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    29/03/2017

    « Ils bougeront pas, les nouachs ! »

    Décès de Liu Shaoyo : un hommage sous les lacrymos

    Par Pierre Gautheron

    Ce mardi 28 mars, quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant le commissariat du 19e. Après plusieurs heures d’hommage pacifique à Liu Shaoyo, la manif s’est terminée sous les lacrymos.

    19 heures, Place Francis Poulenc – Une poignée de jeunes est assise à même le sol, face au comico. Ils ont passé la journée là, brandissant les banderoles barrées de leurs slogans :

    « La police tue »

    « Nous voulons la vérité »

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    Devant le commissariat, ils sont une petite dizaine à demander la vérité / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Ils ne sont pour l’instant que quelques dizaines de manifestants, entourés par les forces de l’ordre.

    La manif’ est bien organisée : les militants ont prévu packs d’eau, pains au chocolat et lait pour le ravitaillement. Un jeune, doudoune bleue et lunettes de vue, circule dans la foule et propose des masques de dentiste. La plupart s’en saisissent. « C’est pour les lacrymos », assure un jeune manifestant, tandis qu’à quelques mètres une dame d’un certain âge enfile le sien. Les manifestants sont venus en famille.

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    Pas très serein le syndicaliste / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    D’un coup, toutes les caméras se ruent vers un homme. Un policier, représentant de FO, est venu prendre la parole, face aux nombreux médias. Il demande de garder confiance en la justice. Après ces quelques déclarations policées, il repart précipitamment sous les hués et les menaces de certains.

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    De là, cette dame observe le rassemblement / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Bougies et hommages

    20 heures, plusieurs centaines de personnes occupent désormais la place. En plus des communautés asiatiques, des militants engagés contre les violences policières ont rejoint l’hommage. Lucie, 23 ans, lunettes noires sur le nez, explique :

    « Partout où la police exerce son pouvoir de manière disproportionnée, nous devons être présents. »

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    Des manifestants se recueillent devant le commissariat / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Debout face au cordon de police, un quadragénaire en costume beige allume une bougie. Progressivement, plusieurs dizaines de loupiottes éclairent la place pour rendre hommage à Liu Shaoyo.

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    Le ton monte / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    La tension monte

    La petite foule reste sur place. Par intermittence, un slogan monte :

    « Police, assassins ! Vérité ! Vérité ! »

    Des projectiles sont lancés vers les forces de l’ordre qui ne bougent pas le petit doigt. Des représentants des communautés asiatiques tentent de maintenir le calme. Les plus jeunes sont remontés. La veille, certains de leurs amis ont été interpellés et violentés lors d’affrontements avec la police.

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    En observation / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Quelques mètres plus loin, les militants libertaires constituent un black bloc. Ils lancent quelques « tout le monde déteste la police », sous le regard interloqué des familles.

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    Comme des Fuckdown / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Et ça dérape !

    23 heures 30, un feu d’artifice s’écrase sur les boucliers des CRS dans un fracas lumineux. La réponse est immédiate: les gazs lacrymogènes enfument la place. Les manifestants se dispersent dans la précipitation, sous le regard des caméras. Un CRS crie :

    « Reculez, reculez ! Vous voulez que je devienne violent ? »

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    Le bouquet final / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

    Certains s’engouffrent rue Manin. Ils tombent nez à nez avec la police et font demi-tour. La scène se répète plusieurs fois dans les artères adjacentes. La Bac cible un manifestant à dreadlocks. La poignée de policiers en uniformes le plaque violemment contre le mur d’un immeuble, tandis que des CRS protègent l’interpellation à coup de lacrymos. L’un d’eux hurle :

    « Ils bougeront pas, les nouachs ! »

    Au total, 10 personnes seront interpellées. 1 heure du mat’, la place a retrouvé son calme.

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    Plus personne dans la place / Crédits : Pierre Gautheron / Hans Lucas

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