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    14/10/2015

    Ses tatouages et sa collec’ de canettes touchées par ses idoles

    Djamel aka Daftworld, fan hardcore de Daft Punk

    Par Anna Bochu

    Djamel aka Daftworld est le plus grand fan autoproclamé de Daft Punk. Il reçoit StreetPress dans son pavillon normand et raconte sa vie de fan hardcore : sa rencontre avec le duo masqué, son clash avec Kavinsky et son régime.

    2003 – Avant-première d’Interstella 5555, le film d’animation muet dont la bande-son est le 2ème album des Daft Punk :

    « Pour me faire remarquer, j’ai voulu sortir le grand jeu : je me suis peint le corps en bleu et je portais mon plus beau tee-shirt des Daft. A la sortie du film, j’étais en train de chaparder une affiche dans un couloir lorsqu’ils sont arrivés. Je me suis alors retourné et ça a été le choc. »

    Emu, le jeune homme se met à genoux et leur déclare son adoration pendant que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo se marrent en voyant son accoutrement. « Je crois que ça les a touché. »

    Casquette Daft Punk vissée sur la tête, Nike Air aux pieds, Daftworld nous ouvre la porte de son pavillon de Haute-Normandie. Le fan aux 256.000 suiveurs sur Facebook est aussi un jeune père au foyer de 31 ans qui fait attention à son intérieur :

    « Vous pouvez enlever vos chaussures. Je vous prêterai mes claquettes si on va sur la terrasse. »

    Fan number one

    La première fois qu’il tombe sur le clip de One More Time de Daft Punk, Djamel, 17 ans à peine, est en pause déj’ dans le MacDo où il travaille. Il tue le temps en matant une télé branchée sur MCM. A partir de ce jour de 2001, il voudra tout savoir de ce groupe pour lequel il vient de tomber en émoi.

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    Une partie de la jolie collection de Daftworld... / Crédits : Daftworld

    Aujourd’hui il est, selon lui, l’un des rares à se déplacer pour les apercevoir. Il serait le premier à s’être fait tatouer le nom de ses idoles sur l’épaule droite. Et surtout, il a tous les produits dérivés – sauf le dernier né, un skate, « beaucoup trop cher », selon lui.

    « C’est très valorisant de collectionner, c’est le stade au-dessus du simple fan qui n’achète pas. Si je n’avais pas été fan de Daft Punk, fatalement, j’aurais été fan d’autre chose. »

    Son objet le plus insolite ? « C’est un peu ce qui a fait ma légende. » Il montre deux canettes de Coca poussiéreuses dans lesquelles Guy-Man’ et Thomas auraient bu lorsqu’ils enregistraient une émission pour Radio FG. Le jeune homme s’est fait traiter de psychopathe quand il les a exhibées sur les forums, mais qu’importe, ce sont ses reliques. La légende de Daftworld, l’homme aux 3,7 millions de vues sur Dailymotion, est aussi alimentée par ces critiques, qu’il semble prendre au second degré.

    Mise en scène


    Vidéo – Unboxing

    Des objets les plus inutiles – yoyo, frisbee – aux plus chers – quatre grandes figurines de la marque Artoyz et une table basse qui s’allume – Daftworld met en scène leur déballage lorsqu’il les reçoit : De courtes vidéos d’ « unboxing » où il partage avec d’autres sa joie d’acquérir un nouveau joujou. Depuis 2005, il alimente également un blog dans lequel il pastiche des articles de presse sur l’actualité du groupe et balance joyeusement des intox dans l’espoir de susciter l’émotion.

    « Ca m’amuse de relayer des fakes ou de les créer moi-même. Je trouve que cela fait partie de l’univers des Daft : les fans se sont appropriés leur nom et leur histoire. »

    Djamel nous fait asseoir sur sa terrasse et nous sert à boire. Discret, il sait aussi rire aux éclats quand il raconte ses autres rencontres avec le groupe. A force de persévérance, il réussit à entrer dans les plus grands clubs de Paname et à intégrer des soirées en backstage de ses idoles. Pas facile, quand on n’a « pas une tête qui porte chance ». D’origine maghrébine, Djamel était aussi obèse.

    Preuves de ce passé de groupie, de vieilles photographies qu’il montre volontiers sur son ordinateur. Lui et Justice ou lui et Guy-Man’, qui tente désespérément de se cacher le visage avec le revers de son blouson pour préserver le secret de son identité. « J’ai changé ! », s’exclame-t-il entre deux gorgées de thé glacé. En 2013, il se fait opérer d’une malformation cardiaque et décide de prendre sa santé à bras le corps. Il perd 60 kg en deux ans. Une transformation qu’il met en scène sur la toile, à coup de photos avant / après.

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    Djamel a perdu 60 kg en deux ans / Crédits : Daftworld

    Les petites embrouilles de Daftworld

    A l’entendre, on pourrait croire qu’il fait partie du sérail du petit monde de l’électro parisienne. Mais un fan ça dérange autant que ça sert à faire de la publicité. Et la course au buzz de Djamel tape parfois sur les nerfs de ses deux modèles et de leurs potes. En témoignent certaines frictions entre lui et le groupe lorsqu’il poste des photos d’eux à visage découvert ou quand il balance un son du nouvel album de Kavinsky en 2013 alors que celui-ci n’est pas encore sorti.

    Lorsqu’on l’interroge sur sa présence dans les médias, il répond que ce ne devrait pas être son rôle. Que si c’était à refaire, il imiterait au mieux Daft Punk en cachant son identité. Il avoue pourtant que cette reconnaissance lui fait du bien et demeure toujours aussi actif sur la toile : il a tweeté 73 fois le 29 septembre, 28 fois le 30. Djamel semble néanmoins s’être calmé sur l’achat de disques et autres produits dérivés. « J’ai d’autres choses à payer, maintenant », affirme-t-il en montrant du doigt sa maison récemment construite.

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    Dans son pavillon de Haute-Normandie, une salle est consacrée à sa collection Daft Punk / Crédits : Daftwolrd

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