Côté pile, Patrick Prunier, quadra aux cheveux ras et épaules larges est CRS dans la région de Troyes. Côté face, il est Mister 2XP, rappeur de « la génération NTM ». Contacté par StreetPress, le rappeur-CRS prévient : « ne comptez pas sur moi pour casser la police, je veux parler musique avant tout. »
Punchlines L’artiste à la voix chaleureuse vit sa passion de manière décomplexée : certains de ses tracks rendent hommage à son crew… la police. Et déjà dans son premier EP, il posait un son étendard « police représente » avec des punchlines comme :
« Retour en force du flic le plus populaire, fervent défenseur de la raison policière. »
Le CRS touche à tout du rap-game a aussi lancé « la première marque française de sportswear pro-police », la griffe 17 Da Soud of da Police. Aujourd’hui il revient dans les bacs – et sur le net – avec une deuxième livraison. Au programme toujours un retour sur son vécu en uniforme mais aussi quelques sons « plus marrants » comme Frimeur, sur une instru groovie :
« J’aime quand il y a une vraie mélodie avec des voix féminines et que ce n’est pas trop linéaire. J’ai été marqué par IAM et L’école du Micro d’Argent, Alliance Ethnik et son leader K-Mel aussi. »
Clip – La flamme, par Mister 2XP & Toti feat. Lyze Beyer
Le rap… mais pourquoi ?
J’ai fait de la musique bien avant de devenir fonctionnaire de police ! J’ai commencé à 15 ans avec la radio libre Radio des poumons , ça ne s’invente pas ! Je faisais des playlists : funk, new wave, hard rock, soul, techno… Il y avait une créativité énorme dans les années 80. Puis j’ai continué sur Radio Campus. Et j’ai sorti mon premier EP en 1999. Ca s’appellait « À Tous Mes Potes Du Ministère ». Le magazine hip hop L’Affiche m’avait consacré un article à l’époque !
Et donc tu es un CRS qui fait du rap ?
Oui, mais je n’essaie pas d’être concept en jouant la carte du CRS qui fait du rap. Parce que des policiers qui jouent de la musique, il y en a beaucoup ! J’écris aussi des textes funs et marrants, comme Frimeur ou J’matte qui raconte la soirée d’un dragueur en boîte. Je veux apporter du bonheur aux gens !
Et le groove prend avec les collègues ?
Ils sont à 200% avec moi ! D’ailleurs, j’ai financé la sortie du CD 2 titres de La flamme grâce à un appel aux dons sur la cagnotte en ligne Leechi. Et les 500 exemplaires ont tous été vendus ! Pour mon entourage, c’était collector. J’ai même eu les encouragements du ministère de l’Intérieur qui soutient mon « Tournoi du souvenir », un tournoi de foot en hommage aux collègues décédés. Il faut dire que j’avais présenté mon projet à ma hiérarchie…
Et tu penses quoi du rap français actuel ?
Il y a de bons groupes, je pense notamment à Disiz La Peste ou à Orelsan qui a une belle écriture. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on est plus dans le buzz et le business que dans la qualité. Je suis peut-être trop rétrograde, mais je n’accroche pas à Kaaris ou MC Jean Gab’1, ni à Booba qui fait des rimes avec n’importe quoi. Ça manque de musicalité. Et puis ces rappeurs cherchent plutôt les clashs et la polémique. Moi je ne veux pas tomber là-dedans.
Ils sont trop provocs ?
Au-delà du côté provoc, certains renvoient l’image d’incultes qui ne savent pas parler. Quand tu fais une phrase, tu mets un sujet, un verbe conjugué et un complément d’objet direct ! Avoir un minimum d’éducation, c’est la base pour être crédible. Comme ils génèrent du fric, on leur passe tout. Idem dans le football, avec un joueur comme Franck Ribéry. Il palpe 800.000 euros par mois et il n’est pas capable de se payer un prof pour apprendre à s’exprimer ? Raí, qui est brésilien, maîtrisait mieux le français que Ribéry après un an passé dans l’équipe du PSG ! Les jeunes ne se rendent pas compte de tout ça.
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER