En ce moment

    11/09/2015

    À l’Olympic de Saint-Ouen, les habitués ne digèrent pas « l’abandon »

    Depuis le départ du Red Star, le bar en face du stade Bauer a le blues

    Par Tomas Statius

    À l’ombre du stade Bauer de Saint-Ouen, le bar l’Olympic vit depuis un siècle au rythme du Red Star. Depuis septembre, le club de foot audonien a déménagé à Beauvais. Le bistrot et ses habitués tirent la gueule.

    Il est 17h30 et à l’Olympic, le bar officiel du Red Star, une petite dizaine d’habitués suivent le Tour de France dans le coin télé. La plupart ont la cinquantaine bien tassée et sont installés derrière des tables décorées de petits napperons kitsch, bien accrochés à leurs demis. Au mur, des maillots de la Grande Époque du club audonien. Au-dessus du comptoir, des autocollants de la myriade d’associations de supporters qui peuple ses travées.

    Après la fin de l’étape, le bar se vide. Une atmosphère crépusculaire retombe sur le troquet centenaire. Au bar 2 hommes s’interrogent :

    « – Tu sais où joue le Red Star cette année ?
    - À Beauvais…»

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/olympic-saint-ouen-bauer.jpg

    De l'autre côté de la rue Bauer / Crédits : Tomas Statius

    Déménagement forcé

    Le Red Star version 2015-2016, ce sera sans Bauer. Depuis la montée en L2, le club phare de l’extrême gauche est contraint de s’installer en Picardie, à 70 km de son écrin historique. Et du côté de l’Olympic, qui vit à l’ombre de celui qu’on surnommait dans le temps le « Stade de Paris », la pilule est plutôt dure à avaler.

    « C’est le deuxième stade qui a été construit en France. Dans le temps du grand Red Star, c’était grandiose. Pour leur montée en L2 (lors du match Red Star – Amiens, ndlr), il y avait beaucoup de monde ici », se souvient Monsieur Saada, le patron.

    Il y a 20 ans, ce petit monsieur au crâne dégarni a racheté l’Olympic. Depuis on le retrouve tous les jours derrière le comptoir, accompagné de ses 2 neveux. Aujourd’hui sans la présence bienveillante du club, de l’autre côté de la rue du Docteur Bauer, il semble un peu perdu.

    Sans Bauer, ce sera sans eux

    Accoudé au zinc, Benaidi Arezki renchérit :

    « Ce club, il a 100 ans. Ce n’est pas le PSG. Ici on contemple un petit bout d’histoire »

    À 53 ans, cet habitué de l’Olympic et fan du Red Star, qui arbore une chemise jaune poussin et un sourire de vieux beau, vit le départ du club comme une véritable trahison. Et comme les autres supporters, il n’ira pas à Beauvais suivre son équipe de cœur :

    « Partir à 4 / 5 en voiture, ça ne m’intéresse pas. Sans Bauer, l’esprit collectif est perdu. »

    Manque à gagner

    Sans le Red Star, l’Olympic est renvoyé à son quotidien de bar de quartier. Réceptacle des petites histoires, points de rencontre des habitants du coin. « C’est un village ici, tout le monde se connait », explique le maitre des lieux. Mais pour Monsieur Saada, le départ du club fondé en 1897 par Jules Rimet, c’est aussi un manque à gagner :

    « Bien sûr que c’est moins d’activité pour tout le monde ! La foule que l’on pouvait voir les soirs de match, elle n’est plus là. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/bauer-poster.jpg

    « Ce club, il a 100 ans. Ce n’est pas le PSG. Ici on contemple un petit bout d’histoire » / Crédits : Tomas Statius

    Il poursuit :

    « Les supporters passent de temps en temps pour voir Bauer. Mais le coeur n’y est plus. »

    « À Saint-Ouen, on est laissé à l’abandon »

    Pour le boss de l’Olympic, le coupable de ce coup de poignard est tout trouvé :

    « Sur ce coup-là, j’ai l’impression que la mairie n’a pas fait le job »

    À l’Olympic, beaucoup d’habitués ont l’impression désagréable que l’avenir du club se fera sans eux. Surtout avec le projet de Patrice Haddad, le président du Red Star, d’installer l’équipe dans un stade tout neuf sur les bords de Seine. « De toute façon à Saint-Ouen, on est laissé à l’abandon », ajoute le patron du bar, résigné.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER