasin et un peu de cidre pour faire passer la fadeur de l’hostie
Dans la lignée de Xavier Doaln et Bruno Dumont
Un poison violent trouve sa place dans la tendance de quelques cinéastes francophones actuels prompt à traiter l’intimité familiale du point de vue de l’adolescent. Les parents y sont tourmentés (Mia Hansen-Løve, Tout est pardonné) ou destructeurs (Xavier Dolan, J’ai tué ma mère) et les grands-parents gentiment nostalgiques (Laurent Perreau, Le Bel Age). Le tout parfois dans une atmosphère de myrrhe et d’encens (Bruno Dumont, Hadjewich)
Chez Kattel Quillévéré, cela donne un premier film gracieux, doux, sensuel, avec ses défauts attachants. La jeune réalisatrice y aborde de plein fouet des sujets lourds, possiblement trop nombreux pour être traités en un seul long-métrage. A-t-elle attendu tant d’années de pouvoir diriger ses premiers comédiens – tous parfaits – que, tel un enfant trop pressé de raconter son histoire, elle s’embrouille ? Ou craint-elle de ne pas avoir de seconde chance d’exprimer son univers sur les écrans ? Si c’est le cas, qu’elle soit rassurée : on a envie de revoir très vite sa poésie et sa foi en la vie.
La bande-annonce
Source: Emilie Kestler | StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER

