En ce moment

    30/11/2021

    De Génération identitaire à Génération Z

    À Valence, des soutiens de Zemmour déclenchent une bagarre dans une manifestation féministe

    Par Mathieu Molard

    À Valence, comme à Paris quelques jours plus tôt, des militants d’extrême droite ont perturbé une manifestation féministe et déclenché une bagarre. StreetPress a identifié ces gros bras qui militent et collent des affiches pour Éric Zemmour.

    Valence (26) – Ils sont une petite centaine, réunis autour de la fontaine monumentale, malgré le froid glaçant à la nuit tombante. Des manifestants plutôt tranquilles venus ce 25 novembre à l’appel des féministes du Witch Bloc, pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. À 18 heures passées, une douzaine d’hommes s’avance et déploie une large banderole sur laquelle il est inscrit : « Nos femmes premières victimes de l’immigration », rapporte le Dauphiné.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/1_banderole_femmes.jpeg

    À Valence, à la fin de la manifestation pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre dernier, un groupe d’hommes déploie une large banderole sur laquelle il est inscrit : « Nos femmes premières victimes de l’immigration ». / Crédits : DR

    Une opération coup-de-poing menée par Valence Patriote. Le happening est directement inspiré de l’action organisée par le groupuscule identitaire Némésis à Paris, pendant la manif #NousToutes du week-end précédent. Sur Instagram, Valence patriote revendique d’ailleurs avoir joué les gros bras pendant l’action dans la capitale. Et comme à Paris, l’intrusion des Fafs drômois tourne à la castagne.

    La foule scande : « Cassez-vous ». Une manifestante arrache la banderole des mains des militants d’extrême droite. S’ensuit une bousculade. « L’un des mecs a voulu m’arracher mon parapluie, mais il s’est cassé la gueule », rembobine un militant antifasciste qui participait à la manif. La petite bande de nervis l’a ensuite entouré, explique-t-il à StreetPress :

    « Je me suis retrouvé un peu isolé, acculé contre une barrière du marché de Noël. Ils m’ont mis un uppercut et un coup de bâton. »

    C’est finalement l’intervention de la sécurité du marché de Noël qui met fin à la rixe, rapporte un autre manifestant.

    Des amis de Zemmour

    Quand ils ne font pas le coup-de-poing contre des manifestants féministes, les militants de Valence patriote font activement et ouvertement la campagne d’Éric Zemmour. Endy Thivolle, le leader de la bande, affiche son appartenance à Génération Z, le mouvement de jeunesse qui mène la campagne pour le candidat d’extrême droite. Il semble même très actif. Il colle des affiches, se déplace pour assister à certains discours « du Z » et participe à la boucle Telegram d’où s’organise la campagne dans le département.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/2_soutien_ez.png

    Endy Thivolle est le leader de Valence patriote. Sur ses réseaux sociaux, il affiche son appartenance à Génération Z, le mouvement de jeunesse qui mène la campagne pour le candidat d’extrême droite. / Crédits : DR

    À LIRE AUSSI : Des soutiens de Zemmour tirent sur des caricatures de juifs, de musulmans et de noirs

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/3_ez.png

    Endy Thivolle colle des affiches, se déplace pour assister à certains discours « du Z » et participe à la boucle Telegram d’où s’organise la campagne dans le département. / Crédits : DR

    Le gaillard de 25 ans n’en est pas à sa première campagne. Aux dernières municipales, il était même candidat – en 43ème position – sur la liste Les Républicains ! En avril dernier, il aurait même dû intégrer le Conseil municipal quand le 42eme sur la liste LR et dernier élu est poussé à la démission après avoir soutenu des thèses négationnistes sur le génocide arménien. On demande à l’époque à Endy Thivolle de laisser sa place, en raison de son appartenance à Génération identitaire (GI), toujours selon Le Dauphiné. Il a en effet été un militant très actif du groupuscule jusqu’à sa dissolution en mars dernier pour incitation « à la discrimination ou à la violence envers des individus en raison de leur origine, de leur race et de leur religion ».

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/4_soutien_gi.png

    Endy Thivolle a été un militant très actif au sein de Génération identitaire, jusqu’à sa dissolution en mars dernier pour incitation « à la discrimination ou à la violence envers des individus en raison de leur origine, de leur race et de leur religion ». / Crédits : DR

    Depuis la dissolution de GI, ses anciens cadres créent un peu partout en France des plus petites structures qui peu ou prou continuent les mêmes actions. Valence patriote semble être l’une de ces structures. Ses membres, en plus de monter des actions qui visent à faire le buzz, jouent à la guerre (ils adorent le paintball) et s’entraînent à la castagne. Endy Thivolle, passé par l’équipe de France de Kendo, semble avoir de bonnes compétences en la matière. Bref, Valence Patriote fait exactement la même chose que Génération identitaire.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/5_paintball_fight.png

    Les membres de Valence Patriote jouent à la guerre et s'entraînent à la castagne. / Crédits : DR

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/6_combats.png

    Au final, Valence Patriote semble faire exactement la même chose que Génération identitaire. / Crédits : DR

    Des amis encore plus radicaux

    Les militants de Valence Patriote ne sont pas venus seuls perturber la manifestation féministe. Les militants antifascistes du coin ont identifié dans la douzaine de fafs, deux membres d’Adelphos, un autre groupuscule du coin. Le petit groupe qui s’inspire de CasaPound, le mouvement néo-fasciste italien, a été fondé par Marcello Ursi. Cet adepte du bras tendu et des agressions racistes a le blason de la division Charlemagne – une division de la Waffen SS (une branche de l’armée allemande nazie) composée majoritairement de Français – tatoué sur la cuisse, comme le montre les photos publiées sur le site Marseille Info Autonomes. Ursi et Thivolle ont d’ailleurs été vus côte à côte, en tête des manifestations anti-pass sanitaires.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/7_marcello_ursi_manif.png

    Lors des manifestations contre le pass sanitaire, Endy Thivolle (cercle rouge) a été aperçu à plusieurs reprises aux côtés de Marcello Ursi (cercle bleu), militant néo-fasciste, adepte du bras tendu et des agressions racistes. / Crédits : DR

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/8_marcello_ursi_.png

    Marcello Ursi a le blason de la division Charlemagne (une division de la Waffen SS composée majoritairement de Français) tatoué sur la cuisse. / Crédits : DR

    Amitié sulfureuse toujours. Endy Thivolle, le boss de Valence Patriote est très souvent fourré avec Damien Tarel, l’homme qui a giflé Macron. Condamné à 18 mois de prison, dont quatre fermes, ce dernier est sorti au bout de trois (les juges sont décidément laxistes !). Pour fêter sa libération, Thivolle et sa bande avaient organisé un simili « adoubement » pour le récompenser d’avoir giflé le président de la République. Sacrée équipe !

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/collage_damien_tarel.png

    Endy Thivolle, le boss de Valence Patriote est aussi très souvent fourré avec Damien Tarel, l’homme qui a giflé Macron. Pour fêter sa libération, Thivolle et sa bande avaient organisé un simili « adoubement » pour le récompenser d’avoir giflé le président de la République. / Crédits : DR

    StreetPress a contacté le président de Génération Z, pour savoir si Endy Thivolle et sa bande avaient toujours leur place dans le mouvement. Stanislas Rigault a accusé réception mais n’avait pas répondu au moment de la publication.

    Faf, la Newsletter

    Chaque semaine le pire de l'extrême droite vu par StreetPress. Au programme, des enquêtes, des reportages et des infos inédites réunis dans une newsletter. Abonnez-vous, c'est gratuit !

    Faire bouger les lignes, avec vous.

    StreetPress pratique un journalisme ouvert, conscient et engagé. Comment être neutre face au racisme, au sexisme, à l’homophobie et à toutes les formes de discriminations ? Pour faire bouger les lignes nous avons choisi d’enquêter sur ceux qui en politique comme ailleurs portent cette haine. Chaque mois nous publions des enquêtes et la newsletter FAF, consacrée à l’extrême droite. Elle est gratuite et pourtant elle coûte au moins 70 000 euros à produire.

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER