29/03/2022

50 nuances de brun

Pétainistes, hooligans et identitaires réunis au meeting de Zemmour

Par Pierre Plottu ,
Par Maxime Macé

Hooligans néonazis, identitaires, pétainistes… Tout (ou presque) de ce que la France compte de militants bruns et radicaux a fait le déplacement pour soutenir Zemmour en meeting au trocadéro.

« On est chez nous », hurle la foule de plusieurs milliers de personnes venues au Trocadéro pour le grand meeting d’Eric Zemmour, dimanche à Paris. Des « Macron assassin » et « Dehors les arabes » ont aussi été entendu dans les travées du meeting. La bonne ambiance quoi, même si ce n’est pas vraiment une surprise pour un meeting du candidat maurrassien. Au moins, cette fois, personne n’a semble-t-il été tabassé. Une bonne nouvelle, d’autant que ça n’était pas gagné au regard du pedigree du public. Tout (ou presque) de ce que la France compte de militants bruns les plus radicaux a fait le déplacement.

On a d’abord retrouvé les hooligans d’extrême droite. Fafs nazifiants de Clermont Nationaliste – responsables d’une agression la veille en Auvergne –, d’Orléans, de Lyon et bien sûr de la capitale étaient présents au Trocadéro. Partis tôt le matin de leurs villes respectives, un certain nombre d’entre eux ont convergé en bus à Paris. D’autres sont venus en train ou en voiture. À l’image des militants identitaires « pro-Z » de Valence Patriote, qui ont envoyé une délégation. Ou de ceux de Rempart, ce nouveau groupe de jeunes fans de goodies fascistes qui collent pour Zemmour. Ce sont des membres de cette galaxie, notamment les Zouaves Paris, qui avaient roué de coups les militants de SOS Racisme à l’occasion du meeting de Zemmour à Villepinte.

Dans la foule rassemblée pour écouter les têtes d’affiche de Reconquête ! ce dimanche, les hools évoluaient en petites bandes sans doute par souci de discrétion. Certains ont même été aperçus avec des tee-shirts bleus floqués « service d’ordre », enfilés par-dessus un pull malgré la chaleur printanière. Les manches longues ont, il faut dire, l’avantage de cacher les tatouages glorifiant le IIIe Reich qu’arborent certains. Tout ce petit monde s’est toutefois tenu à carreau.

L'équipe est Troca. / Crédits : DR

Des pétainistes et des identitaires

Du côté des « peoples » de la fachosphère présents au meeting, StreetPress a pu identifier de fiers représentants du gotha de la radicalité de droite. Ainsi, les pétainistes du Parti de la France ont fait le déplacement avec notamment leur président, Thomas Joly (qui aime poser avec des t-shirts à la gloire de Pétain), l’homophobe Pierre-Nicolas Nups (qui préfère les faisceaux des fascistes espagnols) ou encore la chanteuse Epona (qui verse plutôt dans le cosplay SS).

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Les cathos intégristes de Civitas ont dépêché le chef de leur section parisienne, le jeune Mathieu Goyer, qui a pour l’occasion enfilé son plus beau t-shirt à la gloire de Vladimir Poutine, « prix Nobel de la patience ». Il a multiplié les selfies avec des cadres du parti de Zemmour et les interventions médias.

Des anciens de Génération identitaire, dont Zemmour reprend largement les idées, ont aussi fait le déplacement. La pasionaria de l’extrême droite, Thaïs d’Escufon, a même eu le droit de monter à la tribune avant les discours. L’influenceuse de la fachosphère a ainsi pu multiplier selfies et stories. Il se murmure d’ailleurs que la jeune femme, qui multiplie les meetings et réunions publiques pro-Zemmour, pourrait se voir attribuer un poste officiel à Reconquête ! dans la dernière ligne droite. « Les Normaux », reconstitution parisienne de la ligue dissoute Génération identitaire ont également été remarqués dans la foule. Ou l’Action française, qui s’est pointée pour vendre son journal.

Les royalistes antirépublicains de l'Action française font leur promo au meeting de Zemmour. / Crédits : DR

Responsable historique de la baston et de la formation à la bagarre chez les identitaires du Sud-Ouest, Romain Carrière a lui aussi fait le déplacement. Il s’est affiché avec sa nouvelle compagne Erga, YouTubeuse et TikTokeuse nationaliste de son état. L’ancien candidat frontiste aux élections départementales et régionales qui a rallié Reconquête ! a sûrement été un peu déçu du discours de son candidat, qui n’a pas parlé une seule fois de remigration ou de grand remplacement. Et qui a en plus cité en exemple un jeune résistant français et martyr du lycée Buffon, Lucien Legros, qui appartenait aux FTP communistes.

La Cocarde, le syndicat des jeunes fafs qui fricote avec les radicaux, a enfin également été représentée. On a pu apercevoir Sinisha Uros, cadre lyonnais qui pose pour la propagande de Génération identitaire, ou encore Théo Giacone, épinglé récemment pour une agression en marge d’un meeting de Philippe Poutou.