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    10/10/2017

    « L’Europe collabore avec un dictateur »

    Après les révélations de StreetPress, 47 ONG demandent l’arrêt des expulsions de Soudanais

    Par Tomas Statius

    Pour cette cinquantaine d’ONG, la collaboration entre plusieurs Etats de l’Union Européenne dont la France, et le Soudan est un véritable « pacte avec le diable ». Elles demandent la fin du renvoi de réfugiés vers la dictature.

    « Lorsqu’il s’agit d’expulser des étrangers jugés indésirables, rien ne semble devoir arrêter l’Union européenne », écrit Migreurop dans un communiqué de presse publié ce lundi sur son site internet. Dans ce texte intitulé « Pactiser avec le diable ? L’Europe collabore avec un dictateur pour mieux expulser vers le Soudan », le collectif, qui rassemble une quarantaine d’associations travaillant sur les thématiques migratoires (dont la Cimade, le Secours Catholique, et le Gisti en France), alerte sur l’intensification des expulsions de Soudanais dans plusieurs pays européens. Et en demande l’arrêt immédiat.

    La communication fait suite aux révélations consécutives de StreetPress et du quotidien De Morgan sur la collaboration mise en place par la France et la Belgique avec la dictature soudanaise. Selon des informations du quotidien flamand, début octobre plusieurs officiels soudanais s’étaient rendus dans un camp de réfugiés en plein cœur de Bruxelles. Ces derniers étaient chargés d’identifier les exilés pour mieux les renvoyer dans leur pays.

    Le 2 octobre, StreetPress révélait de son côté, documents à l’appui, l’existence de liens nourris entre la police française et la police soudanaise. Depuis 2014, les pandores des deux pays échangent sur la meilleure manière de gérer le flux migratoire : comprenez renvoyer efficacement les réfugiés indésirables dans leur pays d’origine. Echange d’informations, utilisation de bases de données et, comme en Belgique, accueil d’une délégation du régime… Rien n’est laissé au hasard.

    Protocole de Khartoum

    Le texte rappelle également le contexte politique de ces mesures. Depuis 2014, et le processus de Khartoum, les gouvernements érythréens et soudanais « bénéficient de subsides pour retenir leur population et “sécuriser” leurs frontières », écrit ainsi Migreurop. Ces dispositions ont été renforcées par les accords de La Valette signés en 2015.

    Le collectif rappelle que plusieurs autres pays européens, tel que l’Allemagne, la Suède ou l’Italie, ont par le passé été épinglés pour leurs liens avec la dictature soudanaise.

    La Belgique vient d’être condamnée

    En Belgique le scandale soudanais continue à faire les gros titres. Vendredi 6 octobre, une avocate a obtenu l’annulation de deux vols en direction de Khartoum. Ce lundi, c’est l’Etat Belge qui a été condamné par le tribunal de première instance de Liège pour avoir organisé ces expulsions, selon la Libre Belgique. Impossible désormais pour lui d’expulser des Soudanais de son territoire. Ou de faire intervenir à nouveau cette mystérieuse délégation.

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