01/08/2025

Rendez-vous à la rentrée

Avant de partir en vacances, StreetPress fait le bilan

Par StreetPress

Comme chaque été, StreetPress ferme en août. Avant de partir, on fait le bilan d’une année comme toujours riche et mouvementée.

On s’arrête le temps d’un été, ou plutôt d’un mois. Nous commencerons par quelques semaines de repos, bien méritées je crois. Avant de revenir fin août, pour préparer la rentrée. Dès septembre, nous reviendrons avec des nouveaux projets ambitieux, avec en ligne de mire les élections municipales de mars 2026. Pour ce faire, nous nous sommes fixés deux objectifs.

Donner la parole à ceux qu’on n’entend pas assez dans les campagnes électorales. Notre journaliste Clara Monnoyeur est retournée dans le Jura – dont elle est originaire – pour raconter la jeunesse de Saint-Claude, une ville qui souffre de la désindustrialisation. Romane Lizée est allée à la rencontre des habitants du quartier Pouldavid à Douarnenez, une cité HLM en décrépitude, avec vue sur la mer. Jérémie Rochas a échangé avec les consommateurs de drogues sans abris de Lille, abandonnés à leur sort par les pouvoirs publics. Lille, Douarnenez, Saint-Claude… StreetPress va raconter au long cours ces territoires, leurs habitants et les enjeux qui les traversent, à l’aune du scrutin.

Second objectif, à la veille de ces élections municipales : empêcher la conquête des mairies par le Rassemblement national (RN). Nous lancerons en septembre, avec de nombreux partenaires, un projet qui mêlera journalisme, éducation populaire et mobilisation citoyenne. Ensemble, soyons les digues qui briseront les vagues brunes ! On vous en reparle à la rentrée.

Merci aux 6.000 donateurs récurrents

Ces projets, nous pouvons les mener notamment grâce au soutien des membres du Club StreetPress. C’est la grande nouveauté de cette saison : les dons récurrents – mensuels ou annuels – renforcent la solidité du média. Vous êtes près de 6.000 à financer régulièrement nos enquêtes, reportages et documentaires. Ce qui nous permet de nous projeter et d’imaginer des projets qui font bouger les lignes. Merci ! En échange, vous intégrez (si vous le souhaitez) le Club StreetPress et avez accès à des webinaires, des événements et des cadeaux.

Vous pouvez soutenir StreetPress et rejoindre le Club par ici.

Grâce à vos dons, nous avons pu publier une cartographie interactive qui recense les 320 groupuscules ou sections locales d’extrême droite présentes sur le territoire. Ce travail de fourmis, publié en septembre 2024, a été mené par nos journalistes Arthur Weil-Rabaud, Daphné Deschamps et Christophe-Cécil Garnier.

Plus largement, nous avons, tout au long de l’année, collé au basque du RN et de ses soutiens. Certains de nos articles ont eu de l’impact : trois collaborateurs parlementaires aux profils très radicaux ont notamment été écartés après la publication de nos enquêtes. Revers de la médaille : ces articles ont tendance à mettre en rogne les figures de la mouvance, qui multiplient les procès-bâillons. A l’heure actuelle, StreetPress doit faire face à 10 procédures. Sept d’entre elles ont été initiées par des militants d’extrême droite.

Nos articles font bouger lignes

Cette année, vous avez été particulièrement émus par les portraits vidéos réalisés par Samuel Alerte. Notre journaliste a par exemple suivi dans son quotidien Alexis, un étudiant précaire. Après la publication, certains d’entre vous ont offert au jeune homme des ordinateurs, dont il manquait pour ses études – il a partagé avec des copains en galère. Quant à Diodio, une maman immigrée à la rue avec sa fille, vous lui avez envoyé plusieurs propositions de coups de main (d’ailleurs, si vous souhaitez aider, n’hésitez pas à faire un don à l’association Utopia 56., qui vient en aide aux personnes exilées et sans abris).

Vous avez également été nombreux à relayer l’enquête vidéo de Lina Rhrissi, Matthieu Bidan, Samuel Alerte et Caroline Varon sur des travailleurs marocains qui ont porté plainte pour traite d’êtres humains chez un producteur de pommes du Sud-Ouest. La presse marocaine s’est même emparée du sujet : interrogées, les autorités françaises se sont engagées à réagir.

À LIRE ET À VOIR : Un agriculteur de la Coordination rurale accusé de trafic d’êtres humains

Deux autres articles de StreetPress ont concrètement fait bouger les lignes. En juin dernier, Sophie Boutboul racontait le calvaire d’Adil, victime de coups de taser, tabassages et de racisme par des policiers. Après la publication de cet article, le député La France insoumise Aly Diaouara a saisi la justice. Sur un tout autre sujet, Elisa Verbeke s’est penchée sur le phénomène des Gormitis, ces hommes musclés, suants et souvent envahissants, qui s’invitent torses nus aux soirées technos. À la suite de cet article très relayé, un festival a annoncé revoir son règlement pour imposer le port du t-shirt.

650 contenus publiés

Cette année, les réseaux sociaux, gérés par Lucas Chedeville et Laura Hue, ont explosé : les 650 contenus publiés cumulent des dizaines de millions de vues. Et vous êtes 100.000 de plus à nous suivre sur Instagram cette année. Nous sommes fiers de pouvoir donner de la visibilité à des sujets qui nous semblent importants : la lutte contre l’extrême droite et le racisme, la justice sociale, les discriminations sexistes…

YouTube aussi nous permet de mettre en lumière des histoires fortes, comme ce récit en deux parties de la journaliste Florence Beaugé, qui a enquêté sur la torture en Algérie. Nous avons également publié le documentaire « Nahel : un an après, la révolte étouffée », réalisé par Matthieu Bidan, consacré aux révoltes qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk en 2023. Thomas Porlon, lui, a raconté la folie autour du cinéma Tamoul en France et vous fait aussi voyager de l’Espagne à la Hongrie, pour raconter des luttes féministes, antifascistes ou de défense des sans papiers. Des sujets que nous construisons avec le réseau de médias indépendants en Europe Sphera.

Quelques galères

Une année à StreetPress ne serait pas complète sans son lot de galères. En mars dernier, nous avons dû quitter nos bureaux à la Gaîté Lyrique. Pendant plus de 100 jours, plusieurs centaines d’exilés ont occupé le bâtiment. La direction, soutenue par les salariés et ses locataires (StreetPress notamment), a refusé leur expulsion en plein hiver. Un départ d’incendie a contraint les équipes à se mettre en retrait et nous avons dû quitter dans l’urgence les lieux. Nous ne désespérons pas de pouvoir y retourner.

Plus récemment, l’identité de plusieurs journalistes de StreetPress a été usurpée par un faux média baptisé Enquête du jour. Derrière ce site, se cache une vaste opération de propagande montée par un ancien shérif américain passé sous pavillon russe. Nous avons porté plainte.

Après tout ça, on a besoin de repos. Rendez-vous à la rentrée. Bravo et merci à toute l’équipe de StreetPress.

Illustration de Une de Caroline Varon.