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    14/03/2016

    La légende de l'underground ouvre la malle à souvenirs

    Marc-Aurèle Vecchione, graffeur, antifa et réalisateur de docus cultes

    Par Tomas Statius , Denis Meyer

    Au lendemain des attentats, Marc-Aurèle Vecchione peint avec des potes de la Grim Team la fresque « Fluctuat Nec Mergitur ». Dans l'underground, il est aussi connu pour ses graffitis que pour ses docus cultes Writers et Antifa, chasseur de skins.

    Paris, place de la République – Au lendemain des attentats, la Grim Team sort les bombes et peint une énorme fresque « Fluctuat Nec Mergitur ». Elle devient un symbole de résistance et l’image tourne en boucle dans les médias. Le grand public découvre le bagou d’Orel, graffeur quadragénaire et légende des milieux altenatifs. Le titi parisien est reconnu de Détroit à Bogota pour ses graffitis mais aussi pour les docus Antifa, Chasseur de Skins (2008) et Writers (2004), LE docu sur le graffiti parisien.

    Pour une séance photo improvisée, Marc-Aurèle Vecchione de son vrai nom, cherche à accéder au toit de l’immeuble où il a installé les bureaux de sa boite de prod, Résistance Films :

    « Avant je grimpais comme un singe mais maintenant, j’ai le vertige. »

    Il prend la pose, adossé à une cheminée. Bonnet calé sur le crâne, blouson siglé du logo du Grim Team sur le dos. Pour StreetPress, Orel ouvre la boîte à souvenirs : son enfance Gare d’Austerlitz, ses bastons contre les skinheads d’extrême droite, ses nuits blanches à graffer le métro parisien et ses souvenirs de tournages. Action !

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    Un Perrier et un magnéto / Crédits : Denis Meyer

    C’était quoi l’ambiance à Paris quand t’étais ado ?

    On sortait des 70s, en pleine période rock’n‘roll, le rap venait d’arriver en France. De mon côté, j’ai plutôt grandi en écoutant de la funk. Par contre, comme tout le monde, j’allais aux concerts de rock et de punk. C’était là où tu trouvais des meufs et où tu pouvais faire la fête.

    A l’époque, le sud de Paris, avec Les Halles, c’est là où tu trouvais le plus de skins et de chasseurs de skins. Tous les lycéens s’en rappellent et d’ailleurs c’est eux qui ont sorti la terminologie “chasseur de skins”. Ce truc-là, c’était présent à la sortie du bahut. Vers 12-13 ans, j’ai commencé à traîner au Troca et sur la dalle de Montparnasse avec ma bande de rollerman. Là-bas, il y avait des chasseurs, les Yankees, qui sont affiliés aux Ducky Boys. C’était une bande vraiment connue à l’époque. C’est comme ça que j’ai rencontré toute l’équipe.

    Tu as eu affaire à des skins à cette époque ?

    Il faut savoir qu’à l’époque, il fallait assumer ton look. Tout le monde pouvait venir te tester, même quelqu’un qui était du même camp que toi. Paris c’était une vraie piscine de piranhas.

    (img) La dernière bande d’Orel : les GT 58973_10151661914087317_1252195613_n_1.jpg

    Je me souviens, une fois, j’étais avec 2 / 3 autres chasseurs. On s’est pointés à un concert à la Mutualité où il y avait Batskin [Serge Ayoub, skinhead nationaliste, ndlr] et au moins 50 de ses potes. On s’est retrouvés à 4 petits gringalets. On n’en menait pas large.

    Vous avez fait quoi ? Vous êtes restés en place ?

    Non. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces mecs étaient beaucoup plus vieux que nous. La réalité dans ces cas-là, c’est que tu fermes ta gueule et t’attends le moment où tu vas pouvoir t’arracher. Finalement on a même pas pu rentrer dans la salle de concert. Ils ont fait un mur en haut des escaliers de la Mutualité et ils nous ont dit : “Mais qu’est-ce que vous venez faire là ? Faites demi-tour, immédiatement”.

    Quelle a été la baston la plus violente à laquelle tu as assisté ?

    Celle de boulevard Raspail, c’était une belle baston. Avec des Yankees et des Ducky Boys, on arrive dans une salle de concert. A l’intérieur, il y a toute une bande de ne-ski avec leurs meufs en train de tirer des Sieg Heil à tire larigot. Quand on rentre, c’est le malaise, on se regardait en chiens de faïence. On finit par sortir pour démonter un échafaudage… Je te laisse imaginer la suite. C’est vraiment parti de travers. Moi j’étais la mascotte des Yankees : je suis resté en retrait.

    Pourquoi tu t’es éloigné de ce mouvement ?

    Parce qu’à un moment, je me suis rendu compte que je n’étais pas taillé pour cette vie là. Je sais me défendre et j’ai eu à le faire plusieurs fois. Mais dans cette histoire, il y a eu un point de bascule où la violence a dépassé les limites. La baston de Quai de la Gare est un bon exemple. C’est une baston très violente, entre les JNR [les jeunesses nationalistes révolutionnaires, ndlr.] et un groupe d’antifas. Il y a eu des blessés graves, une enquête de police.

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    Orel jusque sur la peau / Crédits : Denis Meyer

    Qu’est ce qui t’as plu dans le graffiti ?

    La liberté ! Vivre sans argent, sans contrainte. A l’époque, on volait toute la journée et le soir on allait peindre. Puis le geste en lui-même : mettre ton nom avec la meilleure écriture sur le support le plus abusé possible.

    Je découvre le graffiti en 3e. A cette époque, il existe déjà en Europe chez les punks. Je choisis le nom Orel et je rejoins la bande des SAS, puis je crée ma propre équipe, AEC [les Artistes en cavale, ndlr]. Rapidement, je me suis concentré sur les métros et particulièrement les tunnels de métro. C’est ce que je préférais et c’est ce pour quoi je suis connu. J’aimais l’ambiance électrique. Quand tu rentres dans un dépôt, tu sais que tu es en train de braver un interdit. Au final, le graffiti ce n’est que ça : une recherche d’aventure. Il y a un siècle tu prenais un bateau pour partir à la découverte de pays. Nous, on est des gamins des villes, on a dû trouver autre chose.

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    1990s, 2012, 1990s / Crédits : DR

    C’est aussi un milieu assez violent…

    Le graffiti est lié à la rue, donc oui, certains graffeurs y amènent un bagage “street”. Dans le milieu, il y a toujours eu des mecs plus connus pour la bagarre que pour leur style. Si t’étais pas en place, il y avait des crews sur lesquels il ne fallait pas tomber. Mais ce ne sont pas ces mecs-là qui ont fait avancer le graffiti.

    A l’époque tu as eu des problèmes avec la justice ?

    Ouais, je me suis fait serré 3 mois après qu’“Oeno”:http://www.street-tease.com/revues/50-jr-ewing-thug-life.html, Chaze et Gary aient graffé la station Louvre en 1991. Moi je n’y étais pas. Ce soir-là, c’était la première rave à la Défense, organisée par Pat Cash. J’ai retrouvé Chaze, Oeno et Gary et plein d’autres à Palais Royal avant qu’ils aillent peindre. J’étais sous acide, donc pas trop chaud pour aller graffer. Le lendemain, les images de la station étaient sur tous les JTs.

    Quand Chaze et Oeno se font choper, la mère de Chaze m’appelle et me dit : “Marco il faut que tu caches tout chez toi, les flics ont beaucoup parlé de toi”. Quand Oeno sort de Fleury 15 jours plus tard, il me dit la même chose. Après les grandes vacances, les flics tapent perquis’ chez moi et mon acolyte Slice mais on avait prévu le coup. C’est à cette époque que la police crée la brigade pour le graffiti. Son premier commissaire s’appelait Migaud. C’était un mec qui venait de l’anti terrorisme, il venait d’arrêter le dernier mec de la Bande à Baader !

    Tu dois avoir des histoires marrantes de cette période-là…

    (img) Orel et les GT dans les 00’s orel_gt_1990.png

    Plein mais il y en a 2 que je raconte souvent. Un jour on était à Picpus avec Seyo, Slice, Nash, et d’autres. Pour pouvoir peindre un peu plus haut dans le tunnel, je monte sur le 3e rail et je me rattrape à une poignée en hauteur. Je prends un gros coup de jus qui me fait faire un bond en arrière. Mon corps a été propulsé ! Mes potes me l’ont souvent raconté cette anecdote parce que quand je suis tombé par terre, j’étais mort de rire. C’était un rire nerveux, comme une sorte de spasme.

    Avec Slice et Seyo toujours, une autre fois on était à Porte d’Orléans. Les flics sont arrivés, on s’est fait courser. Moi je me suis réfugié sur le toit d’un métro. Les flics ne m’ont pas trouvé. Quand je suis sorti du tunnel par une petite trappe, je suis tombé nez à nez avec une dame qui se promenait sur le boulevard Jourdan avec son gamin… Elle a fait un bond de côté quand elle m’a vu. J’ai pas compris sur le coup mais elle a eu peur parce que j’étais recouvert de suie !

    Quand la Grim Team (GT), ton crew phare, a été crée ?

    (repitw) En 1997. A l’époque, GT ça voulait dire Gangbang Tonight. C’était plutôt un délire de soirées, lancé par notre pote Stephen, le chanteur du groupe de hardcore KickBack. Grim Team, c’est la continuation d’une bande qui s’appelait Underground Kings (UK) que j’avais crée avec Oeno et Smoker. Comme dans le cas d’UK, sa vocation est de réunir des gens de groupes différents mais qui ont un truc en commun : les métros. Puis le collectif s’est fait connaître dans un second temps pour la qualité de ses peintures en terrain.

    Avec des membres de la Grim Team, vous avez peint un graffiti Fluctuat Nec Mergitur sur la place de la République. Comment ça s’est passé ?

    Le lendemain des attentats, mon fils a pris un de mes tatouages en photo : le blason de Paris que j’ai sur l’épaule droite. On s’est fait ce tattoo avec une dizaine de potes. En plus, j’écrivais souvent cette devise en bas de mes graffs. Alors que je mettais la photo sur Instagram, j’ai eu une sorte d’élan. J’ai eu envie d’être dans ma ville. J’ai pris quelques bombes, mon vélo et je suis parti place de la République. Sur la route j’ai appelé quelque potes. Certains étaient chauds, d’autres m’ont déconseillé d’y aller vu le nombre de flics. Ça m’a un peu excité, on retrouvait le côté interdit du graffiti.

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    Le graffiti Fluctuat Nec Mergitur d'Orel et ses potes a fait le tour du monde / Crédits : CC

    Sur la place de la République, quand on peignait, toutes les personnes de plus 40 ans venaient nous embrasser. Instantanément, ils comprenaient le sens de la devise dans ce contexte. Par contre, les gamins ne pigeaient pas. Plusieurs sont venus nous voir en demandant : “Mais putain pourquoi t’écris en Latin ? Qu’est ce qui te prend”. Quand on leur expliquait ce que ça voulait dire, les visages s’illuminaient. Y’a de quoi être fier de cette devise.

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    Work in progress / Crédits : Matthieu Bidan

    Comment tu tournes ton premier docu ?

    Quand j’ai fini le gros de ma période graffiti, j’ai commencé des études d’architecture. Alors que j’étais à l’école, je bossais en tant que monteur. A l’époque, j’ai fait pas mal de clips pour Assassin, Hardcore d’Ideal J et d’autres. Puis je me suis intéressé au docu.

    Writers, c’est mon premier film. Je l’ai commencé en 2000, je l’ai fini en 2003 et il est sorti en 2004. Ça me paraissait naturel de commencer par un sujet qui me tenait à cœur. Le graffiti c’est le milieu dans lequel j’ai le plus œuvré et d’un point de vue simple et technique, j’avais déjà recueilli pas mal de documents : des photos, des vidéos…

    Comment s’est passé le tournage ?

    (img) Orel, Babs et Rap pendant le tournage de Writers art.jpg

    C’était juste au moment du procès de Versailles [plus grand procès du graffiti parisien qui a réuni 51 graffeurs poursuivis par la RATP et la SNCF de 2001 à 2012, ndlr]. A l’époque c’était chaud, beaucoup de graffeurs s’étaient fait chopés et j’avais besoin d’images pour illustrer les dernières années du film. Je suis souvent parti en session, notamment avec les UV TPK [collectif phare de graffiti, encore actif aujourd’hui, ndlr]. J’aimais bien leur esprit ! Dans le graffiti vandale, il y a 2 écoles : ceux qui sont en stress quand ils vont peindre et qui aiment entretenir ce stress. Eux, ils sont plutôt de la deuxième école, plus détente. Leur côté street leur donne une certaine aisance…

    Vu ton passé et le sujet, tu ne craignais pas la police ?

    Si, c’était un vrai risque ! Je travaillais un peu en me cachant. Je n’avais pas les disques durs chez moi par exemple. Quand j’ai mis le trailer en ligne, j’ai reçu des courriers de la RATP et de la SNCF qui me menaçaient de procès si je sortais le film. Un mois avant que je reçoive ces courriers, Olivier Jacquet, le rédacteur en chef de Graff It s’était pris une perquisition parce qu’il avait pris des photos de train. Il avait fait appel à un avocat adorable qui s’appelle Emmanuel Moyne. Il l’avait hyper bien défendu. Quand ils ont vu que c’était lui qui me défendait, les plaintes ont été levées.

    Pourquoi t’es tu ensuite lancé sur le docu Antifa ?

    Ce qui m’intéressait dans Antifa, c’était de raconter une histoire à des jeunes des classes populaires de Paris et de sa banlieue. Quand le film est sorti, on voyait se construire les contours d’une nouvelle société où les communautés prenaient de plus en plus de place. Ce qui m’intéressait avec les chasseurs, c’est qu’à ce moment précis des années 1980, il s’est passé un vrai truc dans la rue. Pour moi, la phrase la plus importante du film, c’est Domino des Ruddy Fox qui la dit : “Bourgeois, prolo, noir, rebeu, On était tous des frères”. J’ai fait le film rien que pour cette phrase.

    Quelle a été la réaction au moment de sa sortie ?

    J’ai eu beaucoup plus de presse pour Writers que pour Antifa mais Antifa a eu un énorme impact à l’international. Il a été traduit en 12 langues. De Détroit à Los Angeles, j’ai rencontré des mecs qui connaissaient le film. En Russie, ça a fait un tabac, en Espagne, en Italie… partout. Writers a principalement touché l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis. Mais le graffiti est une communauté moins importante que la communauté rock. Pour Antifa, le monde entier m’a écrit. De Bogota à Santiago du Chili, c’était fou.

    En fait, les antifas ont adoré. Sur Antifa, on n’est pas dans les règles du documentaire. Y’a une thèse, y’a pas d’antithèse. Je défends les antifas un point c’est tout. Ça me paraissait plus intéressant de faire ça au moment où je l’ai fait. Notamment parce qu’on parlait beaucoup de ceux qu’il y avait en face. Et pas d’eux.

    Quel lien tu fais entre les différents films que tu as pu faire ?

    (img) Orel se la joue JCVD denismeyer_2016-03-4279.jpg

    Dans mes films je parle toujours de Paris, de choses pour lesquelles la capitale est connue. C’est toujours ça mon angle. J’ai fait la série Bboy pour Arte Creative parce que les Bboys Français comme Allemands ont relevé le niveau de cette discipline. Même chose pour le graffiti : quand Henry Chalfant arrive à Paris, il hallucine et donne les plus belles photos de son livre Spraycan Art au graffiti français. Pareil pour Antifa : Il y a eu quelque groupes punk en Angleterre qui se sont battus mais pas de mouvement comme ce qui s’est passé en France.

    En 2013, j’ai fait un film sur les catacombes qui s’appelle Underground Kontrol. Là encore, l’exploration urbaine est une spécificité française. On a le plus grand réseau souterrain du monde et on est les premiers à avoir développé cette culture depuis 1890.

    Et le tatouage dans cette histoire ?

    Après Writers et Antifa, malgré moi je me suis un peu spécialisé dans tout ce qui touche aux cultures underground qui se transforment et pénètrent la culture populaire, c’est un procédé d’analyse que je maîtrise plutôt bien.

    Tous Tatoués, ça a été un hyper bon souvenir. J’ai pu partir un peu partout dans le monde. Le sujet nécessitait ça dans la mesure où la propagation du tattoo partait des pays anglo-saxons. La popularisation du tatouage s’est principalement faite à partir des USA, et plutôt de la Californie. C’est un sujet qui m’a toujours intéressé, notamment pour sa proximité avec le graffiti.

    Et toi t’étais tatoué à l’époque ?

    Non, j’ai été un peu réfractaire jusqu’à mes 30 ans. Depuis j’en fais un peu. Après le film, je me suis fabriqué des machines. Un jour, Chaze est arrivé chez moi il a fait : “Waoh t’as fait des machines trop dingues”. Je lui ai dit : “Arrête, j’ai jamais fait de tattoo”… Donc je lui ai fait un GT et il m’a fait un GT.

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    Ultra parisien / Crédits : Denis Meyer

    Quels sont les projets sur lesquels tu bosses en ce moment ?

    Début avril, je sors une série documentaire sur les street photographes qui ont raconté les tribus urbaines des années 1950 jusqu’à aujourd’hui. Puis je devrais sortir mon premier long-métrage de fiction. C’est l’histoire d’un jeune graffeur qui va être pris dans des déboires avec la justice. C’est le parcours classique d’un mec du graffiti, qui arrive au sommet de son art et qui va se faire couper les pieds. C’est un peu la vraie couronne d’un graffeur : si la police s’occupe de toi, c’est que tu as vraiment réussi.

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    Orel, sur les toits de Paname / Crédits : Denis Meyer

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