En ce moment

    31/10/2016

    Les militants pro-barrage sont toujours aussi méchants

    Agressées au couteau lors d'un hommage à Rémi Fraisse, 3 femmes portent plainte

    Par Lucas Chedeville

    L'hommage rendu à Sivens pour les 2 ans de la mort de Rémi Fraisse a viré au cauchemar pour 3 jeunes femmes agressées au couteau par un militant pro-barrage. Elles ont déposé plainte pour violences aggravées.

    Des coups de couteau et la visite d’un tractopelle : voilà ce qu’a récolté la petite centaine d’activistes qui s’étaient donné rendez-vous dimanche 23 octobre à Sivens. La journée en hommage à Rémi Fraisse, tué par une grenade de désencerclement il y a 2 ans sur la ZAD, a viré à la démonstration de force des militants pro-barrage.

    Si ce dimanche ensoleillé commence tranquillou par un pique-nique sur le parking de la Maison Forestière de Sivens, l’hommage pacifique part vite en vrille. « On avait lancé un appel local à se rassembler, pour montrer qu’on n’oublie pas et qu’on est toujours là » rembobine Hélène, militante présente ce jour-là. Après le déjeuner, le groupe descend à pieds vers la zone de l’ancien projet de barrage, où Rémi Fraisse avait trouvé la mort.

    Opinel et tractopelle

    Au bout d’un petit kilomètre de chemins de forêt, les activistes tombent nez à nez avec une vingtaine de militants pro-barrage, camionnettes en travers de la route et bras croisés, raconte Hélène. Parmi eux, une élue locale et un représentant du syndicat agricole FDSEA, tous les deux connus pour leurs positions en faveur du barrage de Sivens.

    Le ton monte entre les deux groupes : on joue des coudes, on s’insulte, quand d’un coup, un militant pro-barrage un peu plus énervé que les autres fait de grands mouvements circulaires avec son bras. Dans sa main : un Opinel, bien visible sur les captures d’écran de la vidéo prise sur le moment et que StreetPress a consultées. La lame du couteau atteint trois jeunes femmes. Les gendarmes interviennent finalement pour dissiper la foule. « C’est bizarre qu’ils soient intervenus si tard, ils étaient pas loin et ont dû tout voir », s’étonne Alain, un autre activiste de 75 ans.

    Quelques minutes plus tard, c’est un agriculteur au volant d’ un tractopelle qui déboule ! Sous les yeux des forces de l’ordre, le tractopelle roule et se rapproche des activistes. L’engin défonce la butte de terre qui bloque l’accès à la zone.

    Hélène raconte :

    « C’était complètement dingue ! Dans le même temps l’élue pro-barrage haranguait la foule à coup de “tous aux pelles, tous aux pelles !” on n’en revenait pas. »

    Les forces de l’ordre obligent le conducteur à arrêter sa machine, mais il reste à proximité de la zone, moteur qui tourne pendant la minute de silence à la mémoire de l’activiste décédé.

    3 Plaintes déposées

    La jeune femme la plus sévèrement touchée au ventre a été examinée par un médecin de l’hôpital d’Albi. Sur le certificat médical, que StreetPress a pu consulter, le médecin note une « agression à l’arme blanche sans lésions profondes ».

    Les trois femmes agressées ont déposé plainte pour « violences aggravées avec arme ». Une le jour-même à Albi, les deux autres le mercredi suivant à Tarbes. Selon Me Claire Dujardin, l’avocate des plaignantes, la gendarmerie de Gaillac aurait déjà entendu plusieurs témoins :

    « Avec les vidéos, l’agresseur peut-être facilement identifié. Pourtant il n’y a encore rien.»

    L’avocate, qui a déjà défendu la famille de Rémi Fraisse, confie à StreetPress avoir peur « qu’on laisse traîner l’affaire jusqu’à ce que les choses se tassent. »

    Ni la FDSEA ni la gendarmerie n’ont souhaité répondre aux questions de StreetPress.

    Crédit photo : MetroNews Toulouse / Flickr CC – Mobilisation contre le barrage de Sivens en septembre 2014

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER