« Bonjour Tristesse, vous êtes bien dans le pays où vous dépensez plus de deux milliards d’euros par an pour nourrir des animaux domestiques qui ne vous ont rien demandé ! » C’est avec ce genre de punchlines que chaque semaine Matthieu a.k.a Bonjour Tristesse attaque ses chroniques vidéo. Le cul posé sur un fauteuil face caméra, il déverse un flow de commentaires acerbes sur l’actualité. Toute la classe politique en prend pour son grade, dans un langage aussi fleuri que le papier peint qui lui sert de décor. En quelques semaines à peine – la première vidéo a été postée le 26 février – il fait le tour du net. Aujourd’hui il totalise plus de 850.000 vues sur YouTube.
Même si sa gueule énervée ne vous dit pas grand-chose, Matthieu 27 ans, n’est pas un nouveau-venu dans le game. En 2010, il jouait dans le film « Donoma ». Un long métrage tourné avec 250 euros qui avait pas mal fait parler de lui. « En fait ça n’avait rien coûté, mais ça faisait une bonne formule pour les médias », balance l’intéressé. Le film tape dans l’œil de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID), qui les a invités au festival de Cannes.
L’aventure « Donoma » durera plus d’un an. Toute l’équipe part en bus faire le tour de France, pour accompagner les avant-premières. De retour dans sa banlieue parisienne, Matthieu reprend son job à temps-partiel dans une boutique. Le reste du temps il écrit et joue dans des courts-métrages et donne un coup de main dans la boîte de prod’ fondée par la bande de « Donoma ».
Pourquoi tu buzzes ?
Je pense que je suis un exutoire. Les gens partagent mon ras-le-bol de la classe politique et de la complaisance des médias. Après avoir regardé la vidéo, ils ont un peu l’impression d’avoir crié eux-mêmes. Mais ce buzz a été une surprise pour moi. Si j’ai fait « Bonjour Tristesse », c’était d’abord pour travailler mon jeu et mon écriture. D’ailleurs quand ça a commencé à buzzer, j’ai failli retirer les vidéos.
Plus de 850.000 vues sur YouTube, tu dois commencer à palper, non ?
Même pas ! Je n’ai activé l’option qui permet de monétiser les vidéos qu’aux alentours de 800.000 vues et pourtant ça ne demande que 5 clics. Les démarches administratives ce n’est pas trop mon truc…
Tu as été contacté par des chaînes de TV ?
Oui, mais il paraît que ça ne se fait pas de dire qui. Je ne suis pas sûr d’avoir envie que ce projet se retrouve à la télévision et serve d’alibi à une chaîne : « voyez on a un espace de liberté ». Ça ne veut pas dire que je ne travaillerais jamais pour une TV. On verra. J’ai aussi été contacté par des « développeurs d’audience ». Je ne savais même pas que ce job existait. En gros ils t’aident à faire buzzer tes vidéos contre un pourcentage. Pour l’instant je n’ai signé avec personne, je préfère prendre mon temps.
Et la suite ?
Si je ne veux pas tourner en rond, il va falloir faire évoluer « Bonjour Tristesse ». Pourquoi pas des happenings ? Bonjour Tristesse à Pôle Emploi ou à la RATP… En dehors de ça, je travaille sur l’écriture de programmes courts et de fictions. Je veux prendre le temps de trouver des projets artistiques intéressants plutôt que de sauter sur la première opportunité. Sinon, je fais une apparition dans « Faire l’amour », le prochain film de Djinn Carrénard (le réal de « Donoma », ndlr) qui sort à la fin de l’année.
Tu es assis sur un fauteuil à hurler ta haine des politiques. Tu n’as pas peur qu’on te confonde avec Alain Soral ?
Non, moi je ne suis fait que d’amour et de tolérance !
Video – Sinon, ça donne ça
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