En ce moment

    17/09/2015

    En couv le logo du ministère, dedans le programme du medef

    La drôle de brochure distribuée aux profs d’éco

    Par Tomas Statius

    Pour la rentrée, les enseignants de SES ont reçu une brochure dénonçant le système éducatif comme ennemi de l’emploi, et prônant l’abrogation du SMIC, « cette vache sacrée qu’il devient urgent de contourner ». Les profs voient rouge.

    C’est un petit fascicule de 4 pages siglé du logo du Ministère de l’Education Nationale. Il a été distribué aux profs d’éco des lycées pour la rentrée 2015. Et son contenu est plutôt gratiné. Entre une tribune prônant l’abrogation du SMIC et un article expliquant que « Les Français sont favorables à un assouplissement du travail », on peut lire une interview de l’économiste néo-libéral Pierre Cahuc :

    « Les réglementations inadaptées, les taxes trop élevées, les administrations inefficaces, ainsi que les mauvaises relations sociales et le système éducatif. Tous ces éléments sont potentiellement des ennemis de l’emploi. »

    Cette jolie surprise, on la doit à l’Institut de l’Entreprise, un think tank proche du MEDEF. Le 25 août, l’organisme partenaire du ministère de l’Éducation Nationale a dévoilé ActuEco, cette brochure pédagogique éditée en collaboration avec les Echos. Le but de ce mini-journal d’actualité économique ? « Ouvrir et alimenter le débat en classe. »

    Les profs montent au créneau

    Les réactions ne se font pas attendre. Erwan Le Nader, le président de l’asso’ des profs de SES, était absent lors de la présentation d’ActuEco. Quand une collègue l’appelle pour lui annoncer la nouvelle, il a failli tomber de sa chaise :

    « Quand j’ai lu les titres du magazine, je suis tombé des nues. »

    Deux jours plus tard, ce prof au lycée Gutenberg de Créteil prend la plume pour alerter ses confrères et publie un texte sur le site de l’APSES. Contacté par StreetPress, il fait l’historique du partenariat entre l’Institut de l’Entreprise et la Rue de Grenelle :

    « Cela fait 10 ans que le partenariat existe. Aujourd’hui, l’Institut de l’Entreprise organise des stages pour les profs dans des grosses boites. Ils ont aussi lancé Melchior, une site de ressources pédagogiques pour les étudiants. C’est un vrai problème qu’un lobby comme celui-là soit partie prenante dans l’enseignement des Sciences Économiques et Sociales »

    C’est la faute des stagiaires

    Depuis 10 jours, face à la grogne des enseignants, le ministère de l’Éducation Nationale fait profil bas. Sur Twitter, les équipes de Najat Belkacem ont même expliqué n’avoir jamais été en contact avec l’Institut de l’Entreprise pour un projet de ce type. Joint par StreetPress, le service presse s’efforce de dégonfler la polémique :

    « Il n’a jamais été question que le logo du Ministère apparaisse sur ce feuillet distribué uniquement pour le séminaire Enseignant / Entreprise. De plus, il n’a jamais été prévu dans notre partenariat des productions communes de ce type. Ils nous ont contacté suite à cette méprise et se sont même excusés publiquement. »

    Du côté de l’Institut de l’entreprise, on invoque une maladresse. « Le logo du ministère n’avait rien à faire sur ce qui était un document de travail. Nous n’avons jamais eu l’intention de monter un journal avec le ministère et un organe de presse », nous explique-t-on à l’autre bout du fil.

    Et d’ajouter quand on interroge sur l’origine de ce cafouillage :

    « Entre juillet et début août, il n’y avait pas d’attachés de presse chez nous. C’est un stagiaire qui a fait l’erreur. »

    Le stagiaire à bon dos…

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER