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    18/11/2011

    Les programmateurs de Golgota Picnic vont-ils mourir d'un cancer ?

    Stéphane Boitel à la prog' du Théâtre Garonne: « On a reçu des menaces de mort d'allumés qui signaient 'le magicien' »

    Par Mathieu Molard

    Après Paris c'est à Toulouse que manifestent les cathos intégristes de Civitas contre une pièce. Ils promettent le pire à l'équipe du théâtre: « le seigneur brulera les mains des blasphémateurs ou vous mourrez d'un cancer ». Bouh !

    Comment s’est passée la première de Golgota Picnic ?

    La représentation en elle même s’est bien déroulée. Le public est sorti content et surpris. J’ai beaucoup entendu: « un tel tapage pour ca ?! » C’est dehors que c’était le plus bizarre avec devant le théâtre les contre-manifestants et un peu plus loin des gens en prière . D’ailleurs quatre fois moins nombreux, sauf d’après Civitas qui revendique sur son blog 300 personnes. Avec en prime un gros dispositif policier. Ils ont même décidé d’activer le plan vigipirate rouge, c’est-à-dire fouille au corps à l’entrée… Les CRS étaient là pour protéger les gauchistes contre des mecs qui prient, c’était plutôt inhabituel. A la relève il y en a un qui en avait tellement marre des chants religieux, qu’il est venu nous demander un doliprane.

    Civitas appelait à mettre la pression sur le Théâtre Garonne. Qu’ont-ils-fait ?

    On a reçu environ 20.000 e-mails, souvent reprenant le model fourni par Civitas. On a aussi reçu des menaces de mort envoyées par des allumés qui signaient « le diable ou le magicien ». Avec des phrases comme « le seigneur brulera les mains des blasphémateurs ou vous mourrez d’un cancer ». On nous a fait parvenir des lettres sur le même ton et des coups de fils de mecs manipulés qui ne savaient même pas vraiment pourquoi ils appelaient. On a aussi eu droit à un appel nous menaçant de nous faire vivre ce qui est arrivé à Charlie Hebdo. On a déposé une main courante et on attend la fin des représentations pour porter plainte.

    Le clip de “Défendons le Christ” contre Golgota Picnic

    On a aussi eu droit à un appel nous menaçant de nous faire vivre ce qui est arrivé à Charlie Hebdo

    La pièce est jouée jusqu’à dimanche, que craignez-vous pour les jours à venir ?

    Ils seront là tout les soirs, mais juste devant le théâtre puisqu’il n’y aura pas de contre-rassemblement. Au fond ça ça ne me gène pas. C’est leur liberté d’expression. Il faudra juste qu’ils coupent la sono. Samedi c’est la grosse manif. La police table sur un millier de manifestants. Ils font leur congrès annuel dans le coin. Le plus drôle c’est qu’il est consacré aux méfaits de la société de consommation, ce qui est justement le thème de la pièce. Ils devraient venir voir avant de s’exciter.

    Au fond, est-ce que ce n’est pas le rôle de l’art de susciter le débat ?

    Je n’ai pas d’opposition à ce qu’on présente face débat et même qu’il y ait des manifestations. Mais ce n’est pas la pièce qui fait polémique. Des gens déclarent l’anathème sans l’avoir vue de leurs propres yeux. Je peux même comprendre que certains puissent être choqués. Ce qui me chagrine c’est qu’un petit mouvement instrumentalise la foi à des fins politiques. On est à quelques mois des élections. Alain Escada le leader de Civitas qu’on sait proche de l’extrême-droite se met en position de négocier, sans doute avec le FN. En réalité ils ne pèsent rien. Civitas revendique 1.000 membres, on a plus d’abonnés !


    Stéphane Boitel avant que ses mains ne brûlent

    Alain Escada le leader de Civitas qu’on sait proche de l’extrême-droite se met en position de négocier, sans doute avec le FN

    Est-ce que ces événements vont influencer vos futurs choix de programmation ?

    Non, ni dans un sens ni dans l’autre. Le Théâtre Garonne se porte bien et nous refusons de nous faire de la pub là dessus. Cette liberté est un luxe. Hier soir, tous nos soutiens institutionnels étaient présents. Pour des petits théâtres, moins solides, le lobbying fait auprès de politiques plus perméables à leurs arguments peut mettre en péril le lieu. 

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