Stalingrad, le 5 juin dernier – Jean-Luc Mélenchon en campagne se lance dans une longue énumération de plusieurs minutes :
« Salut les sans Rolex, les étourdis à la grenade, les nassés désencerclés, les larmoyants aux lacrymos […] Salut aux syndicalistes insultés par les médiacrates, Salut les t-shirts sans costards ! »
C’est cette tirade qui donne l’idée à Romain, aka Linguisticae sur Youtube , de se lancer dans l’analyse sémantique des paroles politiques.
Chaque candidat à la moulinette
Le 20 décembre, il publie une vidéo consacrée à Méluche. La première d’une série. Il cherche à « décrypter l’utilisation d’une figure rhétorique à travers une figure politique » :
« Ce qui m’intéresse, c’est la forme du discours plus que le fond. Je suis un mordu d’actualité politique, mais surtout de la communication qui gravite autour de ça. »
En évitant de prendre partie pour l’un ou l’autre :
« On me fait souvent le procès d’être subjectif, mais les gens de gauche pensent que je suis de droite et inversement. C’est que je fais du bon boulot. »
Depuis, il a passé au scalpel les discours de Dupont-Aignan et de Fillon, en attendant de faire tous les candidats à la présidentielle. Un travail laborieux qui nécessite des dizaines d’heures de visionnages de meetings, de discours et d’émissions politiques :
« Je suis en train de terminer l’émission sur Macron, et je dois dire qu’il m’a déçu. En termes de discours, de choix des mots et tout ça, ce n’est pas très développé. »
Passion linguistique
En un peu plus d’un mois, sa vidéo sur Mélenchon a dépassé les 65.000 vues. L’étudiant de 25 balais à la barbe bien fournie a un master de linguistique à l’université de Vienne en Autriche. Depuis gamin, il a développé une passion tenace pour l’analyse des mots et des figures grammaticales.
« J’ai commencé avec un blog quand j’étais étudiant, puis l’idée de monter une chaîne YouTube est venue. En fait, je voulais faire ce que je ne voyais pas sur la plateforme. »
Avec environ une émission par semaine, sur des thèmes aussi variés que « L’histoire des langues juives » ou « Pourquoi Google traduction est aussi nul », sa chaîne Youtube créée en 2014 cartonne, culminant à quelque 140.000 abonnés.
Pas de quoi lui amener beaucoup de revenus publicitaires. Alors le gus a lancé sa page Tipee , le site qui permet de donner un peu d’argent à son créateur de contenus préféré. Résultat, un peu plus de 650 euros récoltés par mois :
« Pour le moment, je n’arrive pas à en vivre pleinement, c’est un métier qui est compliqué. Surtout quand on fait de la linguistique. »
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
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